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Gregory Coquet : un jeune Mauricien à la barre du mythique « Royal Palm »

Il a pris ses fonctions le 1er février 2017, l’année de ses 38 ans, et c’était une grande première de voir un Mauricien à ce poste. Mais aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années. Et il se montre visionnaire quand on lui parle de tourisme et d’hôtellerie.

La ponctualité est aussi un luxe. Cet adage sied parfaitement à Gregory Coquet, le directeur général du mythique Royal Palm Beachcomber Luxury, plus communément connu comme le Royal Palm. C’est pourtant un homme pressé qui nous reçoit au bar de son établissement, il gardera constamment à portée de main son portable et… un œil sur la réception. De taille moyenne, teint hâlé et allure décontractée, il arbore une chemise blanche en coton, un pantalon en flanelle et des chaussures Richelieu de couleur cognac aux pieds. Difficile d’imaginer que ce jeune père de famille contribue à tourner une page de l’histoire de l’hôtellerie mauricienne. C’est en effet le premier Mauricien à diriger cet établissement qui a fêté ses 30 ans en 2015 et reste le fleuron du groupe Beachcomber. 

De grandes maisons prestigieuses

Une référence dans l’hôtellerie de luxe mauricienne qui accueille, en toute discrétion, des grands de ce monde et des personnalités du show-biz. Le Royal Palm fait d’ailleurs partie, avec le Constance Prince Maurice et le Maradiva Villas Resort and Spa Wolmar, du très select Leading Hotels of the World, un classement mondial des meilleurs hôtels du monde.
Le jeune homme appartient à une famille bien connue d’entrepreneurs locaux. Mais si son père, Michel, est le directeur général de l’imprimerie familiale IPC, qui s’est diversifiée dans la communication et l’édition, Grégory choisira de se lancer dans le secteur touristique et hôtelier. En 1999, à la fin de ses études au collège Saint-Esprit (un lycée catholique réputé), il s’envole pour la Suisse où il intègre le célèbre Glion Institute of Higher Education. C’est la première école privée helvétique à offrir des programmes de gestion hôtelière à un niveau universitaire. Gregory y décroche une licence en International Hospitality Management, suivie d’une autre en Hospitality and Tourism Management.
À l’issue de ses études universitaires, il choisit de travailler sur le Vieux Continent. Il y restera dix ans. De 2002 à 2005, il sera ainsi Project Manager chez Potel & Chabot, un prestigieux traiteur et orga-nisateur de réceptions parisien. Puis il rejoint le légendaire hôtel Crillon comme Senior Sales Executive. En 2006, il retourne à Genève où il travaille au Grand Hotel Kempinski, puis dans le groupe de restauration premium Novae. 
Après avoir joué au globe-trotteur en France et en Suisse, Gregory décide de poser ses valises dans son île natale. Il sera General Manager d’un boutique hôtel, puis de l’hôtel d’affaires Holiday Inn, situé près de l’aéroport. 
C’est en mai 2016, qu’il rejoint le Royal Palm comme Deputy General Manager (directeur général adjoint), « aux côtés de l’emblématique Jacques Silvant », précise-t-il en souriant. Et comme l’humilité n’empêche pas l’ambition, il accède au poste de directeur général .

Un observateur averti du secteur 

L’établissement est « un palace autrement ». « C’est une maison, dans le sens noble du terme, qui marie luxe, raffinement et discrétion et où la dimension humaine est primordiale », précise-t-il.
Entièrement rénové en 2014, la caractéristique principale du Royal Palm Beachcomber Luxury est qu’il ne compte que 69 suites réparties en neuf catégories, toutes orientées face à la mer. À cela s’ajoute le fait que c’est un Meilleur ouvrier de France (MOF), Michel de Matteis, qui est à la tête des trois restaurants. « Notre positionnement est une proposition de luxe d’initiés. Mais notre vraie force reste notre équipe d’artisans (employés) qui permet un choix et un service ultra-person-nalisés », résume le directeur du Royal Palm.
D’ailleurs, le ratio entre employés et clients est conséquent. « Nous employons, en moyenne annuelle, plus de 300 professionnels passionnés. C’est effectivement un ratio très important. Mais dès son lancement en 1985, l’hôtel a fait le choix de s’appuyer sur le sens de l’hospitalité des Mauriciens. C’est clairement l’ADN de notre île qui la différencie d’autres destinations balnéaires concurrentes », assure avec passion, presque avec dévotion, Gregory Coquet. Et preuve que cette stratégie est gagnante, alors qu’on estime que 30 % de plus d’un million de touristes que l’île reçoit chaque année sont des repeaters (des visiteurs qui connaissent déjà la destination), ce taux dépasse les 50 % au Royal Palm.

Gérer la génération Y qui révolutionne le travail

Le choix de miser sur une présence humaine locale importante peut sembler risqué alors que le secteur est soumis à une double pression : une forte concurrence locale entre les établissements et les campagnes de recrutement des compagnies de croisières qui apprécient les professionnels mauricien pour leur bilinguisme et leur savoir-être. « Pour répondre à ces nouveaux challenges, nous n’avons pas le choix, il nous faut nous réinventer ! », répond Gregory Coquet. « Ces défis sont ceux de nos métiers partout dans le monde. Par exemple, il est aujourd’hui difficile de demander à des collaborateurs qui évoluent au service de notre clientèle de travailler en coupure (travail discontinu). Pourtant, les coupures sont liées à la particularité de nos métiers de service, organisés autour des repas et de la vie dans les étages. Entre les horaires de service, le volume des tâches est moindre et le personnel rentre chez lui ou reste sur place. L’amplitude du travail effectif est ainsi considérablement rallongée. »   
Une difficulté qui se pose notamment pour la génération Y (née entre la fin des années 1980 et l’an 2000). Née à l’ère du numérique et des réseaux sociaux, elle n’est plus nécessairement à la recherche d’un contrat de travail à durée indéterminée (CDI), mais plutôt d’un poste stimulant. Consciente du monde qui l’entoure et évoluant dans une société en pleine mutation, elle réinvente même les codes du travail. À Maurice, les salariés, conscients de la mise sous pression de leur secteur, se trouvent en position de force. 
« Bien sûr, les questions de revalorisation salariale se posent, mais il n’y a pas que cela. Il y a aussi la révision des conventions collectives pour permettre à nos collaborateurs de bénéficier d’un jour de repos supplémentaire par semaine et d’envisager une meilleure qualité de vie. Il nous faut (re)donner du sens à nos métiers ! Si tous les acteurs du secteur – c’est-à-dire employeurs, salariés et État – n’abordent pas frontalement ces questions, nous risquons d’avoir de moins en moins de Mauriciens qui s’intéressent à notre secteur. Or, encore une fois, c’est l’ADN de notre destination. »