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Réunion

Daniel Moreau, Président de l’ADIR et de l’ARIFEL : « La qualité exceptionnelle des produits réunionnais est reconnue »

Fin octobre, la production locale réunie a remis à Emmanuel Macron, le Président de la République en visite à La Réunion, « Produire l’avenir ». Dans ce livre blanc, les différentes filières agricoles et industrielles dressent collectivement un état des lieux de la production réunionnaise et de son efficacité. L’occasion pour l’Éco Austral de faire le point sur l’actualité et les perspectives du secteur agro-industriel avec Daniel Moreau, P-DG de Royal Bourbon, président de l’Adir (Association pour le développement industriel de La Réunion) et de l’Arifel (Association réunionnaise interprofessionnelle des fruits et légumes).

L’Éco Austral : Le livre blanc de la production locale réunie, « Produire l’avenir », a été récemment remis à Emmanuel Macron. Quel en est l’objectif ? 
Daniel Moreau
 : Jusqu’à présent, chaque filière se fondait sur sa propre communication pour diffuser ses messages et ses informations. Ce qui a parfois pu mener à une perception assez confuse de la réalité recouverte par la production locale dans son ensemble. Collectivement, nous avons donc imaginé un document de synthèse unique qui répertorie toutes les données chiffrées, les stratégies et l’influence sur la société réunionnaise du travail mené au quotidien par les professionnels de l’agriculture et de l’industrie. Pour les interprofessions et les filières (*), il apparaissait essentiel de mettre en lumière le travail réalisé, d’autant plus que les résultats sont bons et souvent méconnus, comme c’est le cas par exemple pour la production de fruits et légumes, qui se porte très bien et ne cesse de se développer.
Avec ce support unique et commun, l’objectif consiste, d’une part, à sensibiliser le grand public, à illustrer que la confiance que nous accorde le consommateur réunionnais se traduit concrètement, en résultats chiffrés solides. Il faut souligner que 80 % des besoins en produits frais, tous produits confondus, sont couverts par la production locale ! D’autre part, nous entendons rappeler aux pouvoirs publics notre apport à la société locale (emplois, aménagement du territoire, modèle social…), nos ambitions, mais également les contraintes (insularité, marché restreint, équipements surdimensionnés, concurrence à bas coût dans la zone…) qui pèsent sur la production agricole et industrielle en outre-mer, et en particulier à La Réunion. L’accompagnement public reste indispensable pour permettre la continuité de notre réussite et de notre développement actuels. Ce livre blanc est une prise de parole collective, qui s’appuie sur son nouveau site Internet (www.production-locale. re) pour permettre l’actualisation de ses données et afficher la vision dynamique de ce que La Réunion produit.

Dans le domaine agricole, la canne à sucre reste de loin la culture prédominante. Pourtant, avec la fin des quotas sucriers au niveau européen et une éventuelle mise à mal des subventions, son avenir semble menacé à moyen terme. Qu’en est-il réellement
La canne à sucre est le pilier de l’agriculture réunionnaise, voire de La Réunion tout court. La filière canne est consciente que son modèle peut et doit continuer à évoluer. Mais à condition que tous les acteurs restent lucides et réalistes sur les évolutions possibles et sur le temps que cela pourra prendre… Les professionnels de la canne sont ouverts, se battent pour récupérer les terres en friche et augmenter les tonnages, tout en travaillant sur des innovations, notamment sur la création de variétés de canne plus riches en sucre, en fibres susceptibles d’augmenter la biomasse produite par hectare. 
Le pivot de la canne à sucre, c’est le sucre. Quant au bio, pourquoi pas ?  Sur le papier, c’est très bien, mais sur le terrain, c’est beaucoup plus difficile à concrétiser. D’ailleurs, ceux qui s’y sont déjà essayés, aux Antilles ou à Maurice par exemple, se sont cassé les dents économiquement. Les coûts de production sont beaucoup trop élevés pour assurer de la rentabilité. À La Réunion, il n’y a à l’heure actuelle, selon mes informations, que deux producteurs de canne à sucre bio sur les 2 900 exploitants canniers recensés. À priori, si j’ai bien saisi le message de la filière, l’ambition est de monter à vingt d’ici quelques années, ce qui restera clairement modeste au regarde de l’ensemble de la production sucrière locale. 

