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Décès de Jacques Chirac, le fossoyeur du gaullisme

L’actualité internationale récente, c’est le décès de Jacques Chirac à l’âge de 86 ans. Et comme toujours, il est convenable et convenu d'adresser des louanges à une personnalité qui disparaît. C’est vrai que cet « animal politique » était attachant. Et il était d’ailleurs apprécié à La Réunion, à Mayotte et à Maurice, plus particulièrement du côté du Royal Palm qu’il adorait. Le genre de type qui vous tape dans le dos en vous proposant d’aller boire une bière. Rien à voir avec le Sphinx un peu glacial que pouvait être François Mitterrand. Jacques Chirac a su avoir du panache en 2002, lorsqu’il refusa d’engager la France dans la guerre en Irak et osa dire non aux « amis américains ». Mais, au bout du compte, on ne peut qu’être mitigé sur sa stature d’homme d’État. Plus tacticien que stratège, ce Rastignac a été sur-tout le fossoyeur du gaullisme, sa famille de pensée. Mais avait-il une pensée politique, cet opportuniste qui, au cours de sa longue carrière, a dit tout et son contraire ? 
On ne reviendra pas sur ses « trahisons » maintes fois soulignées, en particulier contre le gaulliste Jacques Chaban Delmas, héros de la Résistance, en 1974. Ce qui contribua grandement à la victoire de Valéry  Giscard d’Estaing.
Autre coup porté contre le gaullisme en juillet 1995 : alors président de la République, Jacques Chirac reconnaît la responsabilité de la France – et non plus celle de l’État français, comme l’avait concédé François Mitterrand ans la rafle du Vel d’Hiv (*). Quand on sait que le fondement du gaullisme était justement de considérer le gouvernement de Vichy comme illégitime, on comprend l’importance d’un « geste » que Mitterrand avait toujours refusé. 
Son dernier coup fatal au gaullisme fut le passage du septennat au quinquennat pour le mandat du président de la République. Or la constitution « gaullienne » (quasiment monarchique) de la Ve République a justement prévu un chef de l’État élu au suffrage universel pour sept ans afin qu’il soit au-dessus de la mêlée et des partis. 

Incroyable ! On vient de découvrir l’existence du groupe Hayot

L’actualité plus régionale est marquée par le feuilleton de la vente de Vindémia au groupe Bernard Hayot. Des hommes politiques sont montés au créneau pour dire leur inquiétude qu’un groupe occupe une position dominante. Et maintenant, voilà des acteurs économiques de la grande distribution qui organisent une conférence de presse pour brandir l’épouvantail Bernard Hayot, le « béké » (blanc des Antilles) qui pèserait trop lourd dans l’économie réunionnaise. Ça fait quand même plus de trente ans que le groupe Bernard Hayot se développe à La Réunion, y investissant beaucoup d’argent. Et comme il est plutôt bon dans ses métiers (principalement l’automobile et la grande distribution alimentaire et non alimentaire), il affiche une belle croissance au fil des ans. Au point d’être devenu en 2014, avec un chiffre d’affaires consolidé de 930 millions d’euros, la première entreprise de La Réunion (et de la région proche). Un chiffre d’affaires qui poursuit sa progression, a franchi le cap du milliard en 2017 et se situe à 1,1 milliard d’euros en 2018. Il est étrange que certains s’aperçoivent seulement aujourd’hui du poids économique de ce groupe. Ou bien ceux qui crient au loup sont des autruches qui viennent de sortir la tête du sable, ou bien ils nous jouent une pièce de théâtre. La seconde hypothèse me semble plus plausible. Reste à connaître les mobiles des uns et des autres, qui peuvent différer selon qu’ils sont élus politiques ou acteurs économiques.  
En l’occurrence, les acteurs qui ont le plus réagi portent les enseignes Leader Price, E.Leclerc et Système U. Ils proposent une alternative « made in Réunion » au rachat de Vindémia par le groupe Hayot, passant par le rachat à plusieurs afin de mieux équilibrer le marché avec « des petits qui deviendront un peu plus gros ». On peut se demander si c’était le bon moment pour faire cette proposition alors que l’Autorité de la concurrence, qui doit se prononcer sur la vente, attend le résultat de l’étude d’impact qui devrait être connu fin octobre. En réagissant en amont, les conccurents du groupe Bernard Hayot peuvent lui donner l’impression de vouloir l’influencer et, pis encore, d’avoir formé une coalition, ce qui n’est jamais bon pour la concurrence. D’autre part, dans leur offre, rien n’est clair sur les implantations de Vindemia à Maurice, à Madagascar et à Mayotte. On sait pourtant que le groupe Casino voulait vendre tout ensemble, raison pour laquelle il a choisi l’offre du groupe Bernard Hayot. 

 (*) Les 16 et 17 juillet 1942, les policiers et gendarmes français, sous les ordres du gouvernement de Vichy, arrêtent à Paris plus de 13 000 juifs apatrides qui seront pour la plupart déportés au camp d’extermination d’Auschwitz-Birkenau.