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Océan Indien

Gestion des déchets : une approche régionale est indispensable

1 aoû 2019 | PAR Jacques Rombi | N°342
Les participants à l’atelier étaient en visioconférence avec d’autres intervenants spécialisés. Photo : Davidsen Arnachellum
L’Union des Chambres de commerce et d’industrie de l’océan Indien (UCCIOI) a organisé les 17 et 18 juin dernier à Maurice un atelier sur la gestion mutualisée des déchets dans l’océan Indien. C’était le second atelier organisé par l’instance régionale après une première édition à La Réunion en février dernier.

Une prise de conscience de l’UCCIOI qui traduit une urgence : « Aux Comores, à Madagascar, Maurice, Mayotte, La Réunion et aux Seychelles, les problèmes sont souvent aigus. Cette situation est regrettable pour les populations et dommageable pour les revenus touristiques », énonce le communiqué de clôture de l’atelier. De fait, il suffit d’ouvrir les yeux pour constater la catastrophe écologique qui se trame dans nos îles du sud-ouest de l’océan Indien. Il ne s’agit pourtant que de la partie émergée de l’iceberg : tous les plongeurs pourront confirmer que la situation est bien pire sous l’eau en termes de dégradation des écosystèmes.
La réaction classique est connue : les populations locales sont accusées de ne pas être assez sensibles et sensibilisées. Pourtant, la situation est encore plus complexe : « L’un des principaux freins à la mise en œuvre de solutions durables a pour origine la difficulté d’amortir des investissements dans des outils adaptés au traitement. La mutualisation permet d’envisager une consolidation des gisements et de s’approcher de la taille critique difficile à atteindre à l’échelle des territoires et par catégories de déchets. C’est pour cela qu’une approche régionale de la gestion des déchets est initiée depuis quelques mois par l’UCCIOI, avec le soutien de l’Agence française de développement (AFD) », explique Mathilde Léman, chargée de mission « filières » à l’UCCIOI. En bref, il y a un problème d’économie d’échelle afin de permettre la rentabilité d’investissements dans des équipements lourds, comme le précise Grégory Autrand, chef de projet chez Girus SE (*) : « Les tonnages de déchets concernés (PET, batteries, huiles minérales et pneumatiques usagés) sont trop faibles pour développer des filières de valorisation économiquement viables à l’échelle de chaque île, sans massification des gisements à l’échelle de plusieurs voire de toutes les îles. »
Ce frein à la mutualisation des déchets a une origine en partie réglementaire puisque c’est la Convention de Bâle qui contrôle les mouvements transfrontaliers de déchets dangereux. Cette convention empêche les pays de l’OCDE (dont font partie Mayotte et La Réunion) d’exporter vers des pays hors-OCDE. 
Du coup, les déchets dangereux des îles françaises continuent à être transportés à grands frais vers l’Europe alors qu’il existe à Madagascar un centre de traitement de déchets dangereux, qui a fait ses preuves depuis une décennie. 

Observatoire des déchets

« La création d’un observatoire des déchets à l’échelle de l’océan Indien faciliterait la collecte et la consolidation des données, le suivi des pratiques et la création de projets », fait valoir Grégory Autrand. Une mutualisation qui sera néanmoins impossible sans une évolution de la réglementation :
« L’étude en cours doit déboucher sur la rédaction d’un plai-doyer public-privé pour permettre des dérogations ou modifications réglementaires », ponctue Grégory Autrand. La route semble donc encore semée d’embûches toxiques, d’autant que les populations restent également à sensibiliser. Au moment où se déroulait cet atelier avaient lieu les premières manifestations d’opposition au projet d’implantation de l’usine de traitement des déchets de Veolia à Maurice. Salué pour son action par les autorités à Madagascar où le géant français a déjà fait ses preuves, mais rejeté à Maurice où tout semble encore à construire. 

(*) Girus SE est une société du groupe français Elcimai, basée à La Réunion.

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