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Réunion

La Réunion ne peut pas produire tout ce qu’elle mange

Le problème est tout simplement géographique. L’île ne dispose que de 421 km2 de superficie agricole utilisée (SAU), soit moins de 20 %, contre 50 % en Métropole. De plus cette SAU est majoritairement occupée par la canne à sucre.

Carottes Chine
Chaque année, 3 300 tonnes de carottes sont importées de Chine et d’Australie.  Photo : Ignace de Witte
 

La Réunion ne dispose que de 181 km2 pour son alimentation, dont 29 km2 de fruits, 22 km2 de légumes et 118 km2 d'élevage. C’est très peu et si la surface agricole utilisée (SAU) n'évolue pas en même temps que la population, qui va atteindre le million d'habitants en 2037, l’île devra de plus en plus importer sa nourriture. Une des variables d'ajustement est l'abandon de la canne à sucre au profit de cultures vivrières. D'autres préconisent d'abandonner la viande et de tous devenir « végan »…
En attendant, on recense actuellement 7 870 exploitations agricoles sur l'île, dont 96,5 % font moins de 20 hectares.  Ces agriculteurs se débrouillent plutôt bien compte tenu des contraintes spatiales. La production fruitière réunionnaise compte 2 500 exploitations, produit 30 000 tonnes et couvre 70 % des besoins locaux, en fonction des aléas climatiques. Les agriculteurs parviennent non seulement à satisfaire la plus grosse part de la demande en fruits, mais ils exportent un peu : 2 100 tonnes de letchis, ananas, mangues et autres fruits de la passion. Les importations, essentiellement de Métropole et d'Afrique du Sud, concernent des fruits que l'on ne trouve pas à La Réunion, à contre-saison ou moins chers que la production locale : pommes (5 000 tonnes), kiwis (750 tonnes), raisins (1 750 tonnes), oranges (4 000 tonnes), etc.
La production locale de légumes est assurée par 2 950 agriculteurs qui produisent 45 000 tonnes et couvrent là aussi 70 % des besoins locaux. La tomate arrive en tête des productions locales devant la salade, les brèdes et le chouchou. Les importations concernent majoritairement les oignons (8 700 tonnes) et les carottes (3 300 tonnes) qui viennent de Chine et d'Australie.

La volaille fraîche est produite localement à 100 %

En ce qui concerne le cheptel réunionnais, il compte 6 870 vaches à viande qui permettent de mettre sur le marché 1 585 tonnes équivalent carcasse (TEC), contre 5 773 tonnes qui sont importées. La filière souffre de la mauvaise image donnée par les vaches laitières mortes montrées à la télé et les éleveurs concernés qui parlent de brucellose, leucose, chlamydiose, etc. Les autorités se veulent rassurantes : il n'y a aucun risque sanitaire. Ce n'est pas comme en Guadeloupe, où un élevage bovin a été frappé d'interdiction préfectorale de commercialiser de la viande, suspectée d'être contaminée par la chlordécone. Il n'y a aucune interdiction à La Réunion.
De toute façon, la viande préférée des Réunionnais est la volaille. La Réunion en produit 13 000 tonnes, contre 20 778 tonnes qui sont importées. La Réunion est en effet un « marché de dégagement » pour les gros abattoirs européens, une pratique commerciale contre laquelle il est impossible de lutter. Mais en ce qui concerne la volaille fraîche, elle est à 100 % produite localement.
La Réunion est performante en ce qui concerne la viande de porc : 13 000 tonnes sont produites localement, contre 10 720 tonnes qui sont importées. Le lapin n'est pas une viande très prisée des Réunionnais mais 196 tonnes sont produites localement, contre 150 tonnes importées. En ce qui concerne le cabris, ingrédient essentiel de certains plats traditionnels réunionnais, la situation est assez spéciale. L'élevage est essentiellement familial et le marché (grandes surfaces) est alimenté quasi-exclusivement par les importations. Il en va de même pour le mouton et l'agneau : la production locale s'élève à seulement 33,4 tonnes. 

La toute puissance de la grande distribution
On recense une vingtaine d'hypermarchés (+ 2500 m2 de surface de vente) et une centaine de supermarchés (+ 300m2) qui encaissent 1 686 millions d’euros en alimentation, soit 90 % du total des achats alimentaires des ménages. La grande distribution se situe donc au cœur de la problématique « pouvoir d'achat » mais aussi au cœur de la problématique « production locale », avec parfois des arbitrages à faire au moment de garnir les rayons, car le linéaire revient cher.

Source : Étude réalisée par le cabinet Bolonyocte Consulting pour l’Observatoire des prix et des marges à La Réunion (OPMR).