Eco Austral

Découvrez tous nos articles en illimité. Je m’abonne

Logo Eco Austral
n

Eco Austral

Réunion

Le marché auto du neuf progresse et le premium explose

Avec très exactement 25 322 VP (voitures particulières) neuves immatriculées (*) à La Réunion en 2017, l’île a battu son record historique de 2005, qui était de 25 142. Le marché global est à + 7 %, mais les marques premium font deux fois mieux et certaines marques, comme BMW, sont même à + 21 %.

C’est la cinquième année consécutive de progression du marché automobile réunionnais et il restait bien orienté en début d’année (+ 7 % sur le premier trimestre 2018). Dans le détail, les concessionnaires ont vendu en 2017, selon AAA data (*) 25 306 VP (voitures particulières) et 5 723 VUL (véhicules utilitaires légers). Pour la première fois depuis vingt-cinq ans, Peugeot ne termine pas l’année en tête mais Renault et cela s’est joué à 253 voitures près. Les Réunionnais restent fidèles aux marques françaises : Renault, Peugeot, Citroën et DS trustent 47 % de parts de marché, contre 53 % pour les 35 marques étrangères. Cela s’explique par le fait que les constructeurs français fabriquent essentiellement des petites cylindrées qui correspondent exactement au marché local : le segment B (citadines) concentre en effet à lui tout seul une vente sur deux à La Réunion. Si l’on va encore plus loin dans l’analyse, on découvre que trois modèles dominent de façon insolente: la Renault Clio, la Peugeot 208 et la Citroën C3 détiennent à elles trois 20 % de parts de marché (VP et VUL confondus).
Par contre, si l’on fouille un peu, avec l’aide de nos amis douaniers, on découvre que les voitures françaises sont de moins en moins made in France. En effet, en 2015, La Réunion importait encore, en valeur, 57,5 % de ses VP de Métropole, contre 42,5 % de pays étrangers. En 2017, le ratio s’est inversé : 30,5 % de VP importées de France, contre 69,5 % de voitures importées de pays étrangers ! L’explication est simple : pour être plus compétitifs, même sur le marché français, les constructeurs nationaux délocalisent de plus en plus, souvent dans les pays de l’Est, Turquie ou République tchèque. Sans compter que dans le lot sont comptabilisées certaines voitures de marque étrangère, comme par exemple la Toyota Yaris qui est assemblée à Valenciennes.


Le coupé Lexus RC F et sa ligne musclée. Quarante-cinq véhicules de cette marque haut de gamme de Toyota se sont vendus en 2017 contre 73 en 2016. C’est la seule marque premium à avoir chuté.  Ignace de Witte

Le premium porté par les entrées de gamme

Une tendance remarquable de 2017 est que les marques premium ont une progression deux fois supérieure au marché : + 14,9 % contre+ 6,8 %. Cela concerne peut-être de plus faibles volumes mais c’est important en valeur, car ces voitures coûtent plus chères. Le segment spécifique des « grosses berlines de luxe », qui est un segment jugé « compliqué » par les professionnels, a carrément été pris de frénésie en 2017, avec une progression de + 132 %, il est vrai sur de très faibles volumes (de 19 à 44 unités), mais quand même, c’est important de la noter.
Le marché premium de La Réunion a été bousculé par l’inauguration de la nouvelle concession BMW de Saint-Denis, un investissement exceptionnel de plus de 10 millions d’euros de la part du groupe mauricien Leal, qui a heureusement coïncidé avec la sortie de la nouvelle BMW Serie 5 qui rencontre beaucoup de succès. C’est bien simple, son volume de vente a triplé sur un an, passant de 4 à 12 unités (+ 200 %). Mercedes, Audi et Porsche ont également fait de gros investissements récemment pour se doter de nouveaux showroom. Attention : les marques premium progressent deux fois plus vite que le marché, mais cette tendance est aujourd’hui essentiellement portée par les modèles d’entrée de gamme (Audi A1, BMW série 1, Mercedes classe A, etc.), qui représentent entre 25 % et jusqu’à 33 % de leur total VP. Les modèles de forte cylindrée (+12 CV fiscaux) reculent de – 8,7 %. En clair : les Réunionnais veulent une voiture luxueuse mais avec une motorisation plus sage qu’auparavant, ceci en raison des tarifs qui s’envolent avec le malus, la carte grise, l’octroi de mer, etc. Terminons sur une note d’humour : cela a peut-être un lien avec l’annonce de la reformation du groupe Abba, mais Volvo a créé la surprise en 2017 à La Réunion avec la nouvelle S90 et ses étonnants phares en « marteau de Thor ». La belle Suédoise s’impose comme une alternative originale aux marques allemandes et a permis de relancer les ventes du constructeur à La Réunion, qui mise également beaucoup sur son nouveau petit SUV urbain, le XC40. 


