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Océan Indien

Jean-Claude de L’Estrac a fait briller la Commission de l’océan Indien

Durant quatre ans au poste de secrétaire général, le Mauricien a éveillé beaucoup d’enthousiasme à l’intérieur comme à l’extérieur de l’organisation régionale. Et s’il n’a pas eu le temps de transformer tous ses essais, il a pu redorer le blason de la COI.

« Aujourd’hui, quand on évoque nos îles, de Bruxelles à Addis-Abéba, en passant par Johannesburg, on parle d’indianocéanie. C’est une grande satisfaction. » Jean-Claude de L’Estrac n’a pas perdu son temps durant ses quatre années de mandat. Toujours entre deux avions, il a su aussi donner plus de visibilité à la Commission de l’océan Indien et une meilleure perception auprès des milieux économiques de ses pays membres qui avaient tendance jusqu’alors à la voir comme un « machin » qui ne servait pas à grand chose. Cet ancien journaliste s’est appuyé sur un charisme indéniable et des qualités d’orateur qu’il avait mises à profit lorsqu’il est entré en politique. Il a été plusieurs fois ministre entre 1982 et 1994 (Affaires étrangères, Tourisme, Développement économique et Industrie) avant de retourner à ses premières amours, mais cette fois comme patron du groupe de presse La Sentinelle. Autant d’éléments qui expliquent pourquoi la cérémonie de passation de pouvoir, le 13 juillet, à Port-Louis, entre Jean-Claude de L’Estrac et le Comorien Hamada Mmadi Boléro, a fait le plein au-delà de toute prévision. Deux chefs d’État, ceux de Madagascar et de l’Union des Comores, avaient fait le déplacement, côtoyant la présidente de la République de Maurice et les représentants de la France et des Seychelles. 
La candidature de Jean-Claude de L’Estrac en 2014 au poste de secrétaire général de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) lui a permis également de promouvoir l’océan Indien. Donné comme l’un des favoris, il s’est fait coiffer par Michaëlle Jean à la dernière minute. Une déception pour le Mauricien, mais aussi une petite leçon de « FrançAfrique ». 

UNE ALLIANCE ENTRE DES COMPAGNIES AÉRIENNES

Côté bilan effectif, c’est plus mitigé. Mais il n’est pas facile de faire bouger les choses même quand on met le turbo, au sein d’une organisation composée de cinq pays affichant de grosses disparités et parfois de l’instabilité politique. À ce propos, Jean-Claude de L’Estrac a fait jouer à la COI un rôle majeur dans la résolution de la dernière crise malgache. 
Son souhait de faire émerger une compagnie aérienne et une compagnie maritime régionales n’a pu se concrétiser. Mais il est parvenu à susciter la création de l’Alliance Vanille entre les compagnies Air Austral, Air Madagascar, Air Mauritius et Air Seychelles. Une coopération qui doit déboucher sur des facilités de déplacement vers les îles et entre elles avec notamment un « pass » annoncé pour le mois d’octobre. « L’Alliance Vanille est un pas important vers la création d’une compagnie régionale », commente l’ancien secrétaire général de la COI. Pour sa part, la compagnie maritime régionale est encore loin d’avoir largué les amarres. Son modèle économique est difficile et ne peut se concevoir qu’avec un soutien public dans un premier temps. Et la priorité consiste d’abord à mettre au niveau les ports de la région. Pour cela, la COI pourra profiter d’une enveloppe de 600 millions d’euros sous le 11e Fonds européen de développement (FED). 

PROJET D’UN NOUVEAU CÂBLE SOUS-MARIN

En matière de connectivité numérique, autre priorité de la mandature De L’Estrac, un grand pas a été franchi lors du premier forum Indian Ocean Network (ION 2016), organisé les 28 et 29 juin à Tananarive par l’Union des chambres de commerce et d’industrie de l’océan Indien (UCCIOI) en partenariat avec la COI. Ce forum a donné le jour à un accord entre sept opérateurs – Blueline, Canal+ Telecom, Emtel, SRR, Telco OI, Telma et Zeop – en vue de la mise en place d’un nouveau câble sous-marin. Baptisé METISS (MElting poT Indianoceanic Sub-marine System), ce câble reliera à l’horizon 2018 Maurice, La Réunion et Madagascar au continent africain pour se connecter aux autres câbles internationaux. Ce projet au coût de 75 millions d’euros bénéficiera du soutien de l’Union européenne et de l’Agence française de développement (AFD).

MADAGASCAR : UN GRENIER QUI RESTE À CONSTRUIRE

Sous Jean-Claude de l’Estrac, la COI a choisi comme partenaire l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) pour apporter des solutions pérennes et financièrement soutenables au problème de sécurité alimentaire dans l’océan Indien. Ensemble, ils ont élaboré le Programme régional de sécurité alimentaire et nutritionnel (PRESAN) dont l’objet est de faire de la Grande île le grenier de l’océan Indien. Car si le problème de surpoids touche 49% des Mauriciens et 59% des Seychellois, la sous-nutrition affecte un Malgache sur deux et un Comorien sur trois. Mais les problèmes infrastructurels et politiques auxquels fait face la Grande île risquent de freiner l’implémentation de cet ambitieux programme. La COI devra aussi mobiliser des bailleurs de fonds pour le financement du PRESAN qui nécessitera des investissements de 134,5 millions d’euros sur cinq ans. À noter que la lutte contre la surpêche occupe également une place importante dans le PRESAN.