Hyacinthe Legrand abandonne les sous-marins nucléaires pour se consacrer à l’industrie réunionnaise
Cet expert en armements nucléaires de la Marine, où il était capitaine de corvette (commandant), a décidé de jeter l’ancre à La Réunion. Il est le secrétaire général de l’Adir – l’association des industriels –depuis un an. Une totale reconversion…
Hyacinthe Legrand, 38 ans, a séduit l’Association pour le développement industriel de La Réunion (Adir) bien qu’il ne connaisse pas grand-chose à l’industrie réunionnaise. Mais cet officier, expert en charge de la maîtrise des risques liés aux armements nucléaires pour le compte du chef d'état-major de la Marine, ne manquait pas d’atouts naturels. Quand on commande un sous-marin nucléaire, il faut être particulièrement solide physiquement et mentalement. Et lorsque Hyacinthe Legrand restera enfermé plusieurs heures dans un bureau pour défendre le lobby industriel réunionnais, il ne souffrira pas de claustrophobie et saura ménager ses nerfs. Il a été retenu après un long exercice de recrutement puisque pas moins de 80 candidats avaient répondu à l’offre de recrutement de l’Adir. Il s’est retrouvé en finale et l’a emporté, à sa grande surprise. « Je pensais que mon manque d’expérience dans l’industrie était un handicap difficile à surmonter. C’est peut-être mon enthousiasme qui a fait la différence. Les missions proposées me semblaient passionnantes et j’ai adhéré à ce sentiment de responsabilité de l’industrie réunionnaise vis-à-vis du développement du territoire. »
Il faut quand même préciser que, durant ses 17 ans de carrière dans la Marine nationale, il a occupé des fonctions pas si éloignées du monde de l’industrie comme responsable formation ou chef de projet pour l’entretien des sous-marins.
La Réunion comme territoire adoptif
Son attachement à La Réunion, où il eu l’occasion de vivre de 2014 à 2016, occupant le poste d’adjoint du commandant de la base navale, s’explique aussi par le fait que son épouse est réunionnaise. Ils se sont rencontrés au Prytanée national militaire, à la Flèche, l’un des lycées spécialisés dans les classes préparatoires aux écoles militaires. Ensuite, à l’École navale, il sera formé comme ingénieur. Son épouse a également officié au sein de la Marine nationale avant de démissionner pour retourner dans son île natale. Ce que fera à son tour Hyacinthe Legrand qui ne souhaitait pas retourner à l’état-major à Paris. Un choix de vie, en somme. Et pas si facile à réaliser car la Marine ne souhaitait pas laisser partir cet expert en missiles nucléaires. Mais les choses se sont arrangées. Et géographiquement parlant, le secrétaire général de l’Adir ne s’est pas beaucoup éloigné de la base navale puisque l’association a quitté Saint-Denis pour s’installer au Port. Une manière de se rapprocher des industriels qui s’avèrent nombreux dans cette ville et dans le Sud.
Aujourd’hui, la feuille de route du capitaine de corvette Legrand est claire. Elle repose sur le Plan réunionnais pour l’industrie (PRI), élaboré pendant six mois par les industriels eux-mêmes. Le PRI se déploie à travers deux grands axes de réflexion : 1) Améliorer la compétitivité des industries sur leurs marchés, 2) Se singulariser (innover, diversifier, valoriser). « Nous sommes un morceau d’Europe au milieu de l’océan Indien, cela comporte des avantages et de inconvénients. Il s’agit de capitaliser sur nos avantages », commente Hyacinthe Legrand qui a bien compris tous les enjeux de son territoire adoptif.
Comme à son habitude, l’Adir a invité pour son assemblée générale annuelle, le 4 octobre, au domaine du Moca, un conférencier détonnant. Le Germano-américain Tim Leberecht est écrivain, entrepreneur et consultant. Il a fondé The Business Romantic Society, une société de conseil qui aide les entreprises à construire de belles marques et de belles organisations. Son livre The Business Romantic : Give Everything, Quantify Nothing, and Create Something Greater Than Yourself (Harper-Collins, 2015) est un best-seller déjà traduit dans huit langues. À l’AG de l’Adir, Tim Leberecht s’est exprimé sur les « organisations humaines face à l’intelligence artificielle ».