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Réunion

Didier Robert, président de la Région Réunion : « Des moyens humains, techniques et financiers exceptionnels »

Près de 150 mesures environnementales sont mises en œuvre chaque jour autour du chantier de la Nouvelle Route du Littoral (NRL). Un chantier que Didier Robert, le président de la Région Réunion, a voulu « exemplaire » au regard des enjeux du développement durable.

Est-ce que ce chantier n’est pas comme un marqueur temporel du changement de mentalité qui s’est opéré en une génération ? L’ancienne route du littoral, construite il y a 40 ans, ne prend aucun compte de l’impact sur la nature, avec, par exemple, l’eau de ruissellement qui part directement à la mer (avec les résidus d’huile moteur, de carburant, les poussières de plaquettes de frein, etc.) alors que la NRL (Nouvelle Route du Littoral) est exemplaire sur le sujet, avec la récupération des eaux de ruissellement qui vont vers des bassins de décantation.
Didier Robert : La prise en compte de l’environnement dans les travaux et les aménagements et, d’une manière générale, dans les politiques publiques, a effectivement connu des évolutions considérables au fil des 40 dernières années jusqu’à devenir aujourd’hui une thématique incontournable. Le projet de Nouvelle Route du Littoral est un parfait exemple de cette prise de conscience. J’ai en effet souhaité que ce chantier de sécurisation de l’axe routier entre Saint-Denis et La Possession, exemplaire dans ce domaine, intègre les enjeux du développement durable de la phase de conception jusqu’à l’achèvement des travaux. C’est ainsi que des mesures pour éviter des impacts ont été élaborées en concertation avec des experts, telles que l’évitement du banc des Lataniers ou la réduction des besoins en matériaux. Elles ont été prolongées par des mesures de réduction, de suivi et de compensation des impacts.
Sur le volet environnemental, ce sont près de 150 mesures de suivi, de réduction des impacts et de compensation qui sont mises en œuvre chaque jour dans cet objectif de préservation du patrimoine naturel. Signe de cet engagement, des moyens financiers exceptionnels, à hauteur de 5 % du montant de l’opération, sont consacrés au volet environnement du chantier de la NRL. C’est très supérieur aux pratiques habituelles sur ce type de projets, avec des parts qui s’établissent en général de 1 à 2 %. 

Douze personnes à plein temps au sein des équipes de la Collectivité sont dédiées au suivi environnemental du chantier de la NRL : c’est la première fois que l’on voit ça à La Réunion ?
Les moyens humains consacrés au volet environnemental du chantier NRL sont à la hauteur de l’exemplarité souhaitée pour le projet de la Nouvelle Route du Littoral. Au-delà du nombre de personnes affectées au suivi de l’opération, c’est toute une organisation qui a été mise en place pour assurer un management environnemental permettant d’atteindre les objectifs fixés. C’est une concertation et une volonté constantes d’associer les acteurs locaux de l’environnement. Cette organisation intègre non seulement des moyens dédiés au sein des services de la Région, du maître d’œuvre et des entreprises, mais également un assistant à maîtrise d’ouvrage « environnement » reconnu et expérimenté, ainsi que des contrôles extérieurs spécialisés pour la prise en compte des enjeux particuliers liés au chantier, tels que la qualité de l’eau, les mammifères marins, les biocénoses marines, la faune et la flore de la falaise littorale. Un comité de suivi se réunit une fois par an pour faire le point de l’avancement, le bilan environnemental et le respect des engagements.

Où en est le projet d’inscription du Chemin des baleines au Patrimoine mondial de l’UNESCO ? Ce serait une juste récompense pour tous les efforts consentis sur ce chantier !
Les près de 150 mesures développées autour du chantier NRL ont un impact sur la préservation globale de notre territoire et, dans cette démarche, l’inscription au Patrimoine mondial de l’Humanité du Chemin des baleines revêt plusieurs objectifs. Une reconnaissance légitime du caractère exceptionnel au plan mondial de cet élément de la biodiversité de l’océan Indien d’abord : plusieurs mois par an, des baleines à bosse viennent dans nos eaux pour donner naissance à leur baleineau. Ensuite, cette inscription demain représenterait une véritable sanctuarisation de notre espace océanique et permettrait une préservation à long terme. Enfin, cette inscription constituerait aussi, naturellement, un atout supplémentaire en termes d’attrait touristique pour les destinations de l’océan Indien.
L’inscription du Chemin des baleines répond à un processus long que nous avons initié en 2012, et auquel nous avons donné une dimension de coopération régionale dès 2013. Après la création du Comité Baleines et le soutien reçu par Nicolas Hulot en tant qu’envoyé du président de la République pour le Climat en 2014, nous avons lancé une première étude de faisabilité en 2015. Année où la Région a passé un accord-cadre avec l’association malgache CétaMada, à l’occasion du 1er Congrès international des baleines à bosse qui s’est tenu à Madagascar. Aujourd’hui, les données scientifiques issues des différentes études en cours nous permettent de consolider le dossier de candidature et je suis très confiant dans le fait que nous puissions déposer une demande formalisée auprès de l’UNESCO avant la fin de la mandature.
Le viaduc de l’île de Ré mesure 2 927 mètres et c’est le plus grand viaduc en mer de France. Avec les 5 409 mètres du viaduc de la NRL, La Réunion va lui ravir la première place…
Les mesures que vous donnez parlent d’elles-mêmes, mais je souhaite insister sur le fait que l’objectif n’est pas ici de battre des records. La construction de la Nouvelle Route du Littoral, et par conséquent de son viaduc, répond avant tout au besoin de réaliser une alternative à la route actuelle qui est en fin de vie. Une alternative qui réponde aux besoins de sécurisation de cet axe économique majeur et qui permette des emprises dédiées aux transports en commun. Si la construction du viaduc représente un chantier excep-tionnel faisant appel à des techniques de pointe, nous restons malgré tout, en termes de record, bien loin des 55 km du pont qui assure la liaison Hong Kong-Zhuhai-Macao.

Comment définiriez-vous l’intervention des femmes et des hommes du BTP, mais également et plus largement des secteurs de l’environnement, pour faire de ce chantier un ouvrage exemplaire ?
Pour toutes les opérations menées dans le cadre de la réalisation des travaux de la Nouvelle Route du Littoral, des processus définissent précisément le rôle de chacun des partenaires aux fins d’une efficacité maximum. À titre d’exemple, le sujet de la préservation des mammifères marins mobilise les expertises métiers des entreprises (rideau de bulles atténuant les niveaux de bruit primé au niveau national), du maître d’œuvre, de l’assistant à maîtrise d’ouvrage « environnement » et des contrôles extérieurs dédiés (surveillance visuelle et acoustique, suivi comportemental) ; le tout sous le pilotage de la Collectivité, garante du bon fonctionnement du dispositif.
Je tenais à remercier l’ensemble de ces acteurs ; notre équipe régionale dédiée à l’environnement sur le chantier, bien évidemment, mais, sans pouvoir tous les citer, également : Biotope, notre assistant à maîtrise d’ouvrage ; Egis, notre maître d’œuvre ; nos partenaires publics : l’État, l’Office national des forêts, le Conservatoire botanique des Mascarins… ; ceux privés réalisant les contrôles extérieurs et ceux associatifs comme la SEOR, Globice, Quiet Oceans… Merci à tous ces professionnels, avec lesquels vous pourrez faire connaissance dans les pages qui suivent, pour leur implication à rendre exemplaire l’intégration de ce chantier dans son environnement.