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Réunion

Brice Virginius, directeur territorial d’Agefos PME : « Privilégier le conseil et l’accompagnement »

Pour le directeur du premier organisme paritaire collecteur agréé (Opca) de France et de La Réunion, la révolution numérique de la formation professionnelle ne fonctionnera que si on l’accompagne humainement. Pour autant, l’offre de formations n’est pas « open bar ».

L’Eco austral : Peut-on vraiment parler de « big bang » pour la formation professionnelle ? 
Brice Virginius
: Dans le projet de loi « Liberté de choisir son avenir professionnel », l’objectif est de créer la « flexsécurité » à la française. C’est-à-dire assouplir le marché du travail et créer de la sécurité dans l’emploi en favorisant la mobilité professionnelle. Le grand changement, c’est la gouvernance et le financement. Il n’ y aura plus qu’une seule cotisation formation et elle sera collectée par les unions de recouvrement des cotisations de sécurité sociale et d’allocations familiales (Ursaff). Les instances actuelles (FPSPP, Cnefop, Copanel) vont fusionner à travers la création d’une agence nationale, France Compétences, regroupant l’État, les régions et les partenaires sociaux, et qui aura en charge de réguler la qualité et le prix des formations ainsi que le contenu pédagogique. 

Votre rôle d’Opca va-t-il être complètement transformé ?
Les Opca vont devenir des opérateurs de compétences et se concentrer davantage sur leur mission de conseil et d’accompagnement des TPE-PME, notamment pour celles qui n’ont pas forcément de fonction Ressources humaines. Pour nous, ce n’est pas vraiment une révolution puisque les TPE et PME sont notre cœur de cible avec 9 200 entreprises adhérentes à La Réunion. Demain, nous ne gérerons plus la partie collecte (entre 15 et 18 millions d’euros) puisque l’Ursaff collectera les contributions pour nous les reverser ensuite. Nous aimerions une réévaluation de ce transfert de compétences. C’est une collecte complexe, dont nous avons eu la responsabilité pendant 40 ans. Elle nous permettait de créer un lien avec l’entreprise, nous donnait un pied dans l’organisation. Il faudra faire attention à ne pas déposséder les entreprises de leur acte de contribution au développement de la formation professionnelle. 

Quelles sont vos ambitions pour l’apprentissage avec le changement de paradigme ? 
L’idée est de créer demain une grande famille de l’alternance, avec le contrat de professionnalisation que nous gérons déjà (2 000 contrats sont signés chaque année). Les Centre de formation d’apprentis (CFA) fonctionnent en dotation, demain ils seront financés au contrat. Nous allons travailler en synergie avec la Région et les services déconcentrés de l’État pour co-construire l’offre de l’apprentissage.
Nous apporterons notre orientation entreprise et notre culture du dialogue territorial, complémentaire à l’approche actuelle. La Région conservera sa fonction d’ensemblier et son rôle dans l’orientation. 

Le compte personnel de formation (CPF) est également transformé, il sera crédité en euros et accessible en ligne. Quels vont être les impacts?
Le CPF doté en euros (500 euros par an et 800 euros pour les salariés les moins qualifiés) a pour but de renforcer l’intérêt de la population active à travers un compte monétarisé, dont la cotisation sera gérée par la Caisse des dépôts et consignations. Il y a une révolution attendue dans l’offre de formations pour l’adapter aux nouveaux bénéficiaires qui deviennent décideurs. Un nouveau marché va se créer avec des formations qui devront être calibrées en termes de temps, de coût et de certification. Mais ce n’est pas « open bar ». On donne la liberté à l’individu de choisir et, en face, les prestataires doivent répondre aux exigences de qualité. Il faut aller plus loin demain, en reconnaissant la formation, pas seulement l’organisme de formation. Il faut imaginer un « trip advisor » de la formation professionnelle, qui puisse recenser les avis, dans l’objectif de l’amélioration continue des opérateurs. Ainsi, il sera possible de choisir en ligne sa formation en fonction du nombre d’étoiles recueillies.