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De g. à dr. : Philippe Veerabadren (Maurice), Abdoul-Oikil Said Ridhoine (Comores), Stephason Kotomangazafy (Madagascar), Marie-Dominique Leroux (Météo France), Emmanuel Clopet (Météo France), Marc Dubernet (AFD) et Jean-Baptiste Routier (COI). Photo : Ignace de Witte
Océan Indien

L’AFD en guerre contre le réchauffement climatique

Les dernières études montrent que les îles de l’océan Indien vont subir plusieurs changements inéluctables et notamment une élévation du niveau de la mer supérieure aux estimations précédentes. L’Agence française de développement (AFD) les accompagne pour prendre les mesures nécessaires.

De g. à dr. : Philippe Veerabadren (Maurice), Abdoul-Oikil Said Ridhoine (Comores), Stephason Kotomangazafy (Madagascar), Marie-Dominique Leroux (Météo France), Emmanuel Clopet (Météo France), Marc Dubernet (AFD) et Jean-Baptiste Routier (COI).   Photo : Ignace de Witte
De g. à dr. : Philippe Veerabadren (Maurice), Abdoul-Oikil Said Ridhoine (Comores), Stephason Kotomangazafy (Madagascar), Marie-Dominique Leroux (Météo France), Emmanuel Clopet (Météo France), Marc Dubernet (AFD) et Jean-Baptiste Routier (COI).   Photo : Ignace de Witte
 

Dans le cadre de la 21e Conférence des parties (COP 21) et de l'Accord de Paris pour le climat de 2015, l'AFD a la maîtrise d'ouvrage d'Adapt'Action, un outil qui accompagne une quinzaine de pays africains et insulaires pour mesurer l'impact du changement climatique et prendre les mesures qui s'imposent. Adapt'Action bénéficie d'une enveloppe globale de 30 millions d’euros de l'AFD sur cinq ans (2017-2021). Dans notre région, les pays concernés sont Maurice, les Comores et Madagascar, auxquels s'ajoutent les Seychelles et La Réunion par l'entremise de la Commission de l’océan Indien (COI), qui pilote localement le projet. 

Des scénarios consultables sur Internet 

Il existe plusieurs scénarios globaux, au niveau de la planète, mais on sait que le réchauffement climatique va concerner plus ou moins certaines zones et une approche plus fine est indispensable pour être pragmatique comme l'indique le directeur de l'AFD, Marc Dubernet : « Prenez l'exemple d'un projet d'investissement dans de nouvelles infrastructures portuaires : la prise en compte de l'élévation du niveau de la mer et de la houle est indispensable. » 
Stephason Kotomangazafy, Philippe Veerabadren et Abdoul-Oikil Said Ridhoine, responsables d'Adapt'Action à Madagascar, Maurice et Comores, sont venus à La Réunion partager l'avancée de leurs travaux. Leur déplacement est déjà en soi une information, cela veut dire que leurs gouvernements respectifs s'inscrivent dans la démarche COP 21 et l’Accord de Paris. 
Dans un premier temps, les travaux des météorologues consistent à confronter les différents scénarios du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), notamment le SSP 585 (le plus pessimiste, entre +3 et +5°) et le SSP 126 (le plus optimiste, entre +1 et +2°) aux données collectées localement sur une période de 30 ans (1981-2010). Pour ce faire, les météorologues de l'océan Indien ont utilisé Aladin climat, un modèle informatique qui traite les données avec une plus grande définition qu'Arpègeclimat qui a été utilisé pour les scénarios globaux du GIEC. 
Arpège travaille en effet avec un maillage de 150 km, alors qu'Aladin descend à 12 km, car on applique la même puissance de calcul, mais sur une aire limitée et pas sur la terre toute entière. Et cela change tout. Par exemple, quand Arpège dit qu'il est tombé 10 mm de pluie sur La Réunion, Aladin peut préciser qu'il est tombé 300 mm à Saint-Benoît et zéro sur le reste de l'île. 
Les scénarios du GIEC ont été déclinés localement et vont pouvoir prochainement être consultés sur Internet en open-data et surtout intégrés dans les projets d'aménagement et les politiques gouvernementales en matière d'environnement. Par exemple, si Madagascar poursuit sa politique de reboisement, son avenir se rapprochera plus du scénario optimiste SSP 126 que du scénario catastrophe SSP 585. 

Des répercussions à prévoir 

Le GIEC va publier un nouveau rapport en 2021. D'après les spécialistes, ce rapport devrait hélas annoncer une élévation du niveau de la mer supérieure aux dernières estimations : elle se situait entre +0,60 m et +1 m d'ici 2100, on parle maintenant d'au minimum +1 m. La Communauté intercommunale du nord de La Réunion (Cinor), qui est directement intéressée par les répercussions que peuvent avoir les changements climatiques, notamment sur l'aéroport Roland Garros, le port de Sainte-Marie et même NEO (Nouvelle entrée ouest de Saint-Denis), a indiqué suivre avec beaucoup d'attention tous ces travaux.