Audi A3 Cabriolet. La marque trône toujours à la première place des marques premium devant Mercedes et BMW. Mais c’est son modèle d’entrée de gamme, l’Audi A1, qui se vend le plus.  Ignace de Witte


Le petit SUV urbain de Volvo, le XC40, devrait permettre à la marque suédoise de retrouver des couleurs. De même que sa nouvelle S90 qui s’impose comme une alternative originale face aux marques allemandes. ​  Ignace de Witte


En dotant son modèle électrique i3 d’une batterie de plus grande capacité, BMW propose une autonomie d’au moins 300 km. De quoi rassurer.​  Ignace de Witte

(*) Le chiffre des ventes fourni par le SIV (système d’immatriculation des véhicules) est différent de quelques unités par rapport à celui fourni par AAA data (concessionnaires), en raison des délais d’immatriculation.

UNE VOITURE À PLUS DE 200 000 EUROS
Parmi les berlines de luxe immatriculées en 2017, on compte une BMW 760Li, c’est-à-dire le modèle le plus prestigieux de la marque allemande, juste avant la Rolls Royce (qui appartient au groupe BMW) : moteur V12 de 610 chevaux, 54 CV fiscaux, 4 roues motrices, etc. C’est tellement exceptionnel que Munich a rappelé trois fois Leal pour confirmer que ce n’était pas une erreur de commande! À plus de 200 000 euros, c’est la voiture la plus chère commercialisée à La Réunion en 2017.
TROIS TESLA À LA RÉUNION
Le classement des berlines de luxe, en France et à La Réunion, ne comporte que des marques européennes, à l’exception remarquable de la Tesla (100 % électrique), dont trois exemplaires neufs ont été immatriculés à La Réunion en deux ans, ce qui est une belle performance compte-tenu du fait que la marque n’a ici aucun concessionnaire, importateur ou même représentant officiel capable d’intervenir dessus, par choix du constructeur (alors que plusieurs groupes réunionnais ont fait des démarches pour avoir la carte). On trouve aussi au Top 10 des berlines de luxe à la Réunion l’Infiniti Q50, nouvelle marque premium, importée par la Sogecore.

 

POURQUOI LA VOITURE ? 
PARCE QU’ELLE EST PLUS RAPIDE !

Si l’automobile est au cœur de l’économie réunionnaise, c’est parce que deux déplacements sur trois se font ici en voiture, même pour des trajets très courts : 5 % des déplacements font moins de 500 mètres !Le Syndicat mixte des transports de la Réunion (SMTR), présidé par Alix Galbois, est à l’origine d’une grande enquête Déplacements, effectuée auprès d’un échantillon représentatif de 16 600 personnes et selon une méthodologie nationale. Principaux enseignements : les Réunionnais prennent leur voiture avant tout pour aller travailler, soit 369 000 déplacements par jour, et la voiture va deux fois plus vite que le bus (25 km/h de moyenne contre 11,5 km/h), ce qui permet de diviser par deux le temps de trajet domicile-travail.
L’enquête du SMTR permet d’avoir une photographie détaillée de la façon dont les Réunionnais se déplacent sur leur île. Sept Réunionnais sur dix de plus de 18 ans ont le permis de conduire. On compte 1,08 véhicule par ménage (1,29 dans les hauts, 1,04 sur le littoral). Vingt-huit pour cent des ménages réunionnais ne possèdent pas de voiture, 41 % possèdent une voiture, 26 % possèdent deux voitures et 5 % en possèdent trois ou plus.
Sur 100 déplacements, 66 se font en voitures (45 comme conducteur et 21 comme passager), 25 se font à pieds, 7 en bus, 1 en cyclo à moto et 1 à vélo. La vitesse moyenne des déplacements à La Réunion est de 25 km/h en voiture, 11,5 km/h en bus et 9,3 km/h à vélo. Pour aller travailler, les Réunionnais sont 82 % à utiliser la voiture (comme conducteur ou passager), 15 % à aller à pieds ou à vélo et 3 % à prendre le bus.
La distance moyenne des déplacements en voiture est de 8,8 km mais 5 % des déplacements font moins de 500 mètres, contre 25 % qui font plus de 10 km.
Le temps moyen d’un déplacement en voiture est de 21 minutes. On compte 1,45 personne à bord en moyenne dans chaque voiture.

 

ON TAXE LES GROSSES
Sur proposition des députés de La République en Marche, la loi de finances pour 2018 a créé une nouvelle taxe additionnelle sur la carte grise (article 963 A du code général des impôts, rubrique Y1 bis sur le certificat d’immatriculation). La taxe est due pour les véhicules de tourisme neufs et d’occasion (à l’exception des véhicules de collection) à partir de 36 CV fiscaux. Elle est de 500 euros par cheval fiscal (CV) à partir du 36e. Par exemple : 2 500 euros pour un véhicule de 40 CV fiscaux. Le montant total ne peut pas excéder 8 000 euros (soit 51 CV).
Voici par exemple ce qu’il en coûte pour obtenir le certificat d’immatriculation (carte grise) de la BMW M5 de 600 chevaux présentée dans l’Eco austral de mai 2018 (N°329) :
Taxe régionale (Y1) : 2 652 euros (52 CV x 51 euros) – Taxe additionnelle voitures de forte puissance (Y1bis) : 8 000 euros – Malus CO2 voitures de tourisme (Y3) : 10 500 euros (241 gr CO2/km, taxe maximum) – Taxe de gestion (Y4) : 4 euros – Redevance d’acheminement (Y5) : 2,76 euros. Soit un TOTAL (Y6) de 21 158,76 euros.