Corsair rachetée par le groupe allemand Intro Aviation
SPÉCIALISÉ DANS LE REDRESSEMENT D’ENTREPRISES, INTRO AVIATION DÉTIENT DÉSORMAIS 53 % DU CAPITAL ALORS QUE TUI EN CONSERVE 27 % ET QUE LE PERSONNEL EST PROPRIÉTAIRE DE LA COMPAGNIE AÉRIENNE À HAUTEUR DE 20 %. L’HEURE EST MAINTENANT AU RENOUVELLEMENT DE LA FLOTTE.
Pascal de Izaguirre, le P-DG de Corsair, a fait spécialement le déplacement à La Réunion pour annoncer lui-même la bonne nouvelle. Après six mois de négociations, la compagnie aérienne a enfin trouvé un repreneur ! Ce qui a sauvé Corsair, c’est avant tout sa notoriété : son nom est cité spontanément par 39 % des gens interrogés dans la rue (enquête BVA de janvier 2019). C’est également une compagnie avec une expertise. En 2018, elle a transporté 1,2 million de passagers et 17 000 tonnes de fret, réalisant 470 millions d’euros de chiffre d’affaires.
Intro Aviation, spécialisé dans le redressement d’entreprises, a été séduit par le potentiel de Corsair et par le fait que le marché du long-courrier se trouve en pleine expansion. Selon la théorie de l’« optimum de Pareto », la compagnie a un bel avenir si elle grossit un peu pour atteindre la taille critique.
Plus d’avions et plus de destinations
Via la société Diamondale basée en Irlande (pays à la fiscalité plus légère) et qui détient 100 % de son capital, le groupe allemand contrôle maintenant 53 %, l’investisseur historique TUI 27 % et le personnel de la compagnie 20 % du capital (ce qui explique le climat social apaisé dans lequel s’est déroulée la transaction). Le montant de la transaction n’a pas été communiqué.
Le repreneur s’est engagé à maintenir les salaires et les effectifs pendant deux ans et à renouveler et augmenter la flotte. Le 15 mars, une première commande pour trois nouveaux Airbus A330 Neo 900 a été signée. Le groupe allemand va progressivement se séparer de ses trois gros Boeing 747 d’ici à 2021 pour disposer d’une flotte composée uniquement d’Airbus A330, treize appareils au total d’ici à 2023, contre sept appareils au total actuellement. Elle va ainsi réaliser des économies de carburant (bi-réacteurs au lieu de quadri-réacteurs) et de maintenance mais également avoir une plus grande souplesse dans la gestion des équipages (tous formés sur le même type d’appareil), sans oublier que l’Airbus A300 transportant moins de passagers par rapport au Boeing 747, Corsair peut augmenter les fréquences et ainsi offrir plus de services aux passagers.
Corsair va aménager ses cabines pour coller à son image de compagnie qui, sans être low-cost, offre un bon positionnement tarifaire, en classe économique mais également en classe supérieure. Le nombre de sièges en classes business/premium va passer de 30 à 40.
En ce qui concerne les destinations, Madagascar et Mayotte sont abandonnées car « on se heurte à un protectionnisme acharné », déclare Pascal de Izaguirre. Mais La Réunion, Maurice et les Antilles sont renforcées. Et pour remplir les avions, de nouvelles destinations vont voir le jour comme, par exemple, Miami (à partir du 10 juin), alors que Montréal sera desservie dorénavant toute l’année.
TUI et Intro aviation se sont engagés à conserver leurs parts pendant trois ans, donc jusqu’en 2022. Mais, selon Pascal de Izaguirre, qui est maintenu dans ses fonctions, « c’est à ce moment que l’investissement va commencer à produire ses effets ». Le P-DG ne doute pas un seul instant que le nouvel actionnaire va vouloir rester un peu plus longtemps.
