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Réunion

DES PROJETS POUR LE SUD SAUVAGE : Les ambitions de la Casud

« L’Éco austral » est allé à la rencontre de la Communauté d’agglomération du Sud (Casud), qui regroupe les communes de L’Entre-Deux, de Saint-Joseph, de Saint-Philippe et du Tampon. L’occasion de rencontrer des acteurs économiques aussi divers que dynamiques et faire le point sur les projets d’une intercommunalité atypique.

Maire de Saint-Joseph, devenu le « Monsieur Économie » du Conseil régional, Patrick Lebreton n’en démord pas : l’intercommunalité à laquelle appartient sa commune, la Communauté d’agglomération du Sud (Casud), a tout intérêt à se rapprocher de sa voisine, la Communauté intercommunale des villes solidaires (Civis). Une voisine très intime, puisqu’il faut la traverser pour aller de l’Entre-Deux ou du Tampon à Saint-Joseph ou Saint-Philippe ! Mais ce n’est pas la première fois que l’histoire politique accouche d’une bizarrerie géographique… 
Avec ses 130 000 habitants, la Communauté d’agglomération a sa légitimité économique, même si ses deux pôles ne communiquent pas physiquement. Au Tampon, un pôle d’attraction est en train de prendre forme dans le secteur de Trois-Mares où la zone d’activité se modernise et s’agrandit. Au pays de TAK (André Thien Ah Koon), l’heure est aussi au verdissement, avec des projets d’aménagement parfois contestés mais ambitieux (extension du parc des Palmiers, création du parc du Volcan et du corridor botanique Endémiel, belvédère de Bois-Court). Discrètement, la commune est aussi en train de gagner la bataille de l’eau agricole : le développement de l’irrigation ouvre de nouvelles perspectives à la production et pourrait créer de nouvelles opportunités de transformation agroalimentaire. 

Stopper l’évasion commerciale

À Saint-Joseph, une autre expérimentation mérite l’attention. Patrick Lebreton a fait un choix à contre-courant, il y a quelques années, en décidant de doter son centre-ville d’une périphérie. Alors que la majorité des maires de France et de Navarre se battent pour sauvegarder l’activité de leur centre-ville, lui a ouvert les portes de la nouvelle zone des Terrass à l’enseigne Leclerc, pour stopper l’évasion commerciale vers Saint-Pierre. Pari gagné ? Peut-être pas encore, mais pas loin.
L’Entre-Deux (7 000 habitants), commune des Hauts si proche des Bas, peut pour sa part continuer à se structurer sans perdre son charme créole, en s’appuyant sur les facilités offertes par son adhésion au programme gouvernemental « Petites villes de demain ». La mairie comme la Casud y nourrissent également des ambitions de valorisation économique moderne des traditions patrimoniales, de la distillation du géranium au travail de la fibre de choka. Une zone d’activité en projet au Serré permettra-t-elle d’amorcer le mouvement ? Quant à Saint- Philippe, l’autre Petit Poucet de la Casud, son éloignement lui laisse peu d’arguments pour attirer l’activité, même si elle abrite, à l’écart des regards, l’usine d’embouteillage de l’eau Australine.

« On perd nos moyens quand on se dilue »

Pour Patrick Lebreton, maire de Saint-Joseph et vice-président du Conseil régional, le territoire du Grand Sud gagnerait à faire se conjuguer la microrégion avec une très grande intercommunalité remplaçant la Civis et la Casud. « Cela fait douze ans que je travaille sur le sujet. Enfin, le 18 février 2020, le Schéma de cohérence territoriale (Scot) que je préside a été adopté. Il prévoit la mise en intercommunalité d’un territoire du Grand Sud. Une bonne chose car on perd nos moyens quand on se dilue. Une seule grande intercommunalité est dans l’intérêt du Sud. Ce n’est pas mettre dans la main du maire de Saint-Pierre ou du Tampon tous les moyens, c’est se dire que sur les grands axes comme Ileva, le traitement des ordures ménagères, le transport, la santé, voire l’Université, tout cela pourrait être décidé sur un plan central qui serait par exemple la capitale du Sud, en tout cas pour les grands intérêts dépassant les cadres de bassins de vie. »
Hervé Chossat