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Réunion

Chauffe-eau solaires condamnés à la décharge : une association dit non

L’économie circulaire, plus facile à dire qu’à faire. Depuis 2019, une association créée à l’initiative du solariste Zénith cherche à créer une filière de reconditionnement et recyclage des chauffe-eau solaires, mais peine à convaincre.

Les multiples encouragements reçus par l’association Recyclage solaire solidaire (RSS) ne suffisent pas à faire émerger la filière de reconditionnement et de recyclage des chauffe-eau solaires à La Réunion, objectif qui a motivé sa création en 2019. Lauréate de deux appels à projets de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) et de la Région, identifiée parmi les projets d’investissements prioritaires pour le territoire lors des rencontres économiques Choose La Réunion, en présence d’Emmanuel Macron en novembre 2019, RSS ne parvient pas à trouver l’accompagnement financier pour démarrer une production et lancer la filière qui donnera une seconde vie à ces équipements.
Seule avancée récente, la commune de Saint-Louis a attribué un terrain de 1 200 m2 à l’association pour créer un début d’installation. Pour l’heure, ses premières créations sont stockées à L’Éperon chez le solariste Zénith, dont le P-DG Bertrand Lajus est à l’origine de l’initiative. « Dès 2010, rappelle-t-il, l’Agence régionale de l’énergie de La Réunion (Arer), ancêtre de la SPL Horizon, avait souligné l’urgence de mettre en place une filière de gestion de la fin de vie des chauffe-eau solaires individuels. En 2018-2019, nous avons mené une première étude montrant qu’il n’existait aucun cadre réglementaire pour gérer ces équipements. » RSS voit alors le jour, la neutralité de la forme associative devant faciliter l’avancée du projet.

Des exutoires qui ont du sens

La poursuite de la réflexion conclut que la mise en place d’une filière de reconditionnement est possible, complétée par le recyclage des chauffe-eau sous plusieurs formes : composteurs, jardinières, séchoirs solaires. « Des exutoires qui ont du sens d’un point de vue environnemental », insiste RSS. Les premiers prototypes ont séduit les premiers acheteurs et des détenus de la prison du Port ont été formés au démantèlement des chauffe-eau et à la soudure pour fabriquer des jardinières. 
La Réunion, deuxième territoire mondial pour le taux d’équipement des ménages en chauffe-eau solaire, essuie les plâtres dans la problématique du recyclage et du reconditionnement des appareils. Le chauffe-eau solaire est pour l’instant ignoré des filières REP (Responsabilité élargie du producteur). À moins qu’il ne trouve enfin une place dans la future filière des déchets du BTP ? 
Selon RSS, le nombre d’équipements qui arrivent chaque année en fin de vie est estimé à 5 000. Soit 650 tonnes de métaux pas simples à valoriser et 2 000 m3 de mousse polyuréthane pouvant être réemployée dans les appareils reconditionnés. Lesquels, assure l’association, prototypes à l’appui, présentent les mêmes performances et la même durée de vie que les chauffe-eau neufs. « Il nous manque le petit accompagnement qui permettrait de franchir le pas supplémentaire, regrette Bertrand Lajus, et prouver que cette activité peut s’autosuffire : notre but n’est pas d’être biberonné aux subventions ! »

« EDF ne peut pas intervenir sur la réglementation »

EDF a apporté son soutien à Recyclage solaire solidaire (RSS) en 2020. L’association faisait partie des lauréats de l’appel à projets lancé dans le cadre de la compensation de la construction de sa ligne à haute tension dans les Hauts de l’Ouest. RSS a bénéficié d’une subvention et d’un accompagnement qui lui ont permis d’avancer dans ses essais. L’association espère maintenant une évolution des critères d’aides d’EDF à l’installation de chauffe-eau solaires qui intègreraient la gestion de la fin de vie des équipements. Pas si simple. « EDF ne peut pas intervenir sur la réglementation, répond Jean-François Finck, délégué territorial en charge des relations avec les partenaires institutionnels. Les aides sont strictement encadrées, leur évolution peut avoir un impact positif ou négatif pour les acteurs de la filière, il revient à la Commission de régulation de l’énergie de fixer les règles du jeu. EDF n’a pas le levier, ne peut pas décider des modalités de financement. »