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Réunion

Le pari de Make distribution avec Intermarché

Dans la polémique suscitée par la vente de Vindémia au groupe Bernard Hayot pour 219 millions d’euros, la presse réunionnaise s’est peu intéressée au nouvel acteur local qui devrait émerger dans le secteur de la grande distribution. Make Distribution n’a pourtant pas l’intention de faire de la figuration avec les quatre hypermarchés Jumbo Score que le groupe Bernard Hayot doit lui céder sur les sept exploités par Vindémia : Sainte-Marie Duparc, Saint-Paul Savanna, Saint-Denis Chaudron et Saint-André La Cocoteraie. 
Suite à cet investissement, qu’on peut estimer dans les 60 millions d’euros, Make Distribution devra tirer son épingle du jeu face à une rude concurrence avec, dans chacune de ses zones de chalandise, des hypermarchés Carrefour et/ou E.Leclerc. Pour être compétitif, il a signé un accord avec Intermarché, numéro trois français de la grande distribution qui fonctionne sur le modèle du regroupement d’indépendants. Les quatre hypermarchés porteront donc l’enseigne « Run Market partenaire Intermarché ».
Outre ce partenariat de bon augure, Make Distribution a choisi de limiter ses surfaces de stockage avec un modèle économique encore inédit à La Réunion. En effet, il n’a pas prévu de grande centrale de gestion des stocks, mais seulement une centrale d’achat au Port, qu’il est en train d’aménager, rue Jules Verne, qui comprend 700 m² de bureaux et seulement 1 500 m² d’entrepôt alors que le stockage des surgelés sera sous-traité. Comparé à Leclerc et ses 15 000 m² pour le sec et 4 000 m² pour le frais (les surgelés étant gérés par Logistisud), cela paraît très peu. De quoi rendre sceptiques les professionnels du secteur.
Mais Didier Demarly, directeur général de Make Distribution, croit en son modèle pour être plus compétitif. « Une grosse centrale de gestion des stocks représente un coût de 6 % à 11 %. » Ce n’est pas le consultant Jean-Marie Bomy, spécialiste de la « gestion avancée des stocks et des approvisionnements » qui le contredira. 
« Si l’on tient compte de tous les coûts, un produit stocké prend 2 % chaque mois. Et je ne parle que du sec. En chambre froide, c’est encore plus. Le problème, c’est qu’à La Réunion, tous secteurs confondus, on se situe entre trois et six mois de stock. Dans certains cas, on peut avoir deux ans de stock de boîtes de sardines et être en rupture de stock sur d’autres produits. » Jean-Marie Bomy est convaincu qu’on peut « tourner partout avec moins d’un mois de stock à condition d’adopter la bonne méthode et de mettre dans le coup le service commercial ».
Si le pari de Make Distribution peut paraître risqué, il n’est donc pas farfelu pour autant. Sans rien préjuger de ce projet qu’il ne connaît pas précisément, Jean-Marie Bomy pense que la bonne solution est la « gestion au fil de l’eau » et le cross docking, le but étant de rechercher les plus petites quantités possibles, le plus souvent possible. « Le principe d’acheter de grosses quantités pour avoir les prix les plus bas est aujourd’hui dépassé car le coût du stockage se révèle supérieur au gain réalisé sur l’achat. » Mais certains principes ont la vie dure. Pour s’en débarrasser, le bon profil c’est de recruter un Supply Chain Manager qui ne connaît rien à la grande distribution. Le profil idéal, selon Jean-Marie Bomy.