Eco Austral

Découvrez tous nos articles en illimité. Je m’abonne

Logo Eco Austral
n

Eco Austral

France/Réunion

30 000 tonnes de déchets manquent à l’appel dans le nord

L’instauration d’une régie de recette en interne, pour le Centre de transit des déchets de La Jamaïque, par la CINOR (Communauté intercommunale du nord), révèle d’importantes disparités dans les déclarations en volumes du transit de ces dernières années.

Alors que le marché des déchets est en pleine mutation, à La Réunion, en recherche de solutions alternatives à l’enfouissement, c’est la gestion des ordures ménagères de la ville de Saint-Denis qui suscite, aujourd’hui, un certain nombre d’interrogations. Ce marché de collecte, de pesée et de transit des OMR (ordures ménagères résiduelles) de Saint-Denis, et des rebuts encombrants, est effectué pour le compte de la CINOR (Communauté intercommunale du nord), qui rassemble aussi les communes de Sainte-Marie et de Sainte-Suzanne. Il a été attribué, à la suite de procédures d’appels d’offres, à la société Nicollin Réunion, sans interruption, de 1989 à 2014. Les prestations s’effectuent à travers le Centre de transit des déchets de La Jamaïque, à Saint-Denis. Site dédié au dépotage des déchets par les véhicules de collecte, pour leur enlèvement, par semi-remorques, vers l’ISDND de Sainte-Suzanne, centre privé d’enfouissement géré par la STAR (Société transports assainissements Réunion), une filiale du groupe SITA France, au sein de Suez Environnement. Comme décrit dans l’appel d’offres émis par la CINOR en vue de son renouvellement en janvier 2015, la quantité globale estimative de déchets à gérer, à La Jamaïque, s’élève à 90 000 tonnes par an, dont 50 000 tonnes d’OMR et 40 000 tonnes d’encombrants. Le rapport annuel 2012 de la CINOR sur le service public d’élimination des déchets (SPED), publié en juin 2013, mentionne que Nicollin Réunion a perçu 1,99 millions d’euros pour les prestations de transit des déchets de Saint-Denis. L’opérateur a perçu 4,9 millions d’euros pour ses prestations de collecte, incluant la collecte des recyclables (bacs jaunes) et des déchets verts, opérations indépendantes du flux de transit de La Jamaïque. La STAR a perçu 4,9 millions d’euros en tant que prestataire de collecte pour Sainte-Marie et Sainte-Suzanne, et 8,88 millions d’euros pour le traitement des déchets de l’ensemble de la CINOR sur son ISDND (Installation de stockage des déchets non dangereux) de Sainte-Suzanne.

La production de déchets diminue, les chiffres de la collecte augmentent

Le rapport annuel sur le SPED pour 2014 ne sera publié qu’en milieu d’année, et le rapport annuel 2013 n’a pas encore été mis en ligne. On constate, cependant, dans l’appel d’offres de la CINOR pour le transit des déchets à La Jamaïque en 2015, que la gestion du transit, c’est-à-dire la réception, la vérification de conformité et la pesée des flux de déchets entrants, issus de la collecte, font l’objet d’un lot n°1 qui est désormais attribué à la STAR. Un lot n°2 concerne le transport des déchets issus du transit vers l’ISDND de Sainte-Suzanne. Si Nicollin Réunion continue d’assurer la collecte des divers types de déchets sur Saint-Denis, c’est désormais un autre attributaire qui s’est vu confier ce lot n°2, pour le transport ultime vers le centre d’enfouissement de la STAR. Par ailleurs, une régie de recette en interne a été créée par la CINOR. Jusqu’en 2015, Nicollin Réunion et la STAR, qui sont des structures associées, avaient assuré la continuité de la gestion des déchets sur le territoire de la CINOR. Il faut bien souligner que la production de déchets, à La Réunion, diminue régulièrement depuis 2010, grâce aux actions de sensibilisation des collectivités locales, et aux progrès accomplis dans la collecte des matières recyclables. La réduction dans la collecte des déchets était de plus de 4 % en 2012. Mais la cohérence des chiffres concernant le Centre de transit de La Jamaïque laisse fortement à désirer. La rédaction de l’appel d’offres pour 2015 s’est effectuée à partir des indications en volume du prestataire en titre en 2014, mentionnant un volume annuel de 90 000 tonnes, dont 50 000 tonnes d’OMR. Le rapport sur la qualité et le prix du SPED 2012 de la CINOR mentionnait un transit de 70 000 tonnes pour La Jamaïque, dont 45 000 tonnes d’OMR. Il y aurait donc eu une augmentation de flux de 20 000 tonnes en deux ans, tout le contraire d’une diminution progressive des volumes de déchets. N’oublions pas que toute augmentation en volume se traduit par un supplément de coût, pour la CINOR,  pour l’opération de transit des déchets, puis pour l’enfouissement des déchets. Mais ces données deviennent encore plus incompréhensibles au vu des relevés effectifs des flux de transit quittant le site de La Jamaïque, depuis janvier 2015. Ils s’établissent aujourd’hui à moins de 5 000 tonnes, en moyenne, par mois. Soit un total annuel d’environ 60 000 tonnes, seulement. Il subsiste, dans la rédaction de l’appel d’offres pour ce marché, environ 30 000 tonnes de déchets dont l’existence reste, pour le moment, inexpliquée.