Hary Andriantefihasina, la passion de bâtir
D’avoir travaillé en Afrique pour une grande entreprise française de construction métallique ne lui a pas fait oublier où était sa place. Chez lui, à Madagascar où il est devenu entrepreneur à la tête d’Ouvrages et Travaux Industriels (OTI). Une société de travaux publics qui a su se construire une solide réputation.
Un parcours en béton, ou plutôt en métal. Gagnant du Trophée du jeune entrepreneur de la banque BNI en 2009, président du Syndicat des entrepreneurs en bâtiments et travaux publics (SEBTP) depuis 2012, vice-président du Groupement des entreprises de Madagascar (GEM), membre du Centre des jeunes dirigeants de Madagascar, la carrière de Hary Andriantefihasina reflète – pour le moins – un certain dynamisme. « Je ne rate pas une occasion pour me former », avoue celui qui fait aussi partie de la première promotion du programme Certificat d'enseignement supérieur des affaires (Cesa) de l’École des hautes études commerciales (HEC) à Madagascar.
Et cette vitalité se ressent au sein d’Ouvrages et Travaux Industriels (OTI), la société spécialisée dans les études et travaux de construction métallique qu’il a créée en 2007. Ayant démarré avec une dizaine de collaborateurs, l’entreprise est actuellement en pleine phase de croissance avec 400 salariés dont des ingénieurs, techniciens et ouvriers. Avec 25 projets en cours dans tout le pays et même aux Comores, elle compte à son actif une cinquantaine de réalisations, aussi bien pour le secteur public que pour le privé, depuis les grands projets miniers jusqu’aux opérateurs pétroliers.
GUIDÉ PAR L’INTUITION
Le parcours de ce jeune entrepreneur, titulaire d’un MBA en Management de l’Institut d’administration des entreprises (IAE) Paris-Sorbonne, n’était pourtant pas, à la base, une voie toute tracée. Lui-même reconnaît que son orientation vers le métier de la construction métallique a plutôt relevé de l’intuition. Après son Deug A à l’Université Paul Sabatier de Toulouse, et alors que tous ses amis se sont tournés vers l’informatique, il choisit de s’orienter vers la mécanique et la résistance des matériaux. Pour cela, il poursuit des études en ingénierie du bâtiment et travaux publics (BTP), avant de s’inscrire au Centre des hautes études de la construction (CHEC) de Paris en vue d’un master de construction métallique. « Dans ce centre, il y avait une filière béton et une métal. Je ne sais pas pourquoi, peut-être l’intuition, j’ai pris l’option étude du métal… Parfois, il ne faut pas trop rationaliser. Il faut suivre ce que son inconscient nous dit. » Son choix s’explique sans doute par l’objectif de retourner vivre à Madagascar après ses études en France. Il a compris qu’il aurait plus de chance de faire son trou en faisant du BTP que de l’informatique. Décision judicieuse car tous les professeurs du CHEC étaient des professionnels chevronnés, dont certains émanant de Baudin Chateauneuf, une entreprise française spécialisée en ponts métalliques et travaux industriels. « Ils ont fait en sorte de m’embaucher au sein de la société avant même la fin de ma formation », se souvient-il. Il y entre plus exactement comme ingénieur d’affaires export en 2002.
LE CHOIX DE MADAGASCAR
Après avoir tourné en Afrique, notamment en Tunisie, au Maroc et en Côte d’Ivoire, il est muté à Madagascar deux ans plus tard, en 2004. Les chantiers d’ouvrage ne manquent pas dans les régions, que ce soit à Fianarantsoa, Manakara, Mananjary ou encore dans la région de la Sava, au nord-est de l’île. Comme ingénieur d’affaires, Hary Andriantefihasina a forgé son âme entrepreneuriale. Pour lui, un chantier se gère de A à Z, de la finance à la technique en passant par l’administratif, le juridique, sans oublier les ressources humaines. Le métier lui plaît, mais, en 2007, Baudin Chateauneuf a décidé d’arrêter l’export. « Sauf à rentrer dans une autre boîte en tant qu’ingénieur d’affaires, l’autre option était de créer ma propre entreprise », explique-t-il.
Il avait la possibilité de retourner France comme salarié de Baudin Chateauneuf, mais il a préféré rester au pays pour créer sa propre entreprise. En se mettant à son propre compte, il admet que les difficultés sont les mêmes que dans son ancienne activité, mais multipliées par le nombre de chantiers… Alors que sa société commence à prendre de l’ampleur, l’important pour lui est de transmettre à chaque collaborateur la même vision, « celle de faire d’OTI un acteur prépondérant dans tous les projets d’infrastructures métalliques dans le pays ». À cet effet, plusieurs valeurs sont de mise dont, notamment, le respect de l’humain et le dynamisme.
UN SECTEUR GLOBALEMENT EN CROISSANCE
OTI est l’une des plus jeunes entreprises du pays avec une moyenne d’âge d’environ 35 ans pour les équipes, souligne Hary Andriantefihasina. La recherche de l’excellence figure en outre parmi les valeurs de l’entreprise en tant que démarche nécessaire pour son expansion. Cela a commencé dès le début par une approche qualité, traduite par un minimum de rigueur opérationnel, et s’est soldée en 2012 par une certification aux normes ISO 9001.
En une dizaine d’années d’existence, OTI a ainsi connu une certaine notoriété. La fluctuation du cours des matériaux n’influe pas sur ses activités. « On a globalement une croissance, mais pas autant qu’on l’espérait après le retour à l’ordre constitutionnel en 2013, où l’on s’attendait à un grand boom. » Mais 2018 devrait être, en théorie, une année positive puisque les bailleurs de fonds ont engagé pas mal de marchés.
Une tendance que confirme le Syndicat des entrepreneurs en bâtiments et travaux publics car, au niveau du secteur privé, on ne ressent pas encore la petite « frilosité » qui précède toujours les élections présidentielles. Cependant, bien qu’il y ait pas mal de projets, la présence de beaucoup d’entrants, à l’instar des entreprises chinoises, peut constituer une menace pour l’activité.