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Des salades vraiment vertes avec l’aquaponie

« Le déclic est intervenu il y a quelques années quand, au détour d’une discussion, j’ai appris la quantité faramineuse de salades vertes importées de remédier à cette aberration », explique Jean-François Choux, le gérant de la société Aqua Réunion, créée en 2016. Après avoir découvert et s’être formé à l’aquaponie en Australie et aux Etats-Unis, l’entrepreneur revient dans l’île avec les connaissances et le savoir-faire permettant de construire ses propres fermes aquaponiques. « Nous sommes aujourd’hui à même de les proposer aux agriculteurs intéressés », annonce-t-il. Au Bernica, Albin Pouget est le premier agriculteur péi à bénéficier de ce partenariat. Après de longs mois d’ajustements techniques, Albin et Jean-François ont récolté en juin leurs premiers quintaux de mesclun issu de l’aquaponie. « Nous obtenons environ 2 kg de mesclun par m2 et la parcelle fait 200 m2 », précise l’agriculteur. « Avec une récolte toutes les trois semaines, le rendement annuel est nettement supérieur à une culture classique de salade », ajoute Jean-François Choux.
Des économies d’eau considérables
Mais le bénéfice de l’aquaponie ne se mesure pas qu’en termes de productivité. Loin de là. « Il est avant tout environnemental et sani -taire, estime le gérant d’Aqua Réunion. En aquaponie, nous sommes contraints d’appliquer des principes qui vont bien au-delà du bio traditionnel. » En effet, l’idée de l’aquaponie est de produire des légumes et des fruits localement par reproduction de ce qu’offre la nature, en combinant l’élevage de poissons (en l’occurrence des tilapias) et la production de légumes (ici du mesclun). L’ammonium dégagé par les poissons dans leur bassin est transformé en nitrites par une première bactérie présente dans la nature. Puis ces nitrites sont transformés, grâce à la bactérie nitrobacter, en nitrates sous forme d’azote, présents dans l’eau propulsée sous les mescluns. « L’eau qui circule sous les pousses est porteuse des éléments nutritifs utiles, détaille Jean-François Choux. En bout de course, purifiée par les plantes qui s’en nourrissent, l’eau retourne aux poissons. Et ainsi de suite... Nous avons en fait reproduit le cycle naturel de l’azote. » En circuit fermé, l’aquaponie permet d’économiser 80 % à 90 % d’eau par rapport aux autres cultures. En outre, contrairement à l’hydroponie, sa cousine hors-sol sans poissons, aucun ajout de produit chimique, même autorisé en bio, n’est permis en aquaponie. « Cela tuerait les poissons ! » Selon Jean-François Choux, « l’aquaponie est la conséquence directe de la volonté du client final de consommer des produits locaux, sans pesticides et sans produits chimiques ». À La Réunion, ces consommateurs privilégiés sont pour l’heure les clients de restaurants de l’Ouest situés dans un rayon de 15 km maximum, empreinte carbone oblige.
Des produits bio vendus à moins de 50 km du lieu de production et sans utilisation de pesticides dits bio. Tel est le concept du label VB (Vraiment Bio) initié par Aqua Réunion depuis La Réunion. « Le client final ne veut plus de bio qui a parcouru des milliers de kilomètres, en provenance de pays dont les normes ne sont pas identiques aux nôtres, note Jean-François Choux, le gérant de la société. En apposant le label VB, nous court-circuitons ces produits et ne proposons que des fruits et légumes bio produits localement. » Les agriculteurs qui se sentent concernés peuvent contacter Aqua Réunion. « Et l’adhésion au label est gratuite ! »