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DÉCÈS DE JACQUES RIVET : Un grand patron de presse tire sa révérence

10 mai 2022 | PAR Alain Foulon | N°368
Jacques Rivet (à g.) en famille lors de la dernière édition du « Tecoma Award » dont « Le Mauricien » était l’un des partenaires. ©Jasun Naidoo
Une page de l’histoire de Maurice vient de se tourner, le 10 avril, avec le décès de Jacques Rivet, passionné de Journalisme avec un grand J et patron du « Mauricien », le plus ancien quotidien encore en activité. Un journal centenaire…

Passionné de journalisme, Jacques Rivet l’était assurément et, plus précisément, d’une presse qui sentait l’encre et la sueur, même s’il avait su se mettre à la page et ne manquait pas d’idées pour son journal centenaire. Le Mauricien avait fêté ses 100 ans en 2008 et, plus récemment, en 2021, il avait célébré les 100 ans du quotidien comme propriété de la famille Rivet. C’est en effet en 1921 que Raoul Rivet, le père de Jacques, avait racheté le journal à son fondateur Eugène Henry. Jacques Rivet avait commencé à y apprendre le métier de journaliste dès l’âge de 17 ans et il devait en devenir l’un des principaux rédacteurs, entretenant des liens étroits avec la presse française. En 1965, à l’occasion d’un stage à France Soir, l’un des grands journaux français de cette époque, capable de sortir plusieurs éditions en une seule journée quand l’actualité le nécessitait, il avait pu côtoyer Pierre Lazaref. Un « grand petit bonhomme », selon Jacques Rivet qui se caractérisait pas son côté « pince-sans-rire ». 
Pendant de longues années, le grand penseur et poète Malcolm de Chazal a publié des chroniques dans Le Mauricien qui ont disparu lors de l’incendie criminel survenu en 1978 et qui a détruit ses archives. Grâce à ses lecteurs, le journal a pu en reconstituer une partie et certaines des chroniques de Malcolm de Chazal ont donné le jour à un livre : Comment devenir un génie ? 
Ayant succédé à son père, Jacques Rivet a développé son titre historique tout en fondant les hebdomadaires Week-End – l’un des plus gros tirages de la presse locale - et Scope. Il a aussi édité Turf Magazine, un titre dédié à l’une des passions mauriciennes : les courses hippiques. 
Homme de plume, sachant se montrer acerbe, il aimait aussi la photographie et adorait les belles « bécanes », ces rotatives qui donnent son sens au papier. L’une de ses fiertés était d’avoir fait l’acquisition d’une Manroland, une grande marque allemande, rotative qui imprime actuellement à la fois Le Mauricien et son concurrent L’Express à travers une joint-venture. 
 

« Le Mauricien », dans son édition du 11 avril, a rendu hommage à son dirigeant qui luttait contre un cancer depuis plusieurs années.
« Le Mauricien », dans son édition du 11 avril, a rendu hommage à son dirigeant qui luttait contre un cancer depuis plusieurs années.
 



Comme le rappelle Agnès Rico, présidente de l’Association internationale de la presse francophone (AIPF), Jacques Rivet était l’un de ses fidèles administrateurs et lui rendait visite régulièrement à Paris. Lors d’une assemblée générale de l’AIPF à Maurice, il avait joué au guide et fait comprendre le pays à ses confrères patrons de presse. 
« Ces dernières années, il commençait à évoquer son départ à la retraite et le passage de témoin, relate Agnès Rico. Et comme toujours, il refusait de se prendre trop au sérieux. Voilà, disait-il, un autre vieux chicot de la presse qui va s’éloigner de ce beau métier qui, malheureusement, subit les effets d’un dévergondage tous azimuts, tiré vers le bas par des monstres électroniques… Malgré cela, il recherchait activement des études, des publications inspirantes sur le sujet, offrant quelques recettes pour combattre l’effritement de la presse qu’il craignait comme irrémédiable. » Ce qui ne l’empêchait pas de vouloir faire revivre, à travers la création d’un musée, l’ambiance d’un journal des années 1950 lorsque la rédaction était intimement collée à l’atelier de typographie. Un projet qu’il n’a pu réaliser, malheureusement.
À son épouse Jacqueline et à toute sa famille, L’Éco austral adresse ses plus sincères condoléances.

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