Poids production locale

La canne à sucre réunionnaise pourrait-elle survivre à une disparition des subventions européennes ?
Toute l’agriculture est subventionnée, partout en Europe. Il s’agit d’un choix de société, qui a été fait collectivement par l’ensemble des États européens. C’est la raison pour laquelle la PAC (Politique agricole commune) est le principal poste budgétaire de l’Union européenne. Revenir sur ces choix de société signifierait qu’il y aurait un énorme coût social à assumer. Et encore plus à La Réunion ! En effet, les subventions à la filière canne y compensent un modèle agricole familial riche en emplois. On estime ici qu’un équivalent temps plein direct est créé pour 4 ha d’exploitation, contre un pour… 100 ha en Europe continentale ! Il faut absolument tenir compte de cette spécificité locale.
Ce modèle social de petite agriculture familiale et le manque d’économies d’échelle au niveau industriel rendent le coût de production du sucre brut forcément plus élevé dans les DOM qu’en Europe continentale, où est produit le sucre de betterave. 
Dans ce nouvel environnement libéralisé, la production sucrière des DOM se retrouvera forcément exclue sans soutiens publics destinés à neutraliser un handicap structurel. Sans oublier que, sans cela, ce serait aux consommateurs de supporter en bout de ligne le juste prix de la nourriture consommée. En résumé, une absence de subventions à l’horizon 2021 est inimaginable, tant ce serait inquiétant pour l’agriculture et l’industrie réunionnaises oui, mais tout simplement pour La Réunion en elle-même, tant la culture de la canne pèse sur l’économie et la société locales. 

La canne à sucre reste-t-elle le fer de lance des exportations réunionnaises ?
Bien évidemment ! Avec 200 000 tonnes de sucre en moyenne par an depuis 2009, le sucre représente 80 % des exportations de l’île en volume, 50 % des exportations totales de l’île en valeur, et même 70 % si l’on y ajoute le rhum. À force de coups marketing et d’innovations gustatives, certains professionnels du rhum péi ont misé sur une nouvelle stratégie à l’export, qui semble considérablement porter ses fruits, en Métropole avant tout. 

 

Daniel Moreau : « Le pivot de la canne à sucre, c’est le sucre. Quant au bio, pourquoi pas ? Sur le papier, c’est très bien mais sur le terrain, c’est beaucoup plus difficile à concrétiser. »
Daniel Moreau : « Le pivot de la canne à sucre, c’est le sucre. Quant au bio, pourquoi pas ? Sur le papier, c’est très bien mais sur le terrain, c’est beaucoup plus difficile à concrétiser. »  Photo : Guillaume Foulon

Dans le secteur agricole, la diversification a commencé depuis de longues années déjà. Comment se traduit-elle ? 
La nécessité de diversification avait été anticipée par les producteurs réunionnais. Aujourd’hui, environ 10 % de la surface des exploitations cannières sont occupés par des légumes, des cultures fruitières ou de l’élevage. Et les petites exploitations existantes hors canne se développent avec succès. Avec près de 100 000 tonnes produites par an, la couverture locale des besoins en légumes et fruits frais s’élève à 70 %. C’est exceptionnel. Entre 2009 et 2017, la commercialisation locale des fruits et légumes dans la filière organisée a progressé de 87 % en volumes ! Et les résultats sont, non seulement quantitatifs, mais également qualitatifs. Plus de 50 % des fruits et légumes de la filière organisée sont produits en agriculture biologique, raisonnée ou à haute valeur environnementale. Et la proportion monte  en flèche. 
Sur les fruits et légumes, notre ambition est forte. Nous visons, d’ici 2025, 15 000 tonnes de fruits et légumes supplémentaires, dont 7 000 produites en protection biologique intégrée avec à terme une démarche « zéro pesticide », 2 500 tonnes en agriculture biologique et 80 nouvelles installations de jeunes agriculteurs en agriculture biologique et en production biologique intégrée. Nous espérons aussi doubler la part de fruits et légumes frais et transformés dans la restauration collective, et la reconquête de parts de marché sur nos productions fortement concurrencées, comme par exemple la pomme de terre (dont l’objectif est de reprendre 30 % des volumes importés). En cas de réussite, 2 500 emplois directs et indirects pourraient être créés. 

