Julien Faliu : le monde est son village
Sa start-up « Expat.com » est devenue « la » référence sur la question de la mobilité internationale. Au point d’avoir tapé dans l’œil de Google et d’envisager aujourd’hui d’implanter une structure aux États-Unis.
« L’histoire de mon entreprise est liée à ma passion pour Internet », lance-t-il avec un grand sourire et un accent catalan qui sent bon la Méditerranée. Julien Faliu, 39 ans, le fondateur et directeur de Expat.com, nous reçoit dans son bureau de Port-Louis. Ingénieur en informatique et diplômé en gestion d’entreprise de l’IAE de Montpellier, il décroche son premier travail à Madrid. Il est dérouté par la capitale espagnole. D’autant qu’à l’époque (nous sommes au début d’Internet), difficile de trouver des infos pratiques. Il crée alors, dans la chambre d’un ami, un blog où il partage ses impressions, livre ses commentaires.
D’autres expatriés font de même un peu partout et Julien a alors l’idée, en 2005, de créer une plate-forme qui rassemblera tous ces sites. C’est expat-blog.com, rédigé par des expatriés pour des expatriés. « Déclinée en plusieurs langues, la plate-forme est gratuite pour nos membres ». Les recettes proviennent exclusivement « d’annonceurs liés à l’expatriation comme l’assurance-santé ou les déménagements ».
C’est en 2007 qu’il débarque à Maurice pour monter un site touristique en ligne. Séduit par l’île, il y est installé depuis 11 ans. Il s’est même marié avec une Mauricienne et est l’heureux père d’une petite fille. « L’appel d’une journaliste du Wall Street Journal qui avait entendu parler de mon projet fut un déclic pour moi ! » En 2008, il fait le grand saut et décide de s’investir à temps plein dans son activité.
Passer du site d’information à l’entreprise
« Je n’ai commence à vivre du site qu’en 2010-2011. » Conscient qu’il doit évoluer, Julien développe son produit et les services offerts, créant dans la foulée, en 2015, Expat.com qui succède à Expat-blog.com. Au contenu lié à l’information sur l’expatriation, se greffe le réseautage avec l’organisation de rencontres et un service premium comme de l’assurance santé ou des conseils financiers. Le site connaît un fort développement. À preuve, « si dans notre classement, les Français sont nos premiers visiteurs, ils sont suivis par les internautes venant des États-Unis et du Moyen-Orient ! »
La PME se renforce. Elle compte 24 salariés dont 80 % de Mauriciens. « Pour assurer mon gap technologique, je recrute des ingénieurs dont la qualité est à souligner. Dans un marché restreint, le problème, c’est leur disponibilité ! »
La nouvelle version du site est accessible sur toutes les plates-formes : mobile, tablette, minitablette… Tous ces efforts portent leurs fruits puisque la PME a récemment atteint un chiffre d’affaires d’un million de dollars. Pas mal, alors que le capital initial était de 600 000 roupies (15 000 euros). Le site a plus de 2,2 millions de membres inscrit et présents dans plus de 500 villes et 197 pays. Il enregistre 3,7 millions de visites par mois !
Penser « glocal »
Pour asseoir son développement et rechercher des financements mais « surtout de l’expertise », Julien envoie sa candidature à la Startup Grind Global Conference 2018. Il s’agit d’un salon international initié par Google for Entrepreneurs qui accueille une centaine d’investisseurs internationaux, 250 intervenants et quelque 7 000 entrepreneurs. Et Expat.com fait partie du Top 20 Startup Program, qui compte les 20 entreprises les plus prometteuses. « Les relations avec des investisseurs intéressés m’ont permis de légitimer notre projet. Même si j’y ai toujours cru, ces rencontres ont été une opportunité unique pour nous et… pour Maurice car la Silicon Valley est « la » référence. » Julien pense sérieusement à la question de l’internationalisation. « Dubaï et Singapour sont des cibles mais je rêve de créer une structure sur la côte Est des États-Unis, à New-York ou Boston. Le décalage horaire avec la Californie est trop important pour avoir une vie de famille à distance ! »
Et Maurice dans tout cela ? « Un expatrié se demande souvent : c’est où chez moi ? Chez moi, c’est d’être près de ma femme et de ma fille. C’est aussi ça le glocal (contraction des mots « global » et « local », NDLR). C’est avoir une stratégie mondiale mais de la mettre en œuvre en l’adaptant aux conditions locales », répond cet amoureux de l’île qui, paradoxalement, n’a jamais eu le temps de demander la nationalité mauricienne.