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Commission de l’océan Indien : un quatrième sommet à la gloire de l’indianocéanie

Même s’il y a encore des sujets qui fâchent, comme Mayotte et la place donnée à La Réunion par la France, les dirigeants des cinq pays membres ont transmis l’image d’une solidarité quasi fraternelle, insistant sur une réponse collective à apporter aux grands défis de la région. Reste à donner des moyens aux ambitions.

On les aurait imaginé formant une chaîne d’union à la façon des francs-maçons, les dirigeants des cinq pays membres, le 23 août dernier, à Moroni. Certains d’entre eux, familiers des loges, n’auraient pas dit non. Mais on s’en est tenu à une posture plus conventionnelle. Leur « déclaration finale », qui s’intitule « L’Indianocéanie, un avenir à bâtir ensemble », s’attache surtout à fixer « les orientations d’une réponse collective » aux grands défis de la connectivité, de la sécurité maritime et alimentaire, de la gestion des ressources naturelles et du potentiel de l'économie bleue.
Les chefs d’État et de gouvernement ont tenu tout d’abord à se féliciter de « la qualité du travail accompli par notre organisation régionale et de sa capacité à fédérer autour de ses missions l’ensemble des parties prenantes au développement régional, qu’il s’agisse des États, des collectivités publiques, du secteur privé, de la société civile et des partenaires au développement, notamment l’Union européenne, l’Agence française de développement, le système des Nations unies, la Banque mondiale et la Banque africaine de développement ».
Le Sommet a salué enfin le rôle joué par la COI dans la conclusion des négociations de l’Accord de partenariat économique (APE) intérimaire avec l’Union européenne. Il demande une mise en œuvre efficace de cet accord avec le soutien de la COI et de ses partenaires. Les chefs d’État et de gouvernement souhaitent une conclusion rapide d’un APE complet dans lequel le groupe Comores – Madagascar – Maurice – Seychelles (CMMS) pourrait jouer un rôle significatif. Ils souhaitent également que la COI participe activement à sa mise en œuvre. La France y participera en qualité d’observateur.

AMÉLIORER LA CONNECTIVITÉ DE LA RÉGION

Les chefs d’État et de gouvernement de la COI confirment l’importance pour l’Indianocéanie d’améliorer la connectivité globale de la région, qu’il s’agisse de desserte maritime, déterminante pour le commerce, de desserte aérienne, déterminante pour le tourisme et les affaires, ou de connectivité numérique, déterminante pour les entreprises, l’investissement et le transfert de technologies.
La Conférence ministérielle sur le transport aérien du 8 juillet 2014 aux Seychelles a été l’occasion de formuler une vision commune du transport aérien régional et d’explorer des solutions concrètes ayant pour objectif de mettre en place au moins un vol régulier entre les États membres de la COI à des tarifs abordables.
Sans s’engager pour le moment sur l’adhésion de nouveaux membres, le sommet a salué la décision du Conseil des ministres portant création du statut d’observateur.

PLAIDOYER POUR LES PETITS ÉTAT INSULAIRE EN DÉVELOPPEMENT

Le sommet a évoqué la troisième conférence internationale des Nations unies sur les Petits États insulaires en développement (PEID), organisée du 30 août au 4 septembre aux Samoa et à laquelle a participé la COI. Il s’est agi pour le secrétaire général Jean-Claude de L’Estrac de « plaider en faveur d’une prise en compte appropriée de la situation spécifique des PEID dans l’agenda mondial pour le développement post-2015 et plus généralement dans les instances des Nations unies ». Le IVe Sommet considère d’ailleurs que « la vision du Défi côtier de l’océan Indien occidental (WIOCC) peut contribuer positivement à assurer la conservation de la biodiversité marine dans la grande région de l’Afrique orientale, en lien avec les structures institutionnelles pertinentes et notamment la Convention de Nairobi ».
Les chefs d’État et de gouvernement ont souligné l’importance d’une vision globale de la sécurité maritime. Ils se félicitent des résultats apportés par l’Unité anti-piraterie de la COI basée aux Seychelles et soulignent l’importance de consolider la dynamique de lutte contre la piraterie maritime ainsi que celle contre l’ensemble des trafics illégaux et criminels. Ils prennent note avec satisfaction de la coordination assurée par la COI pour la mise en place d’un centre régional de fusion d’informations maritimes dans le but de mieux détecter les risques et d’un centre régional de coordination de l’action en mer afin de mener des opérations maritimes conjointes. Ils soulignent la nécessité de mettre en place un comité pour examiner un cadre légal régissant la confidentialité de la collecte, du traitement et de la diffusion des données maritimes en vue de la création d’un centre de fusion et d’informations maritimes.

DE BELLES DÉCLARATIONS MAIS PEU DE CONCRET

En conclusion, si les cinq États membres parlent d’une même voix, il n’en demeure pas moins que l’élargissement de la COI n’est pas encore à l’ordre du jour, ni la création d’une compagnie aérienne régionale. Le cas de Mayotte, département français revendiqué par l’Union des Comores, pose également problème. Un problème qu’on préfère ne pas soulever alors même que cette île de l’archipel des Comores fait bien partie de cette indianocéanie tant vantée. La place de La Réunion, dont la situation géographique a permis à la France d’être membre de la COI, n’est pas non plus très claire. Force est de constater que la Région Réunion, qui porte les grands dossiers économiques du département, et le gouvernement français actuel sont loin de filer le grand amour. Le président de la Région Réunion, Didier Robert, n’a d’ailleurs pas fait personnellement le déplacement à Moroni. Il est pourtant incontournable dans certains dossiers comme celui de l’aérien puisqu’il préside le conseil de surveillance d’Air Austral dont la stratégie est validée par la collectivité qu’il préside. Il s’agit là d’un problème franco-français, mais qui a son importance pour la COI.   
Il s’avère aussi que les États membres n’ont apparemment pas prévu de remettre la main à la poche alors que le développement d’une économie bleue exigera des moyens. En conséquence, la COI devra trouver d’autres sources de financement, peut-être du côté de l’Australie et de la Chine puisqu’une ouverture semble se faire de ce côté-là. Sans parler des Nations unies dans le cadre d’un soutien aux PIED, mais encore faut-il que Madagascar soit considérée comme un « petit État insulaire ». De plus, la France – donc La Réunion – serait exclue d’un tel soutien financier.
Globalement, on en reste pour le moment à des déclarations d’intention et il faudra attendre un peu pour constater les réelles retombées de ce IVe Sommet.

 

LES PEID : UNE BONNE PISTE POUR LA COI

Lors de la troisième conférence internationale des Nations unies sur les Petits États insulaires en développement (PEID), organisée du 30 août au 4 septembre aux Samoa, Jean-Claude de L’Estrac, a pu formuler quatre demandes précises au nom de la COI :
1) Agrément d’une liste crédible car plusieurs listes existent, mais certains PEID ne sont ni des îles ni en développement, ni petits ;
2) Le renforcement d’une diplomatie des PEID en vue d’une juste prise en compte de leurs intérêts spécifiques dans les forums internationaux. Cette action prend toute son importance dans l’optique de la définition de l’agenda pour le développement post-2015 ;
3) La facilitation de l’accès aux nouvelles sources de financement multilatéral. Elle permettra entre autres à ce que l’océan Indien puisse mettre en œuvre des programmes disposant des financements alloués sous le Fonds d’adaptation ;
4) Un nombre raisonnable de mesures d’appui dédiées aux PIED. Elles devraient viser prioritairement les domaines du commerce international et de la finance, des technologies et de l’énergie, du changement climatique et de la pêche.