Couverture des besoins locaux, certes. Mais qu’en est-il des possibilités à l’export ?
Ananas, letchis, mangues… La qualité exceptionnelle des produits réunionnais est d’ores et déjà reconnue sur les marchés extérieurs. Entre 2009 et 2017, l’export de fruits et légumes a bondi de 68 %. D’ici 2025, nous avons un objectif de 8 000 tonnes de produits frais et transformés proposés à l’export, dans une stratégie qualitative de « premiumisation ». Cet axe de développement a d’ailleurs été inscrit dans le Livre bleu pour l’Outre-Mer.
 

Agriculture

Pourtant, les mangues réunionnaises ont été récemment refoulées à la porte de l’Europe pour des raisons phytosanitaires ? 
En effet, des règles ont été édictées au niveau européen pour protéger le consommateur. Mais en ce cas, il faut également nous protéger, nous producteurs des DOM ! Les infestations les plus récentes sont le résultat de certaines importations, car nous ne disposons pas des moyens humains et techniques pour faire face à l’arrivée de ces nuisibles. La problématique phytosanitaire est très sérieuse, car il nous faut trouver comment contrôler et traiter le fruit ou le légume afin de le débarrasser du nuisible, tout en préservant les qualités qui en font un produit premium à l’export. Sacré défi !

Vous évoquiez l’exportation de fruits et légumes transformés. Or il apparaît que seulement 10 % de la production locale est transformée à La Réunion. Qu’en est-il des innovations en la matière ?
Quasiment tout reste à faire ! Mais il faut jouer serré, car nous nous heurtons en la matière à une très forte concurrence d’import à bas coût. Il faut y aller pas à pas. Chez Royal Bourbon, nous avons développé depuis deux ans une gamme de fruits et légumes locaux surgelés, dont certains produits en bio. Les investissements ont été importants mais c’est le prix à payer pour exister face à une concurrence tarifaire forte. Nous devons nous démarquer par la qualité et la transparence sur la traçabilité, ce qui ne peut passer que par une sensibilisation progressive du consommateur réunionnais. Valorisons les productions locales !

Quelques industriels réunionnais se sont rendus début novembre au salon «  China Export  ». Quelles sont à vos yeux les perspectives en matière d’exportations industrielles ? 
Selon moi, l’export industriel repose et reposera avant tout sur la production agro-alimentaire, et encore en nous positionnant haut de gamme sur des marchés de niche (fruits surgelés premium, rhums insolites…), tant la concurrence internationale est rude. Notamment dans l’océan Indien, avec des pays où la main-d’œuvre coûte souvent largement moins cher. Le développement industriel réunionnais est avant tout endogène, en particulier dans le secteur du bâtiment où les entreprises locales et leurs matériaux adaptés aux conditions climatiques profitent particulièrement du dynamisme structurel du secteur. 

La production locale couvre une large partie des besoins des consommateurs de l’île. Existe-t-il encore des perspectives de développement sur le territoire réunionnais à proprement parler ?
Heureusement ! En matière d’accès aux marchés publics et à la restauration collective, nous devons peser pour qu’une place de choix soit réservée aux produits, matériaux et savoir-faire locaux. Par ailleurs, sur les produits frais, nous devons continuer de développer la place de la production locale en grande et moyenne distribution. Cela passera par des partenariats avec les grandes enseignes et par des produits innovants adaptés aux nouveaux modes de consommation (légumes surgelés, plats préparés, poissons transformés, offre bio…). Cela ne doit pas être qu’un discours car l’heure est grave. En 2019, face à la rude concurrence de l’import à bas coût, deux tiers des adhérents de l’Adir qui livrent en GMS ont déclaré avoir vu leur chiffre d’affaires chuter de 5 % à 10 % ! 
 

Le risque n’est-il pas alors de faire grimper encore le prix du caddy ?
Primo, il est faux de dire que les produits péi sont plus chers. Sur les fruits et légumes notamment, nous sommes – malgré les contraintes, je le rappelle – souvent moins chers ou au pire au niveau des prix pratiqués en Métropole (tomates, pommes de terre…). Secundo, le nombre de références que nous proposons est infime rapporté à une grande surface dans son ensemble.  
L’idée est donc de privilégier la production locale dans ce qu’elle sait faire de mieux. Et puis les comportements des consommateurs évoluent, leurs exigences également. Dans ce contexte, la qualité de la production réunionnaise devrait prendre le pas sur l’écart de prix avec le produit concurrent dont la traçabilité est parfois douteuse.  Tertio, le panier bouclier-qualité-prix comporte 50 % de produits locaux, ce qui tend à prouver notre engagement en matière de lutte contre la vie chère. 

