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Entretien avec Philippe Hedde, directeur général de Nextiraone

L’Eco austral : L’intégrateur sud-africain Dimension Data a fait l’acquisition de 60 % des activités du groupe Nextiraone, qui a réalisé 1 milliard d’euros de chiffre d’affaires en Europe, en 2013. Nextiraone France, qui opère à La Réunion, sera-t-elle concernée ?
Philippe Hedde : Dimension Data souhaitait élargir sa présence en Europe et se renforcer sur des marchés de PME, car sa clientèle est surtout constituée de très gros clients. Son ambition est de doubler son chiffre d’affaires en Europe en 5 ans, où Nextiraone avait un plus gros marché que le sien. Le groupe vient de signer, ce 7 octobre, une coopération avec Alcatel, qui complète son partenariat avec Cisco. Alcatel est le partenaire historique de Nextiraone, qui a plutôt une origine « voix », alors que Dimension Data a une origine plutôt « data ». Les filiales France et Italie de Nextiraone seront jugées, au 1er juillet 2015, sur leurs performances, et si elles sont aux conditions, rejoindront le groupe Dimension Data, dont le siège est à Johannesburg, lui apportant effectivement une ouverture sur les Dom, à La Réunion et à Mayotte.
Nextiraone a remporté le marché de Datacenter du GCS Tesis (Groupement de coopération sanitaire). Quelles sont les perspectives de développement de ce savoir-faire à La Réunion ?
L’Agence régionale de santé, ARS Océan Indien, vient d’obtenir un des 5 projets d’e-santé de l’appel national « Territoire de soins numériques ». Le projet Plexus Océan-Indien de plateforme d’échanges pour les nouveaux usages des TIC en santé, doté d’un budget de 19 millions d’euros. L’intelligence collective qu’ont démontrée les acteurs de la santé réunis dans le GCS Tesis a opté dans un sens positif pour accorder ce projet à La Réunion. Sur 26 adhérents de Tesis, nous comptons aujourd’hui 7 clients, et nous pensons qu’ils seront 13 à la fin de 2014, dont un à Mayotte. C’est une initiative très originale d’acteurs de la santé, publics et privés, pour mettre des moyens en commun, sous l’égide de l’ARS, de télémédecine, d’échanges et de systèmes d’information de santé. Nextiraone a remporté le dialogue compétitif entre différentes offres, et investi 600 000 euros de financement d’équipements (plus de 50 % du coût de l’opération. ndlr.) pour réaliser ce Datacenter situé dans le Pôle sanitaire Est, à Saint-Benoît. Il faut maintenant accélérer le projet Tesis, pour lequel nous venons d’amener, à La Réunion, un de nos spécialistes, très demandé par les partenaires. Nous allons continuer à nous renforcer dans ce domaine, et sur des métiers à haute évolution dans le domaine de la communication unifiée. Nous avons mis au cœur de ce réseau, un gros pont de visioconférence qui permet de faire de la formation à distance. Avec la volonté d’accompagner dans des domaines qui évoluent très, très vite. Il y a 4 ans seulement, on ne pouvait imaginer installer un Datacenter à La Réunion.
Nextiraone Réunion a été distinguée, cette année, aux Trophées de la Formation. Est-ce toujours une de vos priorités pour La Réunion et Mayotte ?
Nous sommes très impliqués en matière de formation par alternance, qui représente 10 % de nos effectifs, au niveau national comme à La Réunion, où nous employons 30 collaborateurs. Alors que le quota légal est 3 fois inférieur. J’ai signé, le 6 octobre, avec le président de l’Université de La Réunion, une convention pour aider les étudiants qui veulent poursuivre des études supérieures, dans le cadre de nos métiers, en métropole. Nous sommes présents partout en France, et nous pouvons les employer en alternance près d’une école d’ingénieurs de leur choix. Le développement économique de l’île passe aussi par le développement des compétences, et la formation est aussi de la responsabilité des entreprises. Nous étions présents à La Réunion il y a 25 ans, avec le groupe Alcatel, et Nextiraone continue de mettre des moyens importants sur l’île, au service de son développement. Nous entrons dans une ère où il y a de plus en plus de software, et cela signifie qu’il faut être très proche du client, mais aussi extrêmement compétent sur le volet industriel. Une organisation de proximité, avec nos équipes locales, et des types de compétences qui viennent des centres de support que nous avons au niveau national.
Propos recueillis par Philippe Stéphant