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Conflictualité africaine en 2019
Afrique

L’année 2019 sur le continent africain

Durant l’année 2019, la conflictualité africaine a essentiellement concerné la Libye, le Sahel, la région de la Corne, l’Afrique centrale et le Mozambique. En 2020, toutes ces régions continueront à faire l’actualité.

Conflictualité africaine en 2019

* Politiquement, l’année 2019 a vu se multiplier ou se préparer nombre d’élections, mais le virage démocratique n’a nulle part débouché sur le développement. Les élections africaines relevant de l’ethno-mathématique, elles ne font en effet que confirmer les rapports démographiques, à savoir que les peuples les plus nombreux l’emportent toujours sur les moins nombreux. Tant qu’une évolution du One man, one vote individualiste vers un vote de groupe ne sera pas mise en place, au lieu de pacifier  les situations conflictuelles, les élections ne feront donc que les envenimer.
* Au point de vue économique, durant l’année 2019, les pays producteurs de matières premières n’ont toujours pas entamé l’impératif mouvement de diversification qui, seul, pourrait leur permettre d’échapper aux malédictions liées à la variation des cours. En dépit des grands discours, l'économie du continent n'a pas davantage connu de commencement d'industrialisation. Or l'industrie extractive ne crée pas d'emplois car elle ne concerne que moins de 1 % des travailleurs.
* Au point de vue social, le continent a continué à s’enfoncer dans le néant car sa démographie y est plus rapide que le développement. Pour simplement stabiliser la pauvreté, il faudrait à l’Afrique une croissance de 7 % par an durant de nombreuses années. Or, avec une croissance moyenne de 2 % à 3 %, le continent s’appauvrit année après année.
* En 2019, après deux décennies d’absence, de la Libye à la Centrafrique et du Burkina Faso au Mozambique, la Russie a confirmé son grand retour en Afrique et cela pour des raisons géostratégiques. Prise dans le cercle hostile que l’OTAN referme chaque jour un peu plus sur elle, la Russie a en effet décidé de briser son isolement en définissant sa propre politique africaine. Elle le fait en se plaçant au cœur des véritables structures de pouvoir et d’influence, à savoir les forces armées, par la fourniture d’armement et des techniciens chargés de l’instruction et de la maintenance.
En 2018, la Russie est ainsi devenue le premier fournisseur d’armes à l’Afrique, les exportations se faisant par le biais de la société Rosoboronexport. Rien que durant les huit premiers mois de l’année 2018, des accords ont ainsi été signés avec la RDC, la RCA, le Burkina Faso, le Rwanda, la Guinée et plusieurs autres sont en cours de finalisation. 
La Russie a également signé des accords de la plus haute importance avec le Mozambique puisqu’ils prévoient l’« entrée gratuite » des navires militaires russes dans les ports du pays. Moscou dispose donc désormais d’une base-relais dans l’océan Indien, ce qui va permettre à sa flotte d’exercer une présence directe sur les principales voies d’approvisionnement en pétrole de l’Europe. 
Aujourd’hui, la Russie a établi ou rétabli des relations diplomatiques avec tous les pays d’Afrique et Moscou abrite 35 ambassades africaines.

Bernard Lugan
Photo : Davidsen Arnachellum

L'auteur
Historien français spécialiste de l’Afrique où il a enseigné durant de nombreuses années, Bernard Lugan est l’auteur d’une multitude d’ouvrages dont une monumentale Histoire de l’Afrique. Parmi les plus récents, on peut citer Mythes et manipulations de l’histoire africaine, L’Atlas historique de l’Afrique des origines à nos jours et Les guerres du Sahel des origines à nos jours. Il a été professeur à l’École de guerre, à Paris, et a enseigné aux écoles de Saint-Cyr-Coëtquidan. Il a été conférencier à l’Institut des hautes études de défense national (IHEDN) et expert auprès du Tribunal pénal international pour le Rwanda-ONU (TPIR). Il édite par Internet la publication mensuelle L’Afrique Réelle.