Selon toutes les études, l’utilisation de glyphosate est encore massive à La Réunion. La production locale est-elle consciente des enjeux écologiques ? Le livre blanc évoque une stratégie environnementale de long terme… 
Sur le glyphosate proprement dit, je ne suis pas spécialiste et je ne sais pas par conséquent s’il existe des solutions alternatives aussi efficaces. Toujours est-il que, comme je vous l’ai expliqué auparavant pour les fruits et légumes, l’ensemble des acteurs de l’agriculture et de l’industrie réunionnaises sont impliqués dans une démarche respectueuse de l’environnement, qui contribuera à terme à la protection de La Réunion et de la planète. Dans le secteur industriel, l’Adir propose d’ailleurs un programme (Assure, c’est son nom) à ses adhérents pour les accompagner sur les mesures visant à diminuer leur consommation énergétique. Du côté de la mer, un modèle de pêche sélective a été appliqué depuis longtemps, et les prises annuelles des navires réunionnais ne représentent que 0,21 % des prises totales dans l’océan Indien. Au-delà de la protection de l’environnement à proprement parler, la production locale joue un rôle essentiel pour un développement durablement local. 
Sa place est essentielle en matière d’aménagement du territoire, d’emploi et d’économie circulaire. Dans le cycle de la production locale, les coproduits ou les résidus des uns viennent nourrir les autres. Par exemple, les effluents d’élevage fertilisent les champs de canne et sont engagés dans un processus de conversion en engrais ; les effluents de distilleries sont méthanisés, la paille de canne et la mélasse issues des sucreries sont valorisées dans l’alimentation animale ; la coupe de la canne permet de laisser aux champs 10 à 20 tonnes de matière sèche qui  facilite l’enherbement et limite l’érosion, nourrit le sol et aide à la lutte contre les bio-agresseurs (réduisant au maximum les intrants chimiques). Nous, producteurs, avons un devoir d’exemplarité. Et ce d’autant plus que, désormais, les consom-mateurs recherchent ces valeurs écologiques. 

 

Vaches
« Des peurs infondées » font que les consommateurs locaux ont tendance à bouder la viande rouge de leur propre terroir.   ©Droits réservés

Ce qui explique l’évolution à venir du label Noulafé…
Pas spécialement. D’ailleurs, le respect de l’environnement fait déjà partie des critères de certification. Mais ces critères ne sont pas aujourd’hui assez transparents. Nous devons davantage encore rassurer et donner confiance. Le label Noulafé est très connu du public, mais nous avons pointé des faiblesses, dont ce manque de lisibilité. À l’instar du niveau de localisme. Avec le nouveau label, une indication précise sera faite des taux de matières premières issues de la production locale et/ou de l’import. Par ailleurs, nous réfléchissons à étendre ce label à d’autres activités que la seule production de biens. La notoriété de la marque est forte, il faut aller plus loin ! Tout comme il nous faut adapter cette marque à la stratégie d’export. Elle est trop connotée pays et ne parle à personne à l’étranger. 

C’est assez technique mais les règles Incoterms (International Commercial Terms) évoluent au 1er janvier 2020. Cela va changer quoi concrètement pour les professionnels réunionnais ? 
Pas grand-chose, il s’agit de règles tarifaires sur les marchés, qui évoluent tous les dix ans pour un besoin d’uniformisation mondiale sur les coûts de passages portuaires. Mais j’en profite pour rappeler le besoin crucial de maintenir l’indépendance du Port de La Réunion vis-à-vis des grandes compagnies internationales. Tous les acteurs locaux doivent rester vigilants, car nous avons besoin d’un port indépendant, efficace et compétitif pour permettre le développement de l’économie réunionnaise. Il apparaît d’ailleurs essentiel d’augmenter encore la densité des dessertes régionales et d’en diminuer les coûts. Tout le monde doit contribuer au développement, endogène comme exogène, de la production locale !

 

Photo : Guillaume Foulon

(*) Adir (Association pour le développement industriel de La Réunion), Aribev (Association réunionnaise interprofessionnelle du bétail, de la viande et du lait), Arifel (Association réunionnaise in-terprofessionnelle des fruits et légumes), Aripa (Association réunionnaise inter-professionnelle de la pêche et de l’aqua-culture), Ariv (Association réunionnaise interprofessionnelle de la volaille et du lapin), FRCA (Fédération régionale des coopératives agricoles de La Réunion), Syndicat du sucre de La Réunion.

