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Réunion

La formation, pilier numéro un pour la Région

Depuis le début des années 2000, l’État transfère progressivement aux régions tout ce qui concerne la formation professionnelle. Cela tombe bien : la Région Réunion a établi la formation comme le pilier numéro un de son action ! Le dernier acte de cette décentralisation s’est déroulé le 18 avril dernier, avec la signature du Pacte régional d’investissement dans les compétences entre l’État et la Région.

Plusieurs textes législatifs sont venus inscrire dans le marbre de la décentralisation : la loi du 17 janvier 2002 de modernisation sociale ; la loi du 27 février 2002 relative à la démocratie de proximité ; la loi du 13 août 2004 relative aux libertés et responsabilités locales (qui confie aux régions la définition de la politique régionale d’apprentissage et de formation professionnelle des jeunes et des adultes à la recherche d’un emploi ou d’une nouvelle orientation professionnelle) ; la loi du 24 novembre 2009 relative à l’orientation et à la formation professionnelle tout au long de la vie, qui reconnaît aux régions une compétence générale en matière de formation ; et enfin, le 1er août 2018, la Loi pour la liberté de choisir son avenir professionnel.
Le Plan régional de développement des formations professionnelles (PRDF) a laissé la place au Contrat de plan régional de développement des formations professionnelles (CPRDF) et le mot important est « contrat ». C’est dorénavant une relation contractuelle qui est instaurée entre la Région et l’État (représenté par le préfet), le recteur de l’académie et le Directeur de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt (DAAF).

Un guichet unique à Saint-Pierre

Le contrat est piloté par la Région mais sous l’œil attentif d’un Comité de coordination régional de l’emploi et de la formation professionnelle (CCREFP) qui en assure aussi l’évaluation. Le CCREFP est co-présidé par le préfet et le président du Conseil régional et comprend une multitude d’acteurs concernés à différents niveaux : Département, association des maires, Pôle emploi, agence départementale d’insertion, syndicats patronaux et de salariés, chambres consulaires, conseil économique et social régional. 
Le premier CPRDF de La Réunion a été signé le 28 octobre 2011, à l’occasion des Assises de la formation professionnelle qui se sont tenues à l’hôtel de Région. La phrase la plus importante du document est (page 6) : « Nous nous engageons pour faire de la formation un véritable levier de développement social et économique. » Ceux qui ont signé ce document et se sont engagés sont : Didier Robert (Région), Michel Lalande (préfet), Moustafa Fourar (recteur) et Michel Sinoir (DAAF).
Parmi les premières actions engagées dans le cadre du CPRDF : le 30 novembre 2012 à la Nordev (parc des expositions de Saint-Denis) s’est déroulée la première journée régionale de la formation professionnelle et de l’apprentissage, à l’initiative de la Région Réunion. Cette manifestation a connu un beau succès, avec 540 exposants présents.
En 2014, le Service public de l’orientation (SPO) a cédé la place au Service public régional de l’orientation (SPRO), conformément à une volonté politique de construire par le bas et plus par le haut. C’est dans ce cadre que la Cité des métiers a vu le jour à La Réunion, au 65, rue du Père Lafosse, à Saint-Pierre. On y trouve les informations concernant la formation de plus de 50 partenaires, de l’Université à la Fédération du BTP (FRB-TP), en passant par l’ordre des experts-comptables, la Chambre de commerce et d’industrie (CCIR) et le régiment du service militaire adapté (RSMA). Ce guichet unique est cofinancé par le Fonds social européen (FSE), dans le cadre du programme opérationnel national Emploi et Inclusion 2014-2020, et par la Région, qui a notamment voté une enveloppe de 1,1 million d’euros, en décembre 2018, pour la mise en œuvre de son programme d’activités (www.citedesmetiers.re). 

