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Maurice/Réunion

La ville africaine du futur se dessine dans nos îles

Maurice et La Réunion ont su inventer des solutions originales en termes de développement durable et d’urbanisme écologique. Jusqu’à envisager aujourd’hui de faire cause commune pour les exporter.

C’est au tout nouveau Caudan Arts Centre que 350 cadres des secteurs privé et public de Maurice, de La Réunion et de Madagascar se sont rencontrés, les 18 et 19 juin, dans le cadre d’un séminaire sur la « ville durable ». Organisée conjointement par l’ambassade de France à Maurice et le Club Export Réunion, association qui accompagne à l’international les entreprises réunionnaises, la rencontre visait à explorer les opportunités de coopération entre les deux îles sur le thème du développement durable. Cela en vue du prochain sommet Afrique-France qui aura lieu à Bordeaux du 4 au 6 juin 2020. 
Comme l’ont rappelé Emma-nuel Cohet, l’ambassadeur de France à Maurice, et Laurent Lemaître, le président du Club Export Réunion : « Maurice et La Réunion figurent parmi les territoires les plus densément peuplés au monde et peuvent jouer le rôle de laboratoires de solutions urbaines durables, adaptées non seulement aux pays de l’océan Indien, mais aussi de l’Afrique, et ainsi contribuer à l’émergence de la ville africaine du futur. » À l’agenda, des thèmes liés au développement urbain : le transport, la gouvernance, les Smart Cities (villes intelligentes) à Maurice, l’économie circulaire et l’énergie.

Un peu de bon sens

L’intervention de Gérard Sanspeur a été particulièrement remarquée. Le président de Landscope Mauritius (compagnie publique gérant différentes propriétés immobilières de l’État mauricien) a souligné que la ville durable devait être la priorité de l’État, ce qui ne signifie pas stricto sensu construire de nouvelles villes.
 « La destinée de notre île se jouera sur notre capacité à comprendre qu’au lieu de s’évertuer à construire de nouvelles villes et des villes d’exception, il s’agit de transformer, de régénérer l’existant », a-t-il martelé avant d’ajouter : « Il suffirait de faire preuve d’un peu de bon sens pour comprendre que le Métro express est voué à l’échec si on ne développe pas une stratégie de densification des villes existantes pour augmenter le nombre de passagers ».  La viabilité du projet pose toujours question alors que l’inauguration de la phase un du Métro express est prévue pour septembre 2019. Un autre défi, lié à la problématique de la ville durable, a largement été abordé au cours du séminaire, celui de la transition énergétique. Le directeur par intérim du Central Electricity Board (CEB, l’EDF mauricien), Shamshir Mukoon, a expliqué que près de 80 % de l’énergie électrique produite à Maurice l’est à partir de charbon et de pétrole ; les 20 % restants sont produits à partir de la bagasse (environ 14 %), de l’hydraulique et des autres sources d’énergies renouvelables. Or l’objectif du CEB est de faire passer ce pourcentage à 30 % d’ici 2025.  Le problème est que l’énergie électrique produite par l’éolien et le solaire n’est pas stable, car dépendante des conditions météorologiques. Le CEB s’est donc fixé pour objectif d’intégrer d’ici 2020 14 mégawatts (MW) de batteries au réseau existant, dont la capacité de stockage actuelle est de 4 MW. Ce renforcement permettra aux producteurs privés et aux particuliers de rejoindre graduellement le réseau national.