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DIYA NABABSING-JETSHAN RESPONSABLE DE LA TRANSFORMATION NUMÉRIQUE D’IBL : « Des entreprises vont accélérer leur transformation numérique »

Les entreprises font face à une récession économique sans précédent et certaines ressentiront plus que jamais l’impératif d’une transition numérique. Diya Nababsing-Jetshan s’en explique…

L’Éco austral : Beaucoup annoncent qu’un des changements inévitables causés par cette crise est la transition numérique des entreprises mauriciennes. Partagez- vous cet avis ? 
Diya Nababsing-Jetshan
: Il faudrait déjà prendre conscience de ce que le digital a permis de faire pendant cette crise : permettre aux entreprises de continuer à opérer avec des solutions telles que le télétravail, des sites e-commerce, les paiements digitaux et, dans les pays avancés, la robotisation des entrepôts et les livraisons par drone. Beaucoup de gouvernements ont rapidement eu recours à la technologie pour contenir le virus. De nombreuses entreprises sont restées dans l’ère de l’informatisation des années 1990 et n’ont pas suffisamment investi pour faire évoluer leur système afin de gagner en efficacité et mieux répondre aux attentes des clients pour lesquels le numérique est aujourd’hui omniprésent. La relation avec le client est souvent appréhendée d’un point de vue purement transactionnel et l’importance accordée à l’expérience client n’est pas toujours au rendez-vous. Des dirigeants ayant réalisé l’apport du digital ont établi un plan à long-terme bien structuré. Ces entreprises vont accélérer leur transformation numérique alors que pour d’autres, aujourd’hui, c’est une question de survie en raison de la nature de leur business. 

Si les entreprises mauriciennes semblent en retard dans le numérique, c’est qu’elles doivent avoir des raisons ? 
La taille de notre marché ne joue pas en notre faveur et a toujours été un frein pour les investissements numériques. Si nous regardons le secteur de la logistique en Chine, le degré de robotisation et d’automatisation est impressionnant, mais cela est possible de par la taille du marché chinois. Nous voyons aujourd’hui l’émergence de milliers de startup technologiques sur le continent africain. Encore une fois, le marché y joue un rôle, mais pas uniquement. Les autres pays africains souffrent de problèmes infrastructurels, mais depuis que le téléphone mobile a fait son apparition, couplé avec une population âgée en moyenne de 20 ans, ils ont développé des modèles plus agiles, innovants et finalement plus performants. Maurice peut encore se réinventer en s’inspirant et se rapprochant davantage de ce qui se fait en Afrique. 

La transition numérique implique souvent une transformation du Business Model. Ne pensez-vous pas que des entreprises risquent de se brûler les ailes ? 
À Maurice, nous avons encore une façon très traditionnelle de gérer les entreprises. Nous voulons entreprendre de nouvelles initiatives basées sur des Business Cases, des études de marchés et des expériences dans d’autres marchés. Quand on parle d’agilité, c’est un état d’esprit avant tout ! Ceci se traduit dans une approche de Test and Learn (qui permet des tester les services sur une base pilote auprès d’une partie de la clientèle – NDLR). Cette approche permet une meilleure gestion des risques puisqu’elle est testée en parallèle sans perturber les process existants. Avec les solutions « cloud » et des nouveaux modèles de tarification des logiciels basés sur la location plutôt que l’acquisition, beaucoup d’entreprises de services numériques s’alignent sur ce modèle Test and Learn en proposant des proof of concept (démonstration de faisabilité) à leurs clients, à faible coût ou même à zéro coût. C’est l’opportunité de prouver à leurs clients que leur solution peut répondre à leurs besoins et co-développer, voire cocréer, cette solution avec eux.