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Réunion

Hugette Bello vs Didier Robert : un duel très incertain pour l’élection régionale

Le président sortant de la Région Réunion, Didier Robert, qui brigue un troisième mandat, a distancé nettement ses adversaires lors du premier tour de l’élection régionale le 20 juin dernier. Mais il est arrivé loin derrière le « parti de l’abstention ». Ce qui rend très incertain le résultat du second tour, prévu ce dimanche 27 juin, où il affronte une nouvelle fois Huguette Bello.

Près d’un tiers des suffrages exprimés (31,10 %) se sont portés sur sa liste de Didier Robert le 20  juin dernier alors que 11 listes s’affrontaient. Mais le scrutin a été marqué par un taux d’abstention historique comme dans l’Hexagone. C’est seulement un électeur sur trois qui s’est déplacé pour voter. La liste d’Huguette Bello, maire de Saint-Paul et ancienne députée, arrive en deuxième position avec 20,74 % des suffrages exprimés, suivie de la liste d’Ericka Bareigts, maire de Saint-Denis, ancienne députée et ministre des Outremers, sur laquelle se sont portés 18,48 % des suffrages exprimés. Les huit autres listes ont été éliminées de la course, ne pouvant accéder au deuxième tour puisqu’elles se situent sous la barre des 10 %. Vanessa Miranville, maire de La Possession, n’en était pas loin, sa liste ayant atteint les 9,91 %. Ce qui d’ailleurs a créé la surprise car elle devance la liste du socialiste Patrick Lebreton (7,78 %).
Une union des listes de gauche a été rapidement annoncée, c’est-à-dire les listes d’Huguette Bello, ancien compagnon de route du Parti communiste réunionnais (PCR), disposant de sa propre formation politique depuis 2012, d’Ericka Bareigts et de Patrick Lebreton qui s’affichent tous deux comme socialistes. Une confusion pour les électeurs qui boudent de plus en plus les urnes. On pourrait dire qu’Ericka Bareigts est une « socialiste des villes » et Patrick Lebreton un « socialiste des champs ». D’aucuns considèrent aussi que l’ancienne ministre des Outremers n’était pas forcément « Macron incompatible ». Même si l’on peut se demander en quoi la réélection de Didier Robert serait un coup dur pour le président de la République puisque Didier Robert ne s’est jamais montré véhément à l’encontre de l‘Élysée, semblant plutôt être un homme de consensus. Sa collectivité a d’ailleurs allégé les dépenses de l’État en prenant à sa charge le dispositif de continuité territoriale.
Tout est possible lors du second tour de l’élection prévu ce dimanche 27 juin. Si l’on s’en tient à l’arithmétique, Didier Robert se trouve en mauvaise posture, mais chacun sait que l’arithmétique et la politique ne font pas toujours bon ménage.
Âgé de 57 ans, le président sortant, qui a été maire du Tampon, député et sénateur, est un fin politicien. Son adversaire Huguette Bello, âgée de 71 ans, est également aguerrie mais apparaît plus « clivante ». De plus, ses anciens amis et compagnons du PCR pourraient se montrer rancuniers à son égard.
Quoi qu'il en soit, ce sont les abstentionnistes du premier tour qui peuvent sceller le sort de ce deuxième tour. Y-aura t’il plus de votants ? Allons-nous assister au même phénomène que pour l’élection présidentielle : on vote au deuxième tour pour éliminer le candidat qu’on ne souhaite pas voir accéder au pouvoir ? En l’occurrence, le président de la Région, principale collectivité de La Réunion, ayant en charge le développement économique et à gérer près de deux milliards d’euros de fonds européens sur six ans, a un rôle majeur à jouer. Même s’il est « encadré » de très près par l’Union européenne et que l’État a tendance à rogner les compétences des régions depuis quelques années, renouant avec ce jacobinisme typiquement français. Ce fléau clairement identifié par Alain Peyrefitte dans son livre Le mal français, paru en 1976. Cela fait 45 ans, mais le « mal » est toujours là.