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Développement personnel ou impersonnel ?

Ces derniers temps, je lis des articles remettant en question le développement personnel au point de le traiter de nouvelle religion ou de se demander s’il faut le détester. Bien sûr, la critique est aisée si l’art est difficile, mais là les termes sont vraiment durs !

Avec le développement du coaching, le développement personnel (DP) s’est généralisé dans nos entreprises. Mais il passe aux yeux de certains pour être peu sérieux, manquer de rigueur ; pis, ce serait une démarche mercantile, limite malhonnête. À noter que, comme la philosophie, le DP porte sur des problèmes existentiels : vivre avec les autres, vivre avec soi-même. Sauf que la philosophie est prise au sérieux et même enseignée à l’Université, alors que le développement personnel, pas du tout !
Quand la philosophie n’en vient pas à tirer à boulets rouges sur le DP. Ainsi de la philosophe Julia de Funès qui dénonce le paradoxe du « tout coaching » qui ne fait disparaître aucun problème, mais qui, comble du sort, devient du « développement impersonnel ». Cette notion de « développement impersonnel » est intéressante car, pour être honnête, je ressens aussi cela face aux interventions des multiples coachs. Très souvent, le but recherché par l’entreprise est de ramener les brebis égarées dans le droit chemin du travail. Ramenées à la bergerie par le coach, devenu en quelque sorte le chien de berger.

Un livre par mois,  « suivi à la lettre »

Certes, nous savons tous que le monde des entreprises n’est pas philanthrope et que si ces dernières se sont intéressées au développement des ressources humaines, c’est d’abord pour améliorer la productivité, les ventes, le marketing… La règle du jeu du monde entrepreneurial reste le capitalisme, il ne faudrait pas l’oublier. Parfois, on essaie d’édulcorer la dureté du système en l’affublant de l’adjectif « social ». 
Mais le développement personnel travaille sur une autre dimension, celle de la psychologie des personnes, car au-delà de la question du confort et de la sécurité des travailleurs se posent d’autres questions également très importantes comme la motivation, l’expression personnelle, le développement des talents et potentiels, le sens donné à sa vie, etc. Autant d’antidotes à ces fléaux que sont le burn out, l’épuisement au travail, la déprime, la fatigue, le harcèlement, pour ne citer que ceux-là.
Mais que valent tous ces conseils de coachs ? Pendant plus d’une année, la journaliste britannique Marianne Power a suivi à la lettre les conseils de douze best-sellers du rayon « Mieux-être ». Enthousiaste, elle décide de s’accorder un an pour accomplir sa propre révolution de développement personnel. Pour cela, un livre par mois, « suivi à la lettre ». « À bien des égards, ce voyage a été un désastre », écrit Marianne Power. Elle ajoute : « J’ai creusé mes dettes, ma productivité s’est effondrée et je pèse six kilos de plus que quand je me suis lancée dans ce projet. »
Son constat ? Sous l’appellation non contrôlée DP se cache un joyeux méli-mélo où se côtoient le meilleur et le pire. D’un côté, des guides sérieux qui proposent « des outils pouvant aider à gagner en mieux-être physique, émotionnel et relationnel », de l’autre côté, des manuels remplis de formules promettant « la lune à ceux qui ont perdu le soleil », pour paraphraser le philosophe André Guigot. 
Alors… Comment s’y retrouver dans cette bibliothèque de manuels de coaching qui s’enrichit annuellement de près de 700 titres ?  En fait, il existe bien un DP sérieux, mais celui-ci passe pour n’offrir aucune garantie de succès ou de sérénité « nirvanesque », pas plus qu’il ne donne « un mode d’emploi de la vie clés en main avec recette incorporée ». En revanche, il invite à pratiquer l’introspection, à travailler sur soi, et propose des exercices visant à faciliter la prise de conscience de blocages, à modifier des croyances ou des agissements créateurs de mal-être. Bref, il faut rester modeste et humble dans le recours au développement personnel !

Bernard Alvin
Il est à la tête de son propre cabinet, Bernard Alvin Conseil, fondé en 1995 et spécialisé dans l’accompagnement des hommes dans le domaine du développement des potentiels. Bernard Alvin a « coaché » ses premiers cadres et dirigeants dès 1991, faisant figure de pionnier avant que n’arrive la mode du coaching. Cherchant à aller plus loin, il fera émerger le concept de « management vocationnel » à partir de 2005. Il a pratiqué son métier en France métropolitaine, dans les DOM-TOM et dans plusieurs pays dans le monde, dont le Brésil. Il intervient en effet en français, en anglais et en portugais.