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Le « best of » de Charles Gave

Avouant être devenu économiste presque à l’insu de son plein gré, Charles Gave dit avoir consacré cinquante ans de son existence à réfléchir et à comprendre comment fonctionne l’économie.



Dans « Sire, surtout ne faites rien ! », Charles Gave aborde le sujet sous trois angles : 1) Ce qu’il faut faire pour que ça marche ; 2) Ce qu’il ne faut pas faire et pourquoi et comment ceux qui le font le font quand même ; 3) Ce qu’il faut en retenir pour comprendre l’actualité économique en temps réel. Dans la première partie de son recueil, il propose treize clefs de lecture, à commencer par son concept de base, la nécessaire prééminence de l’individu sur la tribu. Dès que sur le plan de la responsabilité, on repasse du primat de l’individu à celui de la collectivité, la civilisation effectue un recul, constate-t-il, puisque c’est un retour à l’état primitif. La prééminence de l’individu constitue le socle de la civilisation occidentale et des progrès qu’elle a engendrés. Reconquérir sa liberté devrait être au cœur des préoccupations de chacun. À cet égard, il faut tenir compte de ce mal nécessaire que sont les États et de leurs modes de fonctionnement. L’auteur en recense trois : celui de l’État de droit dont le but est de garantir la liberté individuelle ; celui du droit supérieur de l’État qui vise à établir une égalité ex post entre les citoyens ; celui de l’État de droit divin dans lequel l’individu est soumis à la volonté divine telle qu’elle est interprétée par de grands prêtres. Pour Charles Gave, l’Angleterre et les Etats-Unis sont les parangons des États du premier ordre, ceux qui mettent la liberté individuelle avant et au-dessus du pouvoir de l’État et ont adopté le marché libre comme type d’organisation économique. 

LONDRES SIXIÈME PLUS GRANDE VILLE DE FRANCE

La Révolution française, dont l’URSS était la fille légitime, a, par contre, instauré la primauté de l’État sur l’individu avec, comme objectif patent, l’égalité ex post. Bien que l’Histoire ait démontré la remarquable inefficacité du modèle de l’égalité ex post, l’idée d’une organisation socio-économique de type soviétique garde des partisans. Gènes libertaires et démocratie, d’un côté ; gènes étatiques et technocratie, de l’autre : voilà qui explique bien des choses, comme les sympathies d’une certaine nomenklatura française pour l’URSS au temps de sa splendeur présumée et le fait que Londres soit devenu la « sixième plus grande ville de France » à une époque plus récente. Tous les Français n’ont pas perdu le sens de l’orientation.
De la rencontre du travail et du capital naît l’économie. Dès le moment où, comme ce fut le cas en Angleterre à partir du XVIIIe siècle, le capital est alloué à ceux qui le font fructifier au mieux (conformément à la parabole des talents dans l’Evangile selon Matthieu), la quantité de capital que les travailleurs peuvent utiliser croît, entraînant une hausse de leur productivité et du niveau de vie. Certes, les entreprises non rentables seront condamnées, mais c’est le propre du capitalisme d’être un système de type darwinien, explique Charles Gave, et c’est ce qui fait qu’il marche. Et a contrario, c’est ce qui effraie l’auteur dans la décision de la Banque centrale européenne de faire baisser les taux d’intérêt à zéro, en ce que cela favorise ainsi les plus gros destructeurs de capital, les États (qui ne sont pas soumis à la destruction créatrice), et cela interrompt le processus de sélection naturelle qui génère la croissance.