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Lafarge et Holcim fusionnent pour créer le N.1 mondial du béton

Les deux plus grands cimentiers mondiaux, le suisse Holcim et le français Lafarge, vont fusionner pour donner naissance à un colosse du béton, qui pèsera 32 milliards d'euros et 130 000 emplois, sous réserve du feu vert des autorités de la concurrence.

 

« Ce projet de fusion est une opportunité unique dans l'histoire d'une entreprise », a affirmé, le lundi 7 avril, le président d'Holcim Rolf Soiron lors d'une conférence de presse conjointe à Paris avec le PDG de Lafarge, Bruno Lafont.
L'opération, si elle aboutit, donnerait naissance à un colosse faisant figure de champion incontesté, dans un secteur encore très fragmenté.
Ensemble, Lafarge et Holcim représentent un chiffre d'affaires (avant cessions d'actifs) de 32 milliards d'euros, un bénéfice opérationnel (Ebitda) de 6,5 milliards d'euros et une capitalisation boursière de 40 milliards d'euros.
Les négociations entre les deux concurrents ont été maintenues secrètes pratiquement jusqu'au bout. Elles ont débuté « l'été dernier », ont précisé des sources proches du dossier. Le premier contact direct entre MM. Lafont et Soiron a eu lieu « fin janvier-début février » à Strasbourg, ont révélé les deux patrons.
L'opération prendra la forme d'une offre publique d'échange lancée par le groupe suisse Holcim sur son concurrent français Lafarge, au taux d'une action Holcim pour une action Lafarge, ont précisé les deux groupes qui espèrent boucler la transaction au premier semestre 2015.

Fusion entre égaux

Le nouveau groupe issu de cette « fusion entre égaux » sera « positionné de façon unique dans 90 pays et réparti de façon équilibrée entre pays développés et pays à forte croissance ».
Cette société, basée en Suisse, comme Holcim, et cotée à la fois à Paris et à Zurich, sera dirigée par Wolfgang Reitzle (Holcim), futur président non-exécutif (ou chairman), et M. Lafont, qui deviendra le patron opérationnel (ou CEO) du nouvel ensemble. Le conseil d'administration sera quant à lui réparti de façon « équilibrée » entre les deux groupes actuels, avec 7 représentants pour chacun.
Ce géant européen prévoit de réaliser « les deux tiers de son résultat opérationnel dans les pays émergents », le béton étant (comme l'acier ou l'accès à l'énergie) l'un des principaux vecteurs du développement, a indiqué une autre source proche du dossier.
Les deux cimentiers confrontés à la morosité du marché de la construction en Europe, espèrent en se rapprochant dégager 1,4 milliard d'euros de synergies annuelles au bout de trois ans, dont un tiers dès la première année.
Cependant, les deux groupes devront passer sous les fourches caudines d'une quinzaine d'autorités de régulations dans le monde. Pour obtenir leur feu vert, ils promettent « des cessions d'actifs dans le cadre d'une optimisation stratégique du portefeuille, tout en anticipant les demandes des autorités de régulation », qui représenteront un chiffre d'affaires combiné de 5 milliards d'euros.
Ils insistent sur leur complémentarité, avec une forte présence de Lafarge en Afrique et de Holcim en Amérique latine, mais tous deux avec des positions très fortes en Europe.
Les deux tiers des cessions prévues auront lieu en Europe, a souligné M. Soiron. « D'autres pays feront l'objet d'une attention particulière comme le Canada, les États-Unis, le Brésil et peut-être l'Inde et la Chine », a précisé M. Lafont.
« Il n'y a pas de fermeture d'usine associée directement à cette transaction », a affirmé le patron de Lafarge. « Un désinvestissement, ce n'est pas une fermeture d'usine », a-t-il expliqué.
Pour M. Lafont, le groupe « ne quitte pas la France ». Il dispose de « fonctions centrales en France », son centre de recherche étant notamment basé à Lyon. Le ministre de l'Economie, Arnaud Montebourg, a réagi en disant que le gouvernement ferait preuve d'une « grande vigilance » dans ce dossier.
Après l'annonce de la fusion, l'agence de notation Moody's a dit envisager de relever la note de crédit de Lafarge, tout en abaissant de « stable » à « négative » la perspective d'évolution la note d'Holcim.
Avec un chiffre d'affaires de 16,1 milliards d'euros en 2013, Holcim est le leader mondial du ciment devant Lafarge, dont les ventes ont atteint 15,2 milliards d'euros l'année dernière. Leurs principaux concurrents, l'allemand HeidelbergCement et le mexicain Cemex, arrivent ensuite avec des chiffres d'affaires de 13,94 milliards et 11,1 milliards d'euros, respectivement.