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Benoît Dumortier dans sa pépinière-atelier du Bernica.
Réunion

Avec Dharmatech, le mur végétal monte en gamme

Le procédé de murs végétaux à structure modulaire imaginé par Benoît Dumortier commence à séduire La Réunion. Le fondateur de Dharmatech l’a fait breveter et négocie actuellement les premiers contrats d’exploitation.

Benoît Dumortier dans sa pépinière-atelier du Bernica.
Benoît Dumortier dans sa pépinière-atelier du Bernica.    Photo : Guillaume Foulon
 

Les murs végétalisés ont fait leur apparition à La Réunion il y a un peu plus de dix ans et ont connu des fortunes diverses. Certains se sont desséchés précocement, faisant une contre-publicité dommageable à un concept pourtant prometteur, combinant esthétique et isolation thermique. « Certains de mes concurrents ont eu des problèmes de SAV », constate Benoît Dumortier. Lui a fait le choix d’utiliser la technique mise au point par Patrick Blanc, le « père » français du mur végétalisé, qui a notamment signé celui de la façade du musée du quai Branly à Paris. Trois couches de feutrine sur un panneau, des mottes de terre insérées sous les deux premières, un mélange fertilisant de mousses et de bactéries sur le support dans lesquelles se nourrissent les racines des plantes : le tour est joué. Là où les supports en coco ou en sphaignes finissent par pourrir, la feutrine continue à remplir son office. À la tête de sa petite entreprise, Aqua Karma, l’ingénieux Benoît Dumortier a voulu aller plus loin. Avec le fab-lab de Solidarnum, il a imaginé un petit boîtier émetteur et connecté qui envoie des alertes en cas de dessèchement et permet d’intervenir à temps. Il préconise également la mise en place de petits bassins au pied des murs, accueillant des poissons dont les déjections nourrissent les plantes. Aqua Karma installe ses murs exubérants chez des particuliers, mais aussi à l’aéroport Roland Garros, au siège de la Direction départementale de l’agriculture et de la forêt (Daaf), dans des centres commerciaux… 
De 2017 à 2019, Benoît Dumortier est accueilli et soutenu par l’incubateur de la Technopole de La Réunion pour développer une nouvelle idée : une structure modulaire permettant de préparer un mur végétalisé en amont de la pose. Le financement technopolitain lui permet de faire réaliser des études, à la fois techniques et réglementaires, pour aboutir à la conception d’un support simplifié fait de panneaux juxtaposables d’un mètre sur 1,25 m. « Nous les préparons sur notre site du Bernica, à Saint- Paul, détaille l’entrepreneur. Après 30 à 35 jours, les plantes ont atteint une croissance suffisante et les panneaux sont prêts à être posés. Nous avons une gamme pour les murs et une deuxième pour les toitures, avec des plantes à croissance très lente. Les gains de temps de pose sont importants et permettent de laisser les tarifs. » 
 

Murs végétaux de la Maison Lucas, à Saint-Paul.

Murs végétaux de la Maison Lucas, à Saint-Paul.   ©Droits réservés
 

À la sortie de l’incubateur, Benoît Dumortier a déposé le brevet de son procédé et créé la société Dharmatech. « Les premiers contrats d’exploitation sont en négociation et nous avons passé un accord commercial avec l’entreprise d’aménagement de jardins EVE pour la pose et l’entretien de nos modules », précise-t-il. Dharmatech a déjà signé plusieurs réalisations qui se remarquent dans le paysage : les murs végétaux du Village by CA, ceux de la Maison Lucas à Saint-Paul, le toit d’une école à La Possession… 
À l’heure où les aides à l’isolation sont de plus en plus incitatives, l’entreprise de trois salariés ne doute pas de son avenir et s’apprête à lever des fonds pour se doter d’une unité de fabrication industrielle de ses modules.  

Itinéraire d’un touche-à-tout 

Citoyen belge, Benoît Dumortier a un parcours particulièrement atypique. Issu d’une famille de restaurateurs, il a suivi son père en Espagne après des études en électromécanique, y a démarré une carrière de disc-jockey qui l’a amené jusqu’à Ibiza. Il a ensuite bifurqué vers l’hôtellerie-restauration de luxe, à Strasbourg et à Bruxelles, avant de débarquer à La Réunion, île de naissance de sa première épouse. Directeur de la restauration dans un établissement de l’Ouest pendant quelques années, il a construit son premier mur végétal chez lui en autodidacte, après avoir entendu parler de Patrick Blanc, inventeur du concept. C’est en participant aux Florilèges du Tampon, en 2008, qu’il se fait connaître et lance Aqua Karma, sa micro-entreprise. Laquelle est en cours d’absorption par Dharmatech, et va se transformer en association. « Nous allons créer un réseau d’îlets de transition agro-écologique et proposer des formations à la pisciculture, à l’apiculture, à la lombriculture… », annonce Benoît Dumortier, jamais à cours d’idées ni d’énergie.