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À ce jour, trois de nos sites de production ont déjà fabriqué plus de 17 millions de doses complètes de Sputnik-V. - RDIF
Maurice

Konstantin Klimovskiy, ambassadeur de la Russie à Maurice : « À la fin du semestre, plus de 80 millions de doses seront produites ! »

Alors que Maurice et l’Europe font face à une seconde voire une troisième vague de la Covid-19, la Russie, dont le vaccin a longtemps été décrié, apparaît comme un acteur majeur et surtout incontournable dans cette lutte mondiale contre la pandémie. Konstantin Klimovskiy, ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la Fédération de Russie à Maurice, répond à nos questions.

L’Eco austral : Maurice attend une première commande de 250 000 doses du vaccin russe Sputnik-V. Et une autre commande de un million de doses a été passée soit au total 1,2 millions de doses ! Confirmez-vous ces informations ? A-t-on une idée de la date de la livraison ?

Konstantin Klimovskiy, ambassadeur de la Fédération de Russie à Maurice : 

Oui, je confirme cette information. Et nous sommes heureux d’aider le gouvernement et peuple amis dans la lutte contre la pandémie de coronavirus. Le Sputnik-V a été approuvé le 22 mars par Maurice. C’est le 55e État à le faire. Des négociations sont en cours sur les modalités et les conditions de transport. Les autorités mauriciennes sont en contact permanent avec le Fonds d’investissement direct russe (RDFI, voir hors-texte), qui est responsable de la distribution du vaccin à l’étranger en fonction des capacités disponibles. Les dates exactes de la livraison seront annoncées ultérieurement (cet entretien a été réalisé le 31 mars 2021, Ndlr.).

À ce jour, trois de nos sites de production ont déjà fabriqué plus de 17 millions de doses complètes de Sputnik-V. - RDIF
À ce jour, trois de nos sites de production ont déjà fabriqué plus de 17 millions de doses complètes de Sputnik-V. – RDIF
 

La Russie a-t-elle la capacité de production suffisante pour exporter son vaccin à grande échelle dans le monde ? Votre pays autorise des accords de production du Sputnik-V. Des États africains voire de l’océan Indien dont Maurice qui veut développer une filière pharmaceutique, peuvent-ils y prétendre ?

À ce jour, trois de nos sites de production ont déjà fabriqué plus de 17 millions de doses complètes de Sputnik-V. Selon le plan, 12,5 millions de doses de médicament devraient être produites en mars, et nous comptons atteindre 17 millions en avril. Nous allons continuer à augmenter les volumes de production pour fabriquer plus de 80 millions de doses à l’issue du semestre ! Finalement, grâce à la coopération étroite entre les centres scientifiques russes, les sociétés pharmaceutiques et le secteur privé, nous espérons atteindre une production de 200 à 300 millions de doses de médicament par an ! Les chiffres parlent d’eux-mêmes ! La Fédération de Russie disposera sans aucun doute des capacités technologiques et productives pour respecter ses obligations découlant de tous les accords conclus.
Concernant l’autorisation d’utiliser le médicament russe au niveau international, elle a déjà été accordée à 58 États ce qui représente plus de 1,5 milliard d’habitants. Et ce malgré le discrédit délibéré de notre vaccin, les diverses fausses informations et parfois les mensonges, les accords continuent à se conclure.
Aujourd’hui nous pouvons dire, et cela a été indéniablement confirmé dans la pratique, que les vaccins russes sont absolument fiables et sûrs. D’autant qu’aucun autre médicament étranger de ce type ne présente un degré de protection aussi élevé (selon la célèbre revue médicale The Lancet, le Sputnik-V est efficace à 91,6 %, Ndlr.). Des accords de transfert de technologie pour produire localement notre vaccin ont été conclus avec dix États dont la Chine, l’Inde, la Turquie, le Kazakhstan, la Biélorussie et la Corée du Sud. Conformément aux accords actuels, 700 millions de vaccins seront produites, par an, en dehors de la Fédération de Russie. C’est le résultat d’une interaction directe entre les sociétés pharmaceutiques étrangères et le RDFI.
Concernant la possibilité de participation de pays africains et en particulier de l’océan Indien à ces projets, il est difficile pour moi d’en parler – je ne suis pas un spécialiste – mais il est clair que cela nécessite certaines capacités de production et une expérience dans ce domaine.
 

Selon la célèbre revue médicale The Lancet, le Sputnik-V est efficace à 91,6 %. - RDIF
Selon la célèbre revue médicale The Lancet, le Sputnik-V est efficace à 91,6 %. – RDIF

Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a accusé, fin mars, votre pays de faire du Sputnik-V un outil de « propagande » et de « diplomatie agressive ». En bref, il y aurait une diplomatie mondiale du vaccin. Quelle est votre réponse ?

Il est curieux aujourd’hui d’entendre certains hommes politiques occidentaux clamer que Sputnik-V est un outil de propagande ! Je voudrais rappeler que la vaccination de la population européenne se déroule extrêmement lentement. L’Union européenne (UE) connaît de graves problèmes d’approvisionnement en vaccins occidentaux. Or nous sommes en pleine troisième vague de coronavirus, une vague qui frappe tous les pays européens. En France, la situation est très difficile. Face à cela, certains États européens (Hongrie, Slovaquie, Serbie, Macédoine du Nord, Saint-Marin) ont déjà, à leur propre initiative, enregistré le Sputnik-V. Et un certain nombre d’autres pays, en particulier l’Allemagne ou l’Autriche, ont eux-mêmes « propagé » notre vaccin, exigeant que l’UE l’achète ! Nous n’imposons rien à personne. La vaccination de la population russe est une priorité mais nous sommes prêts à aider tous ceux qui le demandent.
Fin mars, lors d’une visioconférence entre le président russe, Vladimir Poutine, et les dirigeants français et allemand, Emmanuel Macron et Angela Merkel, ont été abordés des perspectives d’enregistrement dans l’UE du vaccin russe Sputnik-V, des approvisionnements possibles et la production conjointe de ce médicament dans l’espace européen.
 

Konstantin Klimovskiy, ambassadeur de la Fédération de Russie à Maurice
Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la Fédération de Russie à Maurice, depuis 2017, Konstantin Klimovskiy est un parfait francophone (outre le français, il parle l’anglais et l’arabe). Avant d’être posté à Port-Louis, il était auparavant ministre-conseiller à l’ambassade de Russie à Tunis. Il a également été, de 2007-2011, consul général de la Russie à Strasbourg. Ce diplômé de l’Institut d’État des relations internationales de Moscou* est marié et a deux fils.
*L'institut a été surnommé le « Harvard de la Russie » par Henry Kissinger, parce qu'il reçoit une grande partie des élites politiques, économiques et intellectuelles de la fédération.

 

Le Russian Direct Investment Fund (RDIF) est le fonds souverain russe.- RDIF LLe RDIF, un outil stratégique peu connu
Le Russian Direct Investment Fund (RDIF) est le fonds souverain russe. Il a été créé, en 2011, pour co-investir dans des compagnies, principalement en Russie, aux côtés d’investisseurs financiers et stratégiques internationaux réputés. Le RDIF a mis en œuvre plus de 80 projets de forme conjointe avec des partenaires étrangers, totalisant plus de 1,9 milliards de roubles (21 517 975 euros). Les sociétés dans le portefeuille du RDIF génèrent des revenus représentant plus de 6 % du PIB de la Russie. Le RDIF a établi des partenariats stratégiques avec des grands co-investisseurs internationaux originaires de plus de 18 pays, totalisant plus de 40 milliards de dollars.