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DIDIER RICHET, CONSULTANT-FORMATEUR : « L’intelligence collective, c’est le pouvoir de l’ensemble »

En période de crise, plus que jamais, l’intelligence collective s’avère précieuse pour faire face à la situation. Didier Richet, consultant-formateur à Maurice, s’en explique dans cet entretien où il évoque l’implantation de la marque « C’est qui le patron ?! » dans l’océan Indien.

L’Éco austral : Pourquoi vous exprimer sur le sujet de l’intelligence collective ?
Didier Richet
: Originaire de Périssac, petit village du sud-ouest de la France, j’ai envie de partager et de construire une expérience à Maurice, mon pays d’adoption où je vis depuis 2011. J’ai rapidement constaté que l’intelligence collective faisait clairement partie de l’ADN mauricien. Il y a même un nom pour cela en créole : lakorite, qui désigne ce pouvoir de l’ensemble, cette force du collectif. Par exemple, lors de l’épisode du naufrage du Wakashio en 2020, des milliers de personnes se sont organisées très vite pour confectionner des boudins de paille de canne et même de cheveux pour contenir les nappes de pétrole. Et cela a fonctionné ! Inspirant des internautes du monde entier. Voilà un magnifique exemple d’intelligence de groupe.

On pourrait parler du pouvoir de l’ensemble ?
Effectivement. Selon Robert Dilts, écrivain et chercheur américain en intelligence collective, le tout est supérieur à l’addition des parties, on obtient 1 + 1 = 3 ou 4 ou 5. L’intelligence collective procède d’une synergie où l’on réussit à faire ensemble ce qu’il est impossible de faire seul. Très souvent aussi, il émerge quelque chose d’inattendu, dont personne n’a connaissance. 

Qu’est-ce qui fait la différence ?
En intelligence collective, la collaboration est générative. De nombreuses innovations révolutionnaires ne viennent pas d’une personne, mais de la synergie de deux personnes, comme Steve Jobs et Steve Wozniak. Apple. C’est quelque chose que personne n’aurait jamais pu imaginer ou planifier à l’origine. En intelligence collective, le résultat n’est donc pas connu à l’origine. Ce qui va arriver, c’est l’idée d’émergence, quelque chose commence à prendre forme, mais il n’est pas évident de dire de quoi il s’agit. Il faut accepter l’incertitude comme le début d’une émergence. L’impermanence et l’incertitude sont deux notions qui caractérisent la vie, mais l’être humain, par nature, n’aime pas le changement. 

Comment doit-on procéder ?
Qu’elles soient philosophiques, basées sur des croyances ou diverses approches de développement personnel, plusieurs voies sont possibles. Personnellement, je pratique la mindfulness, une approche méditative laïque, modélisée par le Dr Jon Kabat Zinn sous le nom de Mindfulness Based Stress Reduction (MBSR). Lorsque nous sommes stressés ou déconcentrés, surtout dans le contexte actuel pas toujours réjouissant, notre esprit vagabonde et nous sommes parfois coupés de l’instant présent. La mindfulness permet de revenir dans l’« ici et maintenant ».

Pouvez-vous nous citer un autre exemple récent où l’intelligence collective a fait ses preuves ?
Né en 2016, suite à la levée des quotas laitiers en France, la coopérative C’est qui le patron ?! (CQLP) la Marque du consommateur, s’est mobilisée pour venir en aide aux producteurs en grande difficulté. Cette initiative, dont le fondateur est Nicolas Chabanne, a connu un succès retentissant et inédit de par son modèle. La Marque du consommateur est destinée à nous permettre, à nous « consommaC’teurs », de reprendre en main notre consommation et de redonner des sourires à l’autre bout de la chaîne en rémunérant les producteurs au juste prix. Cela s’est fait sans « business plan », seulement avec la force du collectif et du bon sens, autour de valeurs comme la bienveillance et le soutien. Aujourd’hui, c’est plus de 3 000 familles de producteurs qui sont soutenues, 343 millions de produits vendus en grande distribution et 11 800 sociétaires de la coopérative dont je fais partie.

Peut-on reproduire ce modèle dans l’océan Indien ?
Je suis mandaté pour étudier, tous ensemble, la faisabilité d’avoir la marque CQLP dans la région océan Indien. Vu que c’est nous, les « consommaC’teurs », qui décidons, nous avons à en exprimer la nécessité à Maurice, à La Réunion, à Madagascar… Et de choisir les produits locaux à soutenir. Ensuite, CQLP à Paris, validera ou pas ce projet, en fonction de la « bande passante » existante, car les choses se feront en harmonie avec les possibilités du moment de cette magnifique initiative qui monte, qui monte. Maintenant, c’est à nous de jouer…

©Droits réservés
 

Didier Richet

Consultant-formateur et coach, Didier Richet est expert en force de vente, management, mieux-être et efficacité au travail. Excadre de Renault France Automobiles, entrepreneur dans la formation, il intervient en France, dans l’océan Indien et en Amérique centrale.