Eco Austral

Découvrez tous nos articles en illimité. Je m’abonne

Logo Eco Austral
n

Eco Austral

Réunion

Déchets dangereux : le stock évacué au compte-gouttes

L’exportation des déchets dangereux vers les filières de recyclage reste considérablement perturbée par la déstabilisation de la desserte maritime, même si les expéditions de batteries usagées ont pu reprendre.

Le Syndicat de l’importation et du commerce de La Réunion (SICR), en charge d’accompagner la structuration des filières de récupération pour plusieurs éco-organismes, avait tiré la sonnette d’alarme dès le mois de juin. La désorganisation de la desserte maritime de La Réunion ne pénalise pas seulement les importateurs et les exportateurs locaux. Elle perturbe aussi considérablement le fonctionnement des filières de collecte des déchets dangereux, qui doivent ensuite être exportés vers des unités de recyclage de Métropole ou des pays voisins faute de solution de valorisation locale. C’est notamment le cas des batteries de voiture, qui constituent la masse la plus importante (2 675 tonnes en 2020) des 4 500 tonnes de déchets dangereux que Suez RV Réunion a la charge de conditionner et d’expédier chaque année. Les batteries sont au préalable collectées par l’éco organisme ATBR (Association de traitement des batteries de La Réunion), qui n’a pu assurer totalement sa mission à partir du 2ème trimestre 2020. 
Suez a obtenu des services de l’État l’autorisation de stocker davantage de déchets sur son site de transit de Saint-André et a pu, au fil des mois, assurer quelques expéditions de conteneurs de batteries. L’énorme stock accumulé dans les garages automobiles commence à se résorber, mais « même si Suez peut reprendre 100 % de nos collectes, on ne peut pas faire de miracle, commente David Pincepoche, directeur d’ATBR. Nous estimons à 300 tonnes la masse des batteries qui resteront sur les points de collecte en fin d’année ».
Les exportations de batteries ont pu reprendre au gré des opportunités de capacités sur les bateaux de MSC, la seule compagnie qui accepte les déchets dangereux au départ de La Réunion, uniquement grâce à un point réglementaire. Pour exporter de tels déchets, l’opérateur doit obtenir au préalable le consentement de tous les ports où la compagnie maritime fait escale ou transborde.
Concernant les batteries de voitures, Suez avait négocié avec MSC un accord pluriannuel, encore valable aujourd’hui. « En revanche, pour les autres catégories de déchets dangereux, les compagnies exigent désormais un consentement avec les ports d’escale, mais également avec les ports où leur bateau est susceptible de s’arrêter en cas d’imprévu, explique Franck Perez, directeur de l’agence Réunion de Suez. Nos équipes y travaillent d’arrache- pied mais certains pays ne sont pas familiers de ces procédures et tardent à nous répondre. On ne désespère pas d’obtenir les derniers consentements dans les semaines qui viennent. » 
Le temps presse. Le site de stockage saint-andréen de Suez arrivera à saturation début 2022, pour des raisons de sécurité. Si le flux des expéditions ne peut pas reprendre, « nous serons obligés d’arrêter la collecte », prévient Franck Perez.

Les filières REP pénalisées par la crise

Les 14 éco-organismes représentant sur l’île les filières REP (à responsabilité élargie des producteurs) ont collecté 64 459 tonnes de déchets en 2020. Après avoir augmenté de plus de 30 % en 2019, ces tonnages ont à peine progressé. Et cette augmentation n’est due qu’à la mise en place d’une nouvelle filière, la récupération des véhicules usagés abandonnés (1 800 tonnes en 2020). La collecte des déchets a d’abord été perturbée par le confinement, de mars à mai 2020, puis le dérèglement de la desserte maritime a entraîné le report ou l’annulation de nombreuses opérations d’exportation.

Nouvelles filières en 2022

Les jouets, les articles de sport et de loisirs et les articles de bricolage et de jardin devraient pouvoir être collectés et dirigés vers des filières de recyclage dès cette année 2022. Une nouvelle filière REP pour les produits et matériaux de construction du secteur du bâtiment est d’autre part prévue par la loi de février 2020 relative à l’économie circulaire. Elle devait voir le jour début 2022, mais son lancement a été reporté au 1er janvier 2023. Plusieurs éco-organismes pourraient être retenus pour animer cette filière.