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Arabie Saoudite

La chute de la maison Saoud est-elle inéluctable ?

De l'influence à la décadence

Depuis le début du règne des Saoud, en 1932, l’Arabie Saoudite s’est taillée un fief dans le sang, bénéficiant du soutien des Occidentaux qu’elle abreuve d’or noir. Ne possède-t-elle pas un quart des réserves mondiales de pétrole ? Cette dynastie tire son pouvoir d’un pacte vieux de deux siècles entre un prédicateur wahhabite et un émir. Alliance du sabre et du turban qui assura son hégémonie sur la péninsule et sur les lieux saints, permettant au courant le plus conservateur et sectaire de l’islam de diffuser sa pensée dans l’ensemble du monde arabo-musulman et au-delà. Or, dans cette monarchie absolue, le Coran constitue la seule source du droit et nourrit un corps de doctrine rétrograde qui méprise la femme, l’étranger, la culture et, bien entendu, la modernité. Mais, depuis 2013, le pays pâtit d’une baisse des cours du pétrole qui menace de faire s’effondrer ce colossal édifice. Ses alliés historiques jugent de plus en plus sévèrement ses liens troubles avec le terrorisme islamiste. Confronté à la désaffection croissante des États-Unis et au retour de l’Iran sur la scène diplomatique, le régime échappera-t-il à l’implosion ? « Par son refus de la modernité et son incapacité à se réformer, l’Arabie Saoudite travaille lentement mais sûrement à sa propre destruction, mieux qu’aucun ennemi extérieur ne le ferait », écrit Ardavan Amir-Aslani qui voit dans la chute des Saoud une fin inévitable. « Il n’est pas étonnant de voir les Saoud travailler avant tout à la réforme de leur économie face à la baisse des cours du pétrole : l’argent est leur plus sûr rempart pour continuer à exister comme ils l’ont toujours fait depuis le début du XXe siècle, celui qui les a dissimulés aux yeux du monde pendant près de quatre-vingts ans et qui maintient un ordre des choses immuable. Sans argent, le roi est nu. » Dans la chute des Saoud, le géopolitologue Amir-Aslani voit un bienfait : la possibilité pour l’islam d’entreprendre sa nécessaire et salutaire réforme idéologique. On peut toujours dire que cette analyse n’est pas vraiment impartiale puisque son auteur est d’origine iranienne. Surtout quand il voit dans la renaissance de l’Iran une « véritable chance pour le Moyen-Orient de demain ». Mais il est vrai que le FMI donne trois ans au royaume saoudien avant d’être en banqueroute. 
Né en 1965 à Téhéran, Ardavan Amir-Aslani est avocat au Barreau de Paris. Il enseigne la géopolitique du Moyen-Orient à l’École de guerre économique. Conseil d’un certain nombre d’États du Moyen-Orient, dont l’Iraq, il est l’auteur d’essais remarqués : « Iran, le retour de la Perse » Picollec, 2009), « Géopolitique de la spiritualité » (Nouveau Monde, 2011), « Iran, États-Unis : les amis de demain » (P.-G. de Roux, 2013), « Iran et Israël » (Nouveau Monde, 2013), « Faire des affaires avec l’Iran » (Eyrolles, 2016). Ses billets du Huffington Post sont très lus. 

« Arabie saoudite – De l’influence à la décadence », par Ardavan Amir-Aslani – Éditeur : Archipel (mars 2017), 240 pages – 18 euros (13,99 en format Kindle)