Eco Austral

Désiré Elliah, nouveau président de l’Ahrim

C’est dans un contexte morose que Désiré Elliah, CEO de Lux Island Resorts, a été élu président de l’Association des hôteliers et restaurateurs de l’île Maurice (Ahrim). Ses principaux challenges sont de relever un secteur hôtelier très endetté et de diversifier davantage la destination.

« Vous avez choisi, pour vous représenter, un expert-comptable de formation. Est-ce un choix anodin ? Le challenge de l’industrie est-il d’abord financier ? Il l’est, sans aucun doute », reconnaît Désiré Elliah, fraîchement élu à la présidence de l’Association des hôteliers et restaurateurs de l’île Maurice (Ahrim). Cette dernière représente les groupes et propriétaires d’hôtels, les résidences de tourisme, les maisons d’hôtes, les restaurants et autres structures relevant de l’Integrated Resort Scheme (IRS). 
Si la réouverture des frontières a suscité l’enthousiasme d’un pays durement impacté par la covid, la dégradation de la situation sanitaire mondiale a été une douche froide pour le secteur touristique. À preuve de cette situation compliquée, la 48e assemblée générale de l’Ahrim n’a accueilli, en raison des contraintes de jauge, qu’une trentaine d’hôteliers…

Un secteur en souffrance

« Ces 18 mois d’inactivité nous laissent à sec, avec une dette supplémentaire de 15 milliards de roupies (près de 300 millions d’euros – NDLR) », expose le nouveau président. Face à la situation très préoccupante, la plupart des groupes hôteliers ont renégocié des délais de remboursement de prêts ou obtenu des moratoires de certaines banques. Certains ont aussi conclu des accords avec la Mauritius Investment Corporation (MIC), le fonds souverain mauricien, pour acheter des obligations convertibles en actions. « L’aide de la MIC a permis de maintenir la confiance. À preuve, pas un groupe hôtelier n’a vendu ses actifs pour investir ailleurs. Certains groupes ont même consolidé leur présence à Maurice, d’autres ont remis en état leurs établissements et se sont renouvelés. » L’État a aussi créé deux plans d’aide destinés aux secteurs informel et formel : le Self-Employed Assistance Scheme et le Wage Assistance Scheme (WAS)…
Pour redémarrer, Maurice doit d’abord diversifier ses marchés, d’autant que l’envie de voyager a été décuplée par le confinement. Le luxe, en particulier, devrait connaître une croissance exceptionnelle. « Les recettes globales du secteur, qui avaient atteint 950 milliards de dollars en 2019, un chiffre record, devraient dépasser mille milliards de dollars en 2027 ! », explique Désiré Elliah. Mais comment profiter de cet engouement ?L’une des réponses est de se diversifier encore plus. « Je voudrais citer le cas des Maldives. Lorsque les frontières de la Chine, leur premier marché, se sont brutalement fermées, elles ont réagi en captant les touristes d’Europe de l’Est et centrale, et aujourd’hui, malgré la crise, elles enregistrent des chiffres records d’arrivées ! » Si Maurice s’est lancée timidement dans une stratégie de diversification vers les marchés russe et scandinave, elle doit se positionner plus fortement sur l’axe Asie-Afrique. « Pour partir à la conquête de ces nouveaux touristes, il est absolument nécessaire que nous donnions à Air Mauritius de nouvelles ailes », relève Désiré Elliah.