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« il me semble bien difficile d’imaginer réinvestir dans les marchés actions aujourd’hui sans plus de visibilité. »
France

« Chef, comment redémarre-t-on l’économie ? Le flair ? »

Yann Robbiola est CEO et Partner chez LS Advisors, une société de gestion et conseils en investissements en architecture totalement ouverte. Évoluant entre Paris, Maurice et d’autres pays, il s’interroge dans cette tribune sur l’impact de la covid-19 sur les PME.

« il me semble bien difficile d’imaginer réinvestir dans les marchés actions aujourd’hui sans plus de visibilité. »
« il me semble bien difficile d’imaginer réinvestir dans les marchés actions aujourd’hui sans plus de visibilité. »   
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Une étude intéressante de la FED-NY (Federal Reserve Bank de New York) expose différentes réponses des PME américaines face à la crise. Au-delà de l’aspect prophétique de cette étude (qui date de fin 2019 !), on s’étonne de l’hétérogénéité des situations financières et de la capacité à résister de ces PME. Le plus frappant est le pourcentage élevé de sociétés qui pensent fermer ou être vendues (17 % en moyenne), ou devoir recapitaliser avec leur fonds propres (50 % en moyenne) face à cette crise. 

Un million de microfeux aux quatre coins de la France 

Faisant le parallèle avec la situation en France, quand on connaît les difficultés administratives d’accès aux aides de l’État – et d’après mes informations auprès de banques qui ne feront pas d’efforts pour les 15 % à 20 % de sociétés qu’elles estiment le plus à risque -, on imagine mal une sortie de crise sans casse pour le tissu économique français. 
Si les aides couvrent effectivement les problèmes de trésorerie à court terme, elles sont proposées majoritairement en prêts qu’il faudra rembourser. Et redémarrer ces entreprises va nécessiter du capital. Or je ne vois pas de solutions pour en allouer efficacement aux entreprises qui en ont le plus besoin, pas plus que je ne vois qui va s’y coller. Un certain manque de flair me direz-vous ! Il me semble que l’après-confinement sera difficile (…) Si les différents packages d’aide des banques centrales et des États semblent cohérents et rapides dans leurs annonces, leur efficacité réelle reste à démontrer, surtout pour les PME. 
La récente remontée des marchés actions me semble mal prendre en compte la réalité de cette crise. Le contentement et le soulagement des investisseurs financiers qui, drogués par ce flux constant d’argent pas cher, ont développé, depuis 10 ans, ce réflexe pavlovien : « FED a dit buffet gratuit, je reprends des sushis ! » Je ne nie pas qu’il s’agisse d’un soutien majeur, de par son amplitude et sa rapidité, donné à l’économie. Mais c’est plus une réponse de Wall Street à un problème de Main Street ! On sort le canon à eau quand il s’agit plutôt d’éteindre un million de micro-feux aux quatre coins de la France. 
Et il y a un amalgame entre réponse à une crise sanitaire et à une crise économique. Or ce n’est pas la même analyse ! Le confinement est la seule option valable à court terme face à cette crise. Mais nous savons aussi qu’il y aura d’autres vagues de confinement (cf. La grippe espagnole, porteurs sains du virus, nouveaux cas en Chine…) Et trouver un vaccin prendra au mieux plusieurs mois, donc il va falloir apprendre à vivre avec. 

Manque de visibilité 

Donc OUI, nous serons mieux préparés sanitairement à ces futures vagues : davantage de respirateurs, de masques, de tests et certains auront changé de compagnons de confinement… 
Mais NON, ce n’est pas du tout la même analyse pour des entreprises déjà fragilisées par cette première vague. Coincées entre difficultés à reconstruire les trésoreries, le CA perdu à récupérer et les aides à rembourser potentiellement… C’est un scénario qui me semble bien mal intégré aujourd’hui dans les cours actuels des marchés actions. D’autant qu’on ne sait pas encore l’ampleur des faillites potentielles et de la remontée du chômage qui s’en suivrait, ni de l’impact sur le marché immobilier. 
Je ne veux pas jouer les oiseaux de mauvais augures (…), mais il me semble bien difficile d’imaginer réinvestir dans les marchés actions aujourd’hui sans plus de visibilité… Plus que par manque de flair !