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Réunion

Le PIB 2017 va crever le plafond

L’Insee ne dévoilera le taux de croissance qu’en août prochain, mais selon l’Institut d’émission des départements d’outre-mer (IEDOM), il devrait être supérieur aux 3,1 % de 2016. Il pourrait même être le plus élevé de ces dix dernières années. 

L’Insee, ce sont des statisticiens formidables, mais qui étudient surtout les faits établis, donc le passé. L’Institut d’émission des départements d’outre-mer (IEDOM), ce sont des financiers, donc plus intéressés (au sens propre comme au sens figuré) par l’avenir, les tendances. Depuis des années, l’IEDOM mène une étude permanente sur le climat des affaires, dont est tiré un Indice du climat des affaires (Ica) qui est publié chaque trimestre. Concrètement, des questions sont posées à un panel de chefs d’entreprises représentatifs du tissu économique local pour connaître leurs opinions sur le contexte actuel et ce qu’ils pensent de l’avenir. On leur demande s’ils vont embaucher, investir, si le marché se développe, etc. 
Il s’avère que cet indice est particulièrement juste : quand on superpose la courbe de l’Ica et celle du PIB, elles coïncident parfaitement. L’intérêt de l’Ica de l’IEDOM, c’est qu’il est disponible six mois avant le PIB de l’Insee. Avec un Ica de 104 points observé en moyenne sur l’année 2017, il est certain que l’on va dépasser les 3,1 % de 2016 (voir notre graphique). Le chiffre exact sera établi par l’Insee et dévoilé au mois d’août 2018.

Année euphorique

L’IEDOM va plus loin dans son étude. 2017 est une année où plusieurs signaux sont restés verts. L’inflation est très faible : + 0,4 % (après + 0,1 % en 2016). Le chômage recule : + 1,7 % de créations d’emplois (après + 2,9 % en 2016). La masse salariale augmente : + 3,8 % (après + 4,1 %). Les ménages étant plus solvables (baisse du nombre d’interdits bancaires et des dossiers de surendettement, baisse du taux de risque), les banques  accordent plus de crédits :+15 % d’encours de crédits à la consommation et + 10 % d’encours de crédits immobiliers. L’IEDOM parle d’année « euphorique » pour les banques et précise qu’il s’agit d’une vraie activité bancaire, alors qu’en 2016, on observait surtout du rachat de crédits. Le crédit sert à acheter une voiture neuve ou une maison : les ventes de véhicules neufs (VN) enregistrent en 2017 une hausse spectaculaire de + 6,8 %pour les voitures particulières (VP) et de + 4,6 % pour les véhicules utilitaires (VU). 
D’un point de vue général, on peut donc affirmer que la crise économique est bien derrière nous. Par contre, l’IEDOM insiste pour dire que l’on n’est pas revenu à la situation d’avant 2008 : « C’est plutôt une destruction créatrice ». En effet, au niveau macro-économique, tout va bien, mais au niveau micro, il y a quand même eu de la casse, notamment dans le bâtiment. Le transfert de la défiscalisation du logement privé vers le logement social ne fonctionne pas et le nombre de salariés à la Caisse des congés payés du BTP a encore chuté de 1,6 % en 2017. C’est d’ailleurs une énigme car l’encours des crédits immobiliers augmente mais, curieusement, le chiffre d’affaires des entreprises du bâtiment ne progresse pas alors qu’il devrait y avoir un phénomène de vases communicant. L’IEDOM n’a pas vraiment d’explication ; peut-être le prix des terrains ou l’achat dans l’ancien.