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Réunion

Les ambitions du Grand Port Maritime

En investissant 100 millions d’euros, sur un total de 140 millions, dans sa filière conteneurs, Port-Réunion offrira dès 2016 aux plus gros porteurs maritimes une offre de transbordement rapide aux meilleures garanties de qualité.

Le Grand Port Maritime de La Réunion vient de présenter son projet stratégique de développement qui s’appuie sur un plan d’investissements de 140 millions d’euros sur cinq ans avec un taux de subvention de 70% de l’Union européenne, de l’État et des collectivités territoriales. Ses objectifs sont de moderniser l’outil portuaire pour tirer pleinement parti de ses avantages existants et, notamment, de le rendre très compétitif en délais de transbordement. « Une grande partie du trafic Est-Ouest se réorganise le long de l’ancienne route des Indes, observe Stéphane Raison, président du directoire de Port-Réunion. Pour des raisons économiques et environnementales, les armateurs ont réduit la vitesse commerciale sur les navires et les passages sur la zone s’intensifient. La Réunion doit tirer parti de son positionnement géographique et de son modèle social européen pour faire en sorte que les transports maritimes trouvent, ici, quelque chose qu’ils ne trouveront pas ailleurs. » Le développement des économies