 

Didier Robert
« C’est un grand jour pour La Réunion, c’est un effort sans précédent de l’État pour mieux accompagner notre territoire. » Déclaration de Didier Robert, président de a Région Réunion, lors de la signature, le 18 avril, du Pacte régional d’investissement dans les compétences entre l’État et la Région.  Guillaume Foulon
 

Emploi des jeunes

Le plus grand défi social de La Réunion est le nombre important de jeunes (plusieurs milliers) qui sortent chaque année du système scolaire sans aucune qualification. La Région Réunion a donc décidé de mettre en place le Compte formation réussite (CFoR), pour que chaque jeune dispose d’un temps de formation suffisant pour acquérir une certification (titre ou diplôme). Le principe est que chaque jeune Réunionnais a droit à une qualification à l’issue de sa scolarité obligatoire jusqu’à 16 ans et qu’il faut replacer ce principe au centre de toute l’organisation de la formation professionnelle. La Région propose à chaque jeune un capital temps de formation, un parcours qualifiant et un Passeport formation réussite, permettant de garder des traces à chaque étape du parcours.
Les 18 et 19 avril 2019, Jean-Marie Marx, haut-commissaire aux Compétences et à l’Inclusion par l’emploi, est venu à La Réunion signer avec Didier Robert, président du Conseil régional, et Amaury de Saint-Quentin, Préfet de La Réunion, un Pacte régional d’investissement dans les compétences entre l’État et la Région. Ce Pacte est la déclinaison régionale du PIC (Plan d’investissement dans les compétences) lancé fin 2017 par le gouvernement avec, pour objectif, à travers la formation, d’insérer durablement dans l’emploi un million de jeunes et un million de demandeurs d’emploi. Le gouvernement a mis en place dans cette optique une enveloppe de 15 mil-liards d’euros sur cinq ans au niveau national.

La Réunion va bénéficier de 253,3 millions d’euros pour la période 2019-2022 (dont 56 millions d’euros pour l’année 2019). « C’est un grand jour pour La Réunion, c’est un effort sans précédent de l’État pour mieux accompagner notre territoire », a déclaré Didier Robert. Le Pacte prévoit qu’en complément de cette contribution de l’État, la Région s’engage sur un effort de 34 millions d'euros par an, soit 136 millions d'euros pour la période 2019-2022.
Le Pacte propose des parcours de formation allant de l’acquisition des premiers savoirs jusqu’à l’accès à une certification. Un accompagnement des bénéficiaires est proposé tout au long du parcours de formation. La Région Réunion va ainsi proposer des parcours dans les secteurs d’avenir tels que la santé, le numérique, l’économie circulaire et l’économie bleue. La mise en œuvre sera effectuée par la Région Réunion et Pôle Emploi. 
Depuis le 1er janvier 2019, la nouvelle norme comptable M57 impose la fusion des lignes « lycées », « formation professionnelle » et « apprentissage » au niveau du budget primitif (BP). Mais il apparaît clairement à la lecture du BP 2019 que l’effort est sans précédent : 144 millions d’euros en fonctionnement et 57 millions d’euros en investissement, soit 201 millions d’euros au total, avec l’aide de l’État mais aussi de l’Europe. En 2019, la Région Réunion reçoit 70,3 millions d’euros de subventions européennes pour l’enseignement et la formation, dont 39,5 millions d’euros du Fonds social européen (FSE), 25,1 millions d’euros du Fonds européen de développement régional (FEDER) et 5,7 mil-lions d’euros de subventions européennes « autres ».

Quel bilan après cinq ans ?
Il y a les discours, la volonté politique et puis il y a les chiffres, la réalité. Force est de constater qu’entre 2013 et 2018, le chômage des  16-24 ans a baissé 
(- 18,86 %), de même que pour les 25-49 ans (- 3,58 %). Il n’y a que pour les plus de 50 ans qu’il a augmen-té (+ 50,38 %), ce qui est logique puisque les dispositifs mis en place ciblent en priorité les jeunes. L’augmentation du chômage des plus de 50 ans est hélas supérieure aux diminutions observées sur les 16-24 ans et les 25-49 ans et, au final, le chômage à La Réunion augmente (+ 4,36 %), il augmente même plus que la population totale (+ 2,15 %).