Nou La Fé
©Droits réservés

Une volonté d’internationalisation
Fin octobre, au Parc des exposition de Saint-Denis, le forum NxSE a été le théâtre de la signature d’un protocole d’accord pour le renforcement du partenariat industriel entre les îles de l’océan Indien. Sous l’égide de l’Agence française de développement (AFD), l’Association pour le développement industriel de la Réunion (Adir), l’Association des manufacturiers mauriciens et le Syndicat des industries de Madagascar ont ainsi convenu d’intensifier leur partenariat sur la promotion de l’industrie à l’international, l’élévation du niveau de compétences et la promotion des investissements industriels, mais aussi d’approfondir leurs échanges et projets communs et de lancer leurs premières actions de coopération. 
Cette stratégie d’internationalisation est l’un des axes préconisés par le Plan réunionnais pour l’industrie, initié par l’Adir en décembre 2017. Cette feuille de route invite les industriels réunionnais à s’inscrire dans le XXIe siècle en améliorant leur compétitivité sur les marchés (optimisation de l’outil de production, développement de l’agilité, mutualisation des initiatives…) et en misant sur une singularisation fondée sur l’innovation, la prise en compte de la dimension environnementale et sanitaire, la diversification, l’internationalisation et la valorisation par davantage de lisibilité et de communication. Ce en quoi le Livre blanc Produire l’avenir constitue une étape supplémentaire.  

« La canne représente 50 % des exportations totales de l’île en valeur, 70 % si l’on y ajoute le rhum. »
« La canne représente 50 % des exportations totales de l’île en valeur, 70 % si l’on y ajoute le rhum. »

Prête à canner ? 
À La Réunion, 1,8 million de tonnes de canne sont récoltées chaque année (54 % de la surface agricole utile de l’île), ce qui représente 18 300 emplois directs, indirects et induits. La canne représente 50 % des exportations totales de l’île en valeur, 70 % si l’on y ajoute le rhum. Plus de 90 % de la production de sucre est destinée à l’export, pour 80 % des exportations de l’île en volume.
La canne représente aussi 13,3 millions d’euros d’investissements en 2018. La Réunion est aussi le premier centre européen de recherche sur la canne à sucre, avec cinq innovations mondiales depuis 2007. L’île est pourvue de deux sucreries et 13 centres de réception de canne. Enfin, 10 % de l’électricité de La Réunion est issue de la bagasse, coproduit de la sucrerie.

Un site web a été lancé consacré au boeuf pays.
Un site web a été lancé consacré au boeuf pays.

Le Bœuf Pays montre ses cornes
Le 30 octobre dernier, la filière Bœuf Pays a lancé une vaste campagne de communication et un site web (tout-surleboeufpays.com) qui lui auront coûté, selon les estimations du Quotidien, entre 70 000 et 100 000 euros. Objectif ? Répondre aux idées reçues sur le bœuf pays et rassurer les Réunionnais. En effet, nombreux sont les consommateurs locaux à bouder la viande rouge de leur propre terroir. Cette chute des ventes – de 30 % à 50 % – serait due selon l’Association réunionnaise interprofessionnelle pour le bétail et les viandes (Aribev) à l’inquiétude liée à la leucose bovine enzootique (LBE) qu’Emmanuel Macron a promis d’éradiquer d’ici quatre ans. « Des peurs infondées », selon l’Aribev.
Pour la filière, le bœuf péi est une viande locale de qualité et soumise à un contrôle sanitaire rigoureux. Aucune vache malade ne terminerait dans l'assiette du consommateur, les animaux malades étant systématiquement écartés de l'abattoir et finissant à l'équarrissage. « Sans oublier le fait que la LBE est une maladie strictement bovine, non transmissible à l'homme. » Outre la campagne de communication en elle-même, d’autres actions sont programmées. Parmi lesquelles des visites d'exploitations et de l'information à destination des bouchers, des échanges avec des élus, des rencontres avec le consommateur par des animateurs et des éleveurs, notamment dans les rayons des grandes et moyennes surfaces. Reste à savoir si ce travail sur la crise de confiance suffira à permettre à la filière de redresser la tête. Et à quel terme.