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La covid-19 va-t-elle accélérer la transition politique ?
On connaissait déjà l’expression « effet papillon », qui veut qu’un événement insignifiant au début de la chaîne puisse provoquer une catastrophe non prévisible, voilà que le Centre d'analyse, de prévision et de stratégie (CAPS), dépendant du ministère français des Affaires étrangères, vient de publier une note intitulée L’effet pangolin : la tempête qui vient en Afrique ? Sous ce titre ironique, rédigée par un africaniste chevronné, Jean-Pierre Bat, cette étude s’alarme que le coronavirus n’agisse comme un révélateur inéluctable des fragilités de nombreux États d’Afrique francophone. Pour le think tank français, le coronavirus de la covid-19 pourrait devenir « un virus politique » car « les États vont faire massivement la preuve de leur incapacité à protéger leurs populations ».
En outre, les mesures de confinement largement prônées dans ces pays pourraient provoquer l’effondrement des économies, déjà largement dépendantes de partenaires occidentaux et des aides au développement en partie détournées, et surtout largement dominé par le secteur informel (près de 50 % au Gabon). Tous ces éléments risquent de provoquer, sinon l’effondrement, au moins de fortes contestations de régimes sclérosés politiquement. Mais surtout, volet peu diplomatique, cette synthèse ne formule pas de conseils pour sauver ces dirigeants africains de la menace du chaos, mais au contraire veut préparer Paris à (ré)agir à des transitions politiques profondes qui paraissent inéluctables.
Au vu de la catastrophe politique, économique et sanitaire prédite, le CAPS propose que la France se tourne vers de nouveaux interlocuteurs que sont les autorités religieuses, les diasporas, les artistes populaires et enfin les entrepreneurs et les hommes d’affaires néo-libéraux.