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Madagascar

Huile de jatropha : un modèle exportable sur l’Afrique

Lancé en 2017, le projet de production rurale d’électricité grâce à l’huile de jatropha affiche des résultats concluants, avec déjà 5 000 litres d’huile obtenues par semaine. À telle enseigne que le projet devrait s’étendre à l’intérieur du pays ainsi qu’au Mali et au Burkina Faso.

Jatropha mahafalensis. Cette plante endémique du sud de Madagascar permet de produire de l’électricité grâce à l’huile extraite de ses graines. Cela grâce au projet Gemaha, initié en 2017 pour un coût total de 330 000 euros et financé à hauteur de 165 000 euros par le programme Énergies de la Commission de l’océan Indien (COI). Développé en partenariat avec l’Agence de développement de l’électrification rurale (Ader) et l’École supérieure des sciences agronomiques de l’Université d’Antananarivo, Gemaha est né en 2015 d’un partenariat entre le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad) et PhileoL, une société malgache exploitant des graines oléagineuses dans la région de l’Androy, au sud de l’île.

Économie circulaire

 L’organisme français de recherche agronomique s’est proposé de coordonner le projet de valorisation du jatropha afin de permettre de doubler la production de PhileoL pour les besoins locaux et l’export. L’appui à la société s’accompagne du développement d’une économie circulaire dans l’Androy. Gemaha couvre en effet l’électrification, le développement économique de l’entreprise et l’aide aux populations villageoises qui obtiennent un complément de revenu grâce à la collecte des graines de jatropha achetées par PhileoL, l’objectif étant de récolter 600 tonnes par an.
Après deux ans de mise en œuvre, l’expérience s’avère concluante malgré les incertitudes climatiques défavorables à la production de graines et l’éloignement de la zone du projet des grandes villes et de la capitale. L’usine d’extraction de PhileoL dans la région produit plus de 5 000 litres d’huile de jatropha de bonne qualité par semaine. 
De l’électricité peut ainsi être produite grâce à un groupe électrogène spécifique mis en service depuis juillet 2018. Depuis le mois d’avril 2019, l’usine est ainsi autonome en énergie grâce à l’électricité obtenue à partir de cette huile. Mieux encore, elle a les moyens d’alimenter en électricité les besoins hebdomadaires de sa localité d’implantation, soit environ 8,9  mégawatt-heures (MWh). Dans le sillage de cette expérience, le Cirad se dit déterminé à poursuivre la valorisation du jatropha. Les populations locales vont même s’impliquer davantage grâce à la création de six magasins de stockage dans un rayon de 200 kilomètres autour de l’usine qui permettront d’augmenter le nombre de cueilleurs de 7 000 à 11 500.
PhileoL compte enfin dupliquer cette filière de carburant rural avec une autre usine à Tsiroanomandidy, dans le moyen-ouest, à 220 kilomètres de la capitale. De son côté, le Cirad est prêt à appuyer la société dans sa recherche de débouchés pour son huile au niveau local. 
Si trois tonnes de graines ne génèrent qu’une tonne d’huile, elles produisent en revanche deux tonnes de tourteaux qui peuvent être valorisés en tant qu’amendement organique, pour l’alimentation animale ou comme combustible domestique. C’est ainsi que la valorisation économique des tourteaux est devenue un objectif spécifique du projet. « C’est un élément économique décisif pour les investisseurs qui n’ont pas accès à l’exportation de l’huile », explique le Cirad. Le centre français compte enfin utiliser le modèle malgache d’exploitation du jatropha pour lancer plusieurs unités de production en Afrique de l’Ouest, notamment au Mali et au Burkina Faso.