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Emmanuel Cohet, ambassadeur de France : « L’axe Maurice-Réunion est une priorité »

L'Eco austral : À la veille des 50 ans de l’indépendance de Maurice, quelle est la place de la France et des entrepreneurs français dans ce pays ?
Emmanuel Cohet : Nous sommes le troisième partenaire économique de l’île. Plus précisément son quatrième client et son troisième fournisseur concernant les échanges de biens, avec un montant cumulé de 633 millions d’euros en 2016 (exportations + importations). Et grâce à l’AFD (et sa filiale Proparco, dédiée au secteur privé), la France est aujourd’hui l’un des premiers bailleurs bilatéraux de Maurice. Il faut ajouter qu’entre un quart et un tiers des investissements étrangers réalisés, en stock et en flux, à Maurice ces dernières années l’ont été par des Français. On recense pas moins de 180 entreprises françaises présentes (dont trente ont leur siège à La Réunion), sans compter les entrepreneurs individuels. On y trouve beaucoup de PME. Leur soutien est l’un des axes du commerce extérieur de la France.
Quel est le rôle de l’AFD et de son bras armé Proparco qui a annoncé le doublement de ses capacités de financement ?
Depuis son retour en 2007, l’AFD centre ses interventions autour du développement durable. L'agenda Climat que défend la France ouvre un champ de coopération dans l’énergie et dans l'adaptation au changement climatique. S’agissant de Proparco, qui est au service du secteur privé et du développement durable, elle propose trois catégories de produits financiers pour accompagner la croissance régionale et africaine de certains groupes, comme CIEL par exemple. Mais elle soutient aussi les PME à travers ses engagements auprès de plusieurs banques locales.
La ministre française de l’Outre-mer, Annick Girardin, prône une meilleure intégration des Outre-mer dans leur environnement régional et demande à l’AFD d’y contribuer. Qu’en est-il concrètement ?
L’Union des chambres de commerce et d’industrie de l’océan Indien (UCCIOI) est soutenue par l’AFD à hauteur de 2,4 millions d'euros. De nombreuses initiatives associent La Réunion et Mayotte, dans le tourisme, la gestion des déchets, la coopération industrielle, les TIC ou encore les métiers maritimes. Un accord a été signé, soutenu par l’AFD, entre l'ADEME de La Réunion (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie - Ndlr) et le ministère mauricien de l´Énergie et des Utilités publiques. Pour ma part, dans le cadre de la coopération régionale, je fais de l’axe Maurice-Réunion une priorité. Il faut préciser d’ailleurs que l’Union européenne est en accord avec la France sur ce besoin d’une meilleure intégration régionale. Le programme de financements européens Interreg V (2014-2020) a pour objet d’accompagner la coopération régionale dans l’océan Indien. Son enveloppe de 63 millions d'euros et son pilotage régional ont été confiés au Conseil régional de La Réunion. Ce partenariat entre l’Union européenne, les États et la Région Réunion est exemplaire.
Marié et père de quatre enfants, Emmanuel Cohet est diplômé de Sciences Po Paris. Il a intégré, sur concours, le ministère des Affaires étrangères en 1989. Son premier poste extérieur est en Autriche auprès de la Représentation de la France à l’OSCE (il parle anglais et allemand). Lors de sa carrière, il enchaîne les postes diplomatiques à l'étranger (Corée du Sud, États-Unis à deux reprises, Allemagne...) mais également à Paris. Il a aussi été conseiller diplomatique auprès du ministre de l’Éducation nationale, puis du Travail entre 2007 et 2009. De juillet 2014 à septembre 2017, il a été ambassadeur de France en Zambie et représentant spécial auprès du COMESA (marché commun de l’Afrique orientale et australe).