Eco Austral

Découvrez tous nos articles en illimité. Je m’abonne

Logo Eco Austral
n

Eco Austral

Maurice

Le groupe IBL croit toujours à l’économie bleue

Bien qu’impacté par l’instabilité du prix du thon et les quotas de pêche, le Groupe IBL poursuit ses activités dans la pêche, la transformation du thon et de ses co-produits. Il exporte même son savoir-faire en Côte d’Ivoire.

« Le résultat d’exploitation pour le premier semestre de notre année financière se monte à 1,419 milliard de roupies (35,47 millions d’euros – NDLR) contre 1,485 milliard de roupies (37,12 millions d’euros – NDLR) pour la même période l’an dernier. Une baisse de 4 % due, entre autres, au secteur Seafood (…) qui a été impacté par une baisse du prix du « fish meal » (farine de poisson – NDLR) et l’imposition de quotas de pêche. » Arnaud Lagesse, CEO du groupe IBL, premier acteur économique de Maurice, a confirmé, lors de la présentation de ses résultats pour la période 1er juillet-30 décembre 2017, l’importance mais également la fragilité du secteur du Seafood pour son groupe. 
Le pari est périlleux tant le secteur est difficile. Car la pêche industrielle, plus particulièrement celle du thon, est l’activité la plus importante. Or elle est cyclique et dépend de la gestion des ressources halieutiques. C’est d’ailleurs pourquoi, en 2014, IBL et Princes Tuna (Mauritius) ont signé un accord portant sur la fusion de leurs activités de conserverie. « Nous devions rendre notre industrie thonière plus compétitive », expliquait Nicolas Maigrot, CEO à cette époque. Le groupe mauricien, qui a réduit sa voilure dans la conserverie, détient 43,69 % de Princes Tuma (Mauritius)… 
Mais IBL Seafood, le cluster du groupe éponyme et surtout principal opérateur du « Seafood Hub », s’inquiète surtout de la gestion durable des stocks de poisson dans notre région. Fin 2015, le stock d’albacore, un type de thon très prisé des pêcheries, avec le listao et le patudo, est passé dans le rouge.
La pêche industrielle au thon dans l’océan Indien est gérée par la Commission des thons de l’océan Indien (CTOI), annexée aux Nations unies et qui regroupe 31 États riverains. La CTOI a décidé de mettre en place un Total autorisé de captures (TAC), en résumé des quotas de pêche. Conséquence (positive) de cette décision, selon l’Agence Option Finance (AOF), entre juillet 2016 et juillet 2017 (dernier cours disponible), les cours mondiaux des thons tropicaux listao et albacore ont respectivement bondi de 95 % et 74 % ! Cette pression sur l’offre s’explique par les restrictions en matière de pêche dans l’océan Indien et le Pacifique et l’impact du phénomène El Niño.
De fait, les perspectives dans le Seafood restent positives pour IBL.

Un acteur présent sur toute la chaîne

À preuve, le groupe exploite deux navires de 110 mètres, dont l’un en location. Ces bateaux, qui font la navette depuis les Seychelles, capturent et congèlent les thons à moins 40°C. Et le groupe envisage d’acquérir un autre bâtiment, pour remplacer celui qui est loué, en cas de forte commande provenant de Princes Tuna. Quant à sa filiale Froid des Mascareignes, elle possède des entrepôts frigorifiés où sont triés les thons avant leur transformation.
IBL mise aussi beaucoup sur la valorisation des co-produits du thon. À côté de la longe – les parties les plus nobles du thon dont certaines deviendront des sushis – la tête, la queue et les arêtes de ces poissons sont transformées, à Maurice, par la société Marine Biotechnology Product (MBP). De quoi produire de la farine de poisson hyper-protéinée, réservée principalement à l’aquaculture, et de l’huile de poisson. Riche en oméga-3, celle-ci est destinée à la production de compléments alimentaires et de cosmétiques. Preuve de l’intérêt de la valorisation des co-produits du thon, IBL duplique MBP à Abidjan, en Côte d’Ivoire. Une première revanche à prendre en terre africaine après l’abandon d’un projet de « Seafood Hub » au Gabon.

Le Chantier naval de l’océan Indien (CNOI) possède une cale sèche de 130 mètres.
Le Chantier naval de l’océan Indien (CNOI) possède une cale sèche de 130 mètres.
 

CHANTIER NAVAL : RENOUER AVEC LA TRADITION
Le Chantier naval de l’océan Indien (CNOI), dont IBL détient 60 % du capital, est le leader de la construction et de la réparation navales dans l’océan Indien, positionnant du même coup Port-Louis en tant que référence dans le domaine. Comme au temps de la marine à voile… Créé en 2001, à travers un partenariat avec IBL, le CNOI possède une cale sèche de 130 mètres, un élévateur à bateaux de 1 000 tonnes et un quai de plus de 350 mètres. Plus de 280 bateaux sont passés dans le chantier depuis sa création. Ayant démarré avec 25 employés, il en compte à présent 400.