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Maurice

Le Premier ministre permet au secteur privé d’y voir plus clair

Une réponse à ceux qui se demandaient s’il y avait un pilote dans l’avion et dans quelle direction celui-ci volait. Sir Anerood Jugnauth a été la vedette d’un grand show médiatique, le 22 août, pour le lancement officiel de la « Vision 2030 ».



Un show à l’américaine avec, dans le rôle de la vedette, un Premier ministre de 85 ans à qui l’on attribue le fameux « miracle mauricien » des années 80. Cette diversification de l’économie qui a permis à une petite île sucrière d’émerger. Le show en question s’est tenu le samedi 22 août, au centre de conférence de la Cybercité, à Ebène. Sir Anerood Jugnauth est venu présenter la « Vision 2030 », résultat du travail de réflexion engagé par un haut comité et visant à réaliser le « second miracle économique ». Il s’agit notamment de faciliter la mise en œuvre des grands projets d’investissement du secteur privé alors que celui-ci commençait à se poser des questions sur l’efficience du nouveau gouvernement sorti des urnes en décembre 2014. L’objectif est ambitieux puisqu’il s’agit de créer pas moins de 100 000 emplois dès les cinq premières années. Le gouvernement mise déjà sur 16 000 emplois dans le privé et 7 000 dans le public d’ici à juin 2016.
Nouveau pilier du développement, l’économie océanique (ou « économie bleue ») doit à elle seule générer 25 000 postes. D’autres secteurs déjà structurés, comme les TIC (Technologies de l’information et de la communication) et les services financiers, devront être dynamisés pour créer davantage d’emplois, de même que le tourisme. Le gouvernement souhaite aussi doper l’entrepreneuriat et favoriser la création de 9 000 PME supplémentaires. 
 

De gauche à droite, Xavier-Luc Duval, Premier ministre adjoint, ministre du Tourisme et des Communications extérieures, Sir Anerood Jugnauth, Premier ministre et Vishnu Lutchmeenaraidoo, ministre des Finances et du Développement économique. – Davidsen Arnachellum

LES MIRACLES, C’EST UNE QUESTION DE FOI

Pour atteindre ces résultats, le Premier ministre compte sur une étroite synergie entre le secteur public et le secteur privé qui devrait donner le jour à des partenariats dans les investissements. Au total la « Vision 2030 » table sur 183 milliards de roupie  (4,57 milliards d’euros) d’investissements privés et 75 milliards de roupies (1,85 milliard d'euros) d’investissements publics. Ce plan de développement vise une croissance de 5,5% du PIB (Produit intérieur brut) en 2017 alors que l’édification de « Smart Cities » (villes intelligentes) et le soutien aux énergies renouvelables devront contribuer à faire de Maurice une « île durable ». 
Cette « Vision 2030 » est bien évidemment séduisante et a déjà permis un regain de confiance du secteur privé qui attendait justement d’y voir plus clair. Cela n’empêche pas le scepticisme de certains observateurs de la vie économique. « Je ne crois pas qu’on va pouvoir créer 20 000 emplois par année », précise l’économiste Eric Ng qui rappelle que, depuis cinq ans, le taux de croissance est inférieur à 4% et que l’investissement privé a tendance à se contracter. D’autres se demandent ironiquement s’il est possible de « prédire un miracle » tout en faisant remarquer que certains secteurs, comme l’hôtellerie, souffrent déjà d’un endettement important.

Mais il y a aussi ceux qui y croient. Comme Yousouf Ismael, directeur de Global Finance Mauritius (association regroupant des entreprises du secteur financier, des experts-comptables et des avocats d’affaires). Ce dernier estime néanmoins que pour atteindre les objectifs ambitieux de la « Vision 2030 », il faudra mettre l’accent sur l’amélioration des ressources humaines. « Il faut développer la productivité et l’innovation. » Autre impératif pour la réussite du projet : attirer davantage d’investisseurs. « Il faut lancer une campagne de communication agressive, réviser à la baisse les tarifs aériens et augmenter le nombre de dessertes. »