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HERVÉ MARITON, PRÉSIDENT DE LA FEDOM : « Il faut d’abord croire au développement économique de l’Outre-mer »

Pour L’Éco austral, le président de la Fédération des entreprises des Outre-mer (Fedom) livre son analyse sur les dossiers ultramarins à défendre en priorité à la veille du prochain quinquennat présidentiel. « Le regard est trop souvent sceptique et pessimiste, il faut le changer », estime-t-il.

L’Éco austral : Quels sont les dispositifs réglementaires et législatifs en vigueur qu’il convient de préserver absolument pour soutenir les économies ultramarines ?
Hervé Mariton
: Le plus important, pour les cinq années qui viennent, c’est que les acteurs économiques ultramarins, mais surtout leurs partenaires à l’échelon national, croient au développement économique de l’Outre-mer. Le regard est trop souvent sceptique et pessimiste sur ce sujet, il faut le changer. Ce n’est pas acquis, mais c’est gagnable ! Pour ce qui est des dispositifs à préserver, il ne doit pas y avoir de tabou et l’existant doit être évalué. Nous estimons qu’il faut maintenir les soutiens à l’investissement des entreprises ultramarines, les exonérations de charges sociales pour compenser les surcoûts d’exploitation et les mesures de protection de l’appareil de production et des secteurs des services. Une politique commerciale active et protectrice, à l’image de la différenciation entre production locale et production importée mise en place à La Réunion sur l’octroi de mer, est indispensable. Cela dit, une évolution de l’octroi de mer peut s’envisager : si l’on invente quelque chose de mieux, pourquoi pas ?

Quelles mesures nouvelles à destination des entreprises ultramarines attendez-vous de la prochaine mandature ?
Il faut aider nos entreprises à renforcer leurs fonds propres, notamment en renforçant l’attractivité des Fonds d’investissement de proximité Outre-mer. Les entreprises ultramarines doivent aussi pouvoir monter à bord des programmes d’avenir lancés ces derniers temps par l’État et les mesures de soutien à l’emploi des cadres doivent être étendues. Il faudrait également faire en sorte que les grandes entreprises françaises présentes à l’international dans leur zone servent de porte-avions aux entreprises ultramarines. Des outils historiques fonctionnent correctement, mais il n’est pas interdit d’innover. La Fedom appelle notamment de ses voeux une loi de programmation pour l’Outre-mer et une mobilisation des collectivités territoriales pour le développement économique. 
Au-delà des sujets communs à tous les territoires, nous sommes également attentifs aux dossiers spécifiques, comme l’avenir de la filière canne à La Réunion, ou la relance du tourisme, dont les enjeux ne sont pas forcément les mêmes d’un territoire à l’autre. 

La desserte aérienne et la desserte maritime de l’Outremer ont particulièrement souffert de la crise sanitaire. Que préconisez-vous pour les consolider ?
Les compagnies aériennes desservant l’Outre-mer ont toutes subi des baisses de trafic et sont en situation difficile. L’État a déjà pris des décisions pour certaines, les discussions se poursuivent au sujet des autres. Il est important de préserver un bon degré de concurrence sur les lignes de l’Outre-mer, avec plusieurs compagnies en état de marche. Des questions d’infrastructures, comme les pistes de Mayotte et de La Tontouta en Nouvelle-Calédonie, attendent d’autre part des réponses. 
Pour ce qui est de la desserte maritime, une partie des difficultés de l’heure vient aussi des infrastructures, avec des problèmes d’efficacité sur les zones de stockage de conteneurs. La commission Économie verte et bleue de la Fedom est naturellement attentive à l’enjeu de la concurrence, sur l’ensemble de la chaîne logistique et plus particulièrement entre les compagnies maritimes qui desservent nos territoires. Il nous faut être très attentifs à l’évolution des routes maritimes, afin que l’Outre-mer n’en soit pas victime.