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Océan Indien

Désolé, j’aime toujours Brigitte Bardot

Ancienne égérie de la libération de la femme, mais aussi de l’élégance française, devenue une passionaria de la cause animale, Brigitte Bardot a secoué le cocotier dans une lettre adressée au préfet de La Réunion le 18 mars. Très en colère en raison de la maltraitance animale, BB évoque des « traditions barbares » et une « population dégénérée ». Des propos excessifs sans aucun doute, et dictés par la colère, mais qui ne méritaient pas qu’on en fasse un scandale national. Toutes les ligues de vertu, qui vivent de cette rente de situation, sont montées au créneau et les plaintes pour « injures à caractère raciste » ont plu comme par temps cyclonique. Les misogynes en ont rajouté en sous-entendant qu’une jolie femme ne pouvait pas être intelligente. Brigitte Bardot avait déjà soulevé des protestations en s’en prenant à l’abattement rituel en France où l’administration – en particulier les services vétérinaires – ferment les yeux par lâcheté. La loi n’est-elle pas la même pour tout le monde ? À 84 ans, Brigitte Bardot, qui a soutenu les Gilets jaunes, n’a peur de rien. Si elle était un homme, on dirait qu’elle n’a pas la queue plate. Dans le cas de La Réunion, sa colère s’explique par l’importance de l’errance animale. On compterait 73 000 animaux errants dans ce petit territoire de 860 000 habitants et il est fréquent, selon les associations de protection animale, de retrouver des chiens avec des oreilles tranchées ou des pattes sectionnées. Le problème de l’errance animale se pose également avec la même acuité à l’île Maurice. Il serait temps qu’on le règle. 
Pour en revenir au scandale médiatique, orchestré par des pisse-vinaigre, on peut se demander si le fait de traduire Brigitte Bardot en justice fera reculer le racisme. Malgré les ligues de vertu, on voit au contraire l’intolérance monter en flèche dans certaines banlieues françaises où il ne fait pas bon être une femme « libre » ou un « mécréant ». C’est plutôt là que devrait se porter notre attention.
Au final, BB a réussi une belle opération de communication puisqu’on n’a jamais autant parlé de ce fléau de l’errance et de la maltraitance animales. 

Que faire avec notre canne à sucre ?

Passons à un sujet plus « économique » mais un sujet qui fâche également : la canne à sucre. À La Réunion comme à Maurice, la production de sucre n’est plus rentable et a besoin de subventions publiques pour survivre. Avec la mondialisation et la fin des quotas et prix garantis par l’Union européenne, on pouvait s’en douter. Mais comme toujours, on n’a pas vraiment anticipé… Que faire maintenant pour un secteur où les enjeux sociaux sont importants ? Faut-il remplacer les champs de canne par des champs de cannabis qui serait exporté vers des pays aux législations souples ? Le choc culturel serait difficile à gérer. Faut-il en finir avec la production de sucre et utiliser la canne comme source d’énergie ? Face au charbon, on peut douter de ce modèle économique. 
En tout cas, dans ce dossier, il sera difficile de n’agir que partiellement. Les usines sucrières ont besoin que la production de canne se maintienne. Donc, soit on continue comme ça, soit on revoit tout, en prenant bien sûr les mesures d’accompagnement social nécessaires. Un dilemme pour nos dirigeants politiques qui pensent le plus souvent à leur réélection. 

Le cluster à la rescousse

Et il n’y a pas que le secteur sucrier qui pose problème actuellement. À Maurice, c’est l’industrie textile qui se reprend à douter de son avenir. Avec une roupie qui reste forte et face à une concurrence mondiale féroce, les usines sont de moins en moins rentables et certaines ont dû fermer leurs portes. Là encore, on a l’impression que c’est une nouvelle page de l’histoire économique qu’on va devoir tourner. Les principaux groupes de textile ont déjà opté pour une stratégie de délocalisation, d’autant que se pose à Maurice la question des ressources humaines. La plupart des jeunes Mauriciens ne veulent plus travailler dans le textile et l’on est obligé d’importer des ouvriers étrangers, pas toujours bien traités.
Face à tous ces défis économiques mais aussi sociétaux, il faudra savoir innover et se réinventer. Plus que jamais, la coopération entre les îles de la région, en particulier entre leur secteur privé, s’avère indispensable. La stratégie du cluster paraît judicieuse dans de nombreux dossiers dont les grands dossiers que représentent l’économie de la mer, la production agroalimentaire et l’économie circulaire.