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Maurice

Golf des Ylangs : « le plus écologique du monde »

Niché au coeur de l’écrin de verdure naturel offert par la pluviométrie généreuse de Combani, c’est l’un des loisirs phares de l’île. Ce petit 9 trous, Par 66 aller-retour, a tout d’un grand !

Il faut s’y arrêter pour comprendre ce que viennent chercher, tous les weekends, les hommes et femmes d’affaires ou enseignants, en mal de décom – pression, aux côtés de jeunes pas – sionnés. C’est Dieter Praun, le direc – teur-pro du golf qui en parle le mieux : « Outre le sport en lui-même, ce qui attire ici, c’est le calme, l’odeur de gazon fraîchement coupé qui se mêle à celle des nombreux ylangs du ter – rain, ainsi que la sécurité des lieux. » Quelques makis passent de branche en branche, et, en soirée, les roussettes tutoient les balles. Le golf est situé à Combani, à proxi – mité de la plantation Guerlain d’ylangs ylangs, et surplombé par les 481 mètres du Mont Combani. C’est en 1997 qu’un enseignant, André Blanc, fédère quelques joueurs ama teurs de golf et crée dans un premier temps un quatre trous, qui passe quatre ans plus tard à sa taille actuelle de neuf trous, « ho – mologué par la Fé dé ration en 2002 », complète Bertrand Rouvillois, concep – teur du parcours, qui peut donc se jouer en 18 départs. Une extension sur le site appartenant à la Société Immo – bilière de Mayotte (SIM) est peu pro – bable en raison des lotissements en vi – ron nants, seule une délocalisation per – mettrait de conce voir un vrai 18 trous. Quinze ans après, le nombre d’adhé – rents oscille entre 180 et 200 à l’année, dont 120 permanents. Avec 900 euros la cotisation et 1 500 euros pour un couple, le président Gilles Langlois évoque le nécessaire recours au sponsoring auprès des entreprises de l’île, notamment pour les compé – titions. « Pour supporter les 200 000 euros de budget de fonctionnement, dont 90% en charge de personnel avec 2 jardiniers, 2 hôtesses d’accueil, deux gardiens et un directeur. » La structure ne bénéficie d’aucune aide ou subvention.

DES GREENS DE SABLE JAUNE

Difficile de continuer de répondre aux questions quand le parcours vous tend les bras, balayé par un doux soleil. La main gantée d’Alain serre fort le club pour un bon drive au départ du trou du Frangipanier. « Les distances sont courtes, mais les fairways sont étroits ici et semés de pas mal d’embûches par rapport aux autres golfs. » Il a déjà sabré le champagne par trois fois au club house, après des « Trou en un » mémorables (envoi direct de la balle au trou final). Quelques Mahorais, une douzaine, se sont entichés de ce sport, « dont Mohamed Youssouf, 20 ans, handi – cap 0, le meilleur du club, parti en sport-études à Albi et qui enseigne de – puis au Club Med », indique Bertrand Rouvillois. Des liens ont été tissés avec des clubs de la zone océan Indien, « mais sans pouvoir y envoyer des jeunes en compétition faute de budget », glisse Gilles Langlois tout en nous montrant le practice d’entrainement que nous longeons, « le plus beau de la région avec ses douze postes couverts ». « Hors limite ! », enraget- il en quête de sa balle, lorgnant l’herbe qui borde le trou de l’Hibiscus, tel un chercheur de truffe… Les greens sont en sable dur ici, faute d’ar rosage. « Une surface en synthé tique coûterait 300 000 eu ros. » Avec sa femme Sophie, ils croisent la route de quatre autres joueurs dont Moussa Keldi, han – dicap 8,8 et Ahamada Amdjani, handicap 11, deux passionnés. « Nous avons commencé à 10 ans avec des branches d’ylangs que l’on taillait à la forme d’un club et des balles que l’on ramassait sur les parcours… » Des clubs leur ont été prêtés ou donnés par des joueurs qui ont quitté Mayotte. Il commence à tomber quelques goutes en cette fin de saison des pluies, toujours plus drues à Com – bani qu’ailleurs. « Ça ne perturbe en rien le jeu. N’oublions pas que ce sport est né en Irlande ! », raille Dieter Praun. Ainsi se poursuit la journée au golf des Ylangs alors que Gilles, que nous avons déconcentré.

 

Dieter Praun, un Allemand à la tête des greens Arrivé du club du Rova, à Madagascar, après celui de Belle Mare Plage à Maurice, Dieter Braun est depuis un an à Mayotte. « J’assure plusieurs rôles en une journée : mé cani cien, directeur, jardinier et professeur de golf. » Pour les cours, à 25 euros la demiheure, l’emploi du temps s’est allégé. « C’est un produit de luxe qui souffre en ces temps de crise. » C’est à bord d’une voiturette qu’il nous invite à découvrir son « do maine », sa pelouse et ses connaissances en agronomie qu’il a accu mulées lors de stages chez Michel Benedetti, cons – tructeur du Golf national de Paris, à Saint Quentin en Yvelines, site de la fu – ture Ryder Cup en 2018. « Nous avons ici le golf le plus écologique du monde, dont la pelouse s’enrichit uni que ment des pluies et sur laquelle je ne verse ni pesticide, ni herbicide, ni en grais chimiques… » Il s’autorise seule – ment l’épan dage d’excréments de zébu ! Le jaunissement de l’ensemble est donc inévitable en saison sèche, atténué par quelques crachins propres aux hauteurs de Combani. « Le choc hydri – que est systématique lors de la dormance hivernale, ce qui n’empêche pas une régéné ration rapide du gazon. » L’ancien commentateur des compé – titions de golf sur la chaine Eurosport troque sa voiturette contre la ton – deuse pour peaufiner la longue étendue du Bougainvilliers, le 7ème trou du parcours.