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L’exploitation de ces cactus permet d’assurer un revenu pendant les périodes de sécheresse, d’améliorer la sécurité alimentaire, l’environnement et de créer de nombreuses chaînes de valeur.
Madagascar

Le Malgache Filatex et le Réunionnais Green Bird lancent une filière de cactus

Consciente de l’enjeu économique et social que représente le cactus Opuntia, plante endémique dans le sud du pays, OrgaEarth, co-entreprise du groupe malgache Filatex et du Réunionnais Green Bird, veut développer la filière de manière équitable et responsable.

Importées par les colons, les variétés de cactus Opuntia, en particulier les figuiers de barbarie, sont des espèces de plantes résistantes et envahissantes qui ont survécu dans le sud de Madagascar et qui poussent aujourd’hui librement sur des terrains sauvages. Qualifiées de peste végétale et de fléau, elles se propagent au gré des vents dans les champs abandonnés et appauvrissent la diversité biologique des écosystèmes. Toutefois, leur collecte et leur transformation peuvent être bénéfiques pour ces régions arides et les populations qui y habitent. L’exploitation de ces cactus permet en effet d’assurer un revenu pendant les périodes de sécheresse, d’améliorer la sécurité alimentaire, les conditions de vie, l’environnement et de créer de nombreuses chaînes de valeur. La totalité du végétal est utilisable, à l’instar des pépins dont on peut extraire de l’huile, des cladodes ou raquettes qui peuvent être transformés en biomasse pour produire du biogaz et de la pulpe en confiture. 

L’huile de figue de barbarie pour l’industrie cosmétique 

Quatre vingt pour cent du cactus peuvent de même être réutilisés sous forme d’engrais liquide pour les cultures maraîchères et la réhabilitation des sols pour enrayer la désertification. 
« La culture du cactus représente une opportunité pour les communautés locales du sud, surtout en cette période tragique de famine, d’en tirer un revenu constant car les récoltes peuvent se faire toute l’année, leur qualité et leur quantité n’étant pas affectées par les changements climatiques saisonniers », explique Hasnaine Yavarhoussen, CEO du groupe Filatex. Ce qui a convaincu ce groupe malgache diversifié de nouer un partenariat avec la société réunionnaise Green Bird et de lancer OrgaEarth. Une initiative qui vise à créer des emplois et des revenus durables pour des milliers de personnes dans le sud du pays. En capitalisant sur les abondantes ressources en cactus dans cette région, l’entreprise vise à produire une huile de figue de barbarie de haute qualité qui présente des avantages uniques pour les soins de la peau. « Dans le contexte d’une demande croissante de cactus dans l’industrie cosmétique, et alors que l’offre mondiale reste limitée, OrgaEarth a l’opportunité de devenir l’un des principaux fournisseurs d’huile de figue de barbarie aux grandes entreprises de cosmétiques, créant à terme des milliers d’emplois dans la région », souligne Bertrand Reverdy, P-DG d’OrgaEarth et président de Green Bird. Afin de développer le projet, la joint-venture est parvenue à lever un prêt relais, qui sera refinancé par un emprunt à long terme multidevises, auprès de la Mauritius Commercial Bank (MCB). L’investissement prévu sur cinq ans a été fixé à 1,25 million d’euros, avec un impact initial sur plus de 10 000 personnes dans le sud de l’île. 

 

À partir des pépins, on peut extraire de l’huile, des cladodes ou raquettes qui peuvent être transformés en biomasse pour produire du biogaz et de la pulpe en confiture.
À partir des pépins, on peut extraire de l’huile, des cladodes ou raquettes qui peuvent être transformés en biomasse pour produire du biogaz et de la pulpe en confiture.    ©OrgaEarth
 

Objectif 2025 : impacter plus de 625 familles 

Via son programme « Cactus for Life », OrgaEarth vise une empreinte durable sur les communautés locales du sud, extrêmement vulnérables aux effets du changement climatique, en fournissant des infrastructures pour lutter contre l’insécurité alimentaire, la déforestation et pour protéger la biodiversité dans les terres arides. L’initiative repose sur des principes « bioéconomiques » qui se concentrent sur le renforcement des capacités, par le biais de formations techniques, ainsi que sur la création d’emplois, notamment pour les femmes. 
L’entreprise accompagne les villageois pour qu’ils s’approprient les pratiques de cueillette encadrée, les techniques de transformation du cactus (dépulpage et égrenage des fruits, transformation de la biomasse) et la gestion des infrastructures. Une zone pilote de cinq villages a déjà permis de former et d’impacter 200 familles. L’objectif d’ici 2025 est d’impacter plus de 625 familles