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Patrick Lebreton, président du Syndical mixte d’études et de programmation (Smep)
Réunion

La politique empoisonne les relations entre la Civis et la Casud

Les maires de Saint-Philippe et de Saint-Joseph ont annoncé après le deuxième tour des élections municipales qu’ils souhaitaient se retirer de la Casud pour rejoindre la Civis. Une décision essentiellement politique. Mais la voie de la sagesse serait plutôt la fusion des deux intercommunalités du Grand Sud.

Patrick Lebreton, président du Syndical mixte d’études et de programmation (Smep)
Patrick Lebreton, président du Syndical mixte d’études et de programmation (Smep) qui réunit les dix communes de la Civis et de la Casud. C’est le Smep qui a validé le Schéma de cohérence territoriale (Scot) du Grand Sud.    © DOM974
 

La politique domine depuis le début, depuis 1983, lorsque Paul Vergès crée le premier Syndicat intercommunal à vocation multiple (Sivom) de La Réunion pour regrouper les communes communistes : La Possession, Le Port, Saint-Louis, Saint-Pierre, Sainte-Rose et Sainte-Suzanne. Le Sivomr avait comme siège social le fameux immeuble « le crayon » au Port, où l’on a découvert en 1993 des micros cachés dans les faux-plafonds… Mais c’est une autre histoire !
Aux municipales de 2001, les communistes perdent les deux plus grosses communes de leur Sivomr : Saint-Louis et Saint- Pierre, qui basculent à droite. Le Port et La Possession décident alors de quitter le Sivomr pour rejoindre la Communauté de communes de l’ouest (CCCO), alors composée de Saint-Paul, Saint-Leu et Trois-Bassins. Le nouvel ensemble prend le nom de TCO (Territoire de la côte ouest) et le Sivomr devient alors la Civis. À ce moment, les dix communes du Grand Sud se répartissent donc de façon égale entre deux intercommunalités du Sud : cinq communes chacune. Mais en 2009, nouveau déchirement : Michel Dennemont, maire des Avirons, annonce à Didier Robert, alors maire du Tampon, son intention de quitter la CCSUD pour rejoindre la Civis, pour une question de cohérence territoriale. Pour tenir compte de son nouveau périmètre, réduit à quatre communes, la CCSUD se transforme le 1er janvier 2010 en communauté d’agglomérations et prend le nom de Casud. 

Un jeu politique complexe

Dernier épisode en date : par courrier adressé au préfet en juillet 2020, Patrick Lebreton, maire de Saint-Joseph, a officialisé sa volonté de quitter la Casud, une démarche à laquelle il entend joindre la commune de Saint-Philippe. Le motif invoqué est clairement politique : la commune du Tampon serait, selon lui, trop privilégiée, ce que réfute André Thien-Ak-Koon, maire du Tampon et président de la Casud, réélu le 10 juillet 2020 de justesse (au bénéfice de l’âge) face justement à… Patrick Lebreton ! Dans les rues du Tampon, il se murmure qu’en toile de fond il y a la querelle entre André Thien- Ah-Koon et Didier Robert, qui remonte à plusieurs années mais qui est loin d’être oubliée par les deux protagonistes et continuera à empoisonner la vie politique réunionnaise encore un certain temps. Mais le jeu politique est complexe, il ne faut pas s’imaginer pour autant que Patrick Lebreton roule pour Didier Robert : aux dernières municipales, Alin Guezello, soutenu par Didier Robert, s’est présenté contre Patrick Lebreton à Saint-Joseph… Quoi qu’il en soit, et en toute objectivité, la voie de la sagesse serait de fusionner tout simplement la Civis et la Casud. L’idée flotte dans l’air depuis plusieurs années et les maires des deux locomotives du sud, André Thien-Ah-Koon et Michel Fontaine (maire de Saint-Pierre et patron local du parti Les Républicains), y sont favorables. Cette création d’une seule grande intercommunalité regroupant les dix communes du Grand Sud est un élément qui pèsera lourd lors des prochaines élections départementales et régionales de 2021 (ou 2022, Emmanuel Macron ayant en effet émis le souhait de décaler les deux scrutins après la présidentielle).
Dans ce contexte très politisé, l’adoption du Schéma de cohérence territoriale (Scot) du Grand Sud est un exploit à mettre à l’actif du Syndical mixte d’études et de programmation (Smep) qui est parvenu à réunir la Civis et la Casud sur un projet commun.

Un arrondissement, trois députés

Depuis le redécoupage cantonal de 2010, La Réunion compte deux députés de plus (sept contre cinq précédemment), mais le Grand Sud est maintenant à cheval sur trois circonscriptions :
• Nathalie Bassire est élue de la 3ème circonscription qui regroupe les cantons de Saint-Louis 2 et 3, de Cilaos, de l’Entre-Deux et du Tampon 1, 2, 3 et 4 ;
• David Lorion est élu de la 4ème circonscription : Petite-Île, Saint-Joseph 1 et 2, Saint-Pierre 1, 2, 3 et 4.
• Jean-Luc Poudroux dans la 7ème circonscription : Les Avirons, L’Étang-Salé, Saint-Leu 1 et 2, Saint-Louis 1, Saint-Paul 4 et 5, Trois-Bassins.
Les trois députés du Grand Sud font partie du groupe parlementaire Les Républicains à l’Assemblée nationale.
Par ailleurs, les communes des Avirons et de L’Étang-Salé, qui faisaient partie de l’arrondissement de Saint-Paul, ont été rattachées le 1er septembre 2006 à la sous-préfecture de Saint-Pierre, de sorte que l’arrondissement coïncide maintenant avec la microrégion Grand-Sud, ce qui simplifie les formalités administratives.