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Afrique

Bye Bye Françafrique, bonjour AfricaFrance. Ou comment l’Afrique a pris la main à Paris.

« Africafrance », le nouveau livre d'Antoine Glaser nous plonge dans les arcanes des relations franco-africaines. Se lisant d'un trait et fourmillant d'anecdotes et de révélations, il raconte comment l’Afrique a pris la main à Paris.

« Les subsides de Bongo servent à tout le monde lors des élections françaises et créent un sorte de colonialisme à l'envers ».
Cette phrase choc a été prononcée, en 2001… par l'ancien directeur de la DGSE, Pierre Marion. L'ex-patron des services secrets français expliquait comment l'ancien président gabonais Omar Bongo avait fini par influencer, à coup de pots de vins et de moyens de pression les plus divers, les gouvernements français tant de gauche que de droite. Les anciens ministres Jean-Pierre Cot (démissionné en 1981) et plus récemment son collège Jean-Marie Bockel (brutalement débarqué en 2008) peuvent en témoigner…

Car loin de l'idée d'un réseau Françafrique (mot valise d'ailleurs inventé par l'ancien président ivoirien Félix Houphouët-Boigny), omnipotent et bras armé de l'action néo-coloniale de la France, en particulier dans son pré carré, Antoine Glaser démontre comment « L'Afrique à papa » est bien morte et enterrée.
Évolution déjà entamée avec la guerre froide, les dirigeants africains ont totalement inversé les rapports de dépendance. « Ce sont désormais eux les vrais patrons. (…) Fini le temps du pétrole et de l’uranium à des prix « politiques », des marchés protégés pour une poignée d’entrepreneurs qui figurent dans le « top 50 » des grandes fortunes de l’Hexagone », lance Antoine Glaser.
Et alors que le magazine The Economist qualifiait en 2000 l'Afrique d'« hopeless continent » (l’Afrique, le continent sans espoir), aujourd'hui c'est le monde entier qui trépigne dans sa salle d’attente !
« Les interventions militaro-humanitaires, au Mali ou en Centrafrique, et les déclarations d’amitié de l’Élysée n’y changent rien. Car habiles à se présenter en « victimes » de la Françafrique, les dirigeants africains profitent de cette nouvelle situation pour imposer à huis clos leurs exigences à leurs interlocuteurs officiels. Et ce n’est pas sans condescendance qu’ils traitent leurs anciens parrains tricolores », précise, un brin ironique, l'ancien directeur de la très bien informée « Lettre du continent ».

« Africafrance » par Antoine Glaser – Éditeur : Fayard, collection Témoignages/Doc/Actu (février 2014), 352 pages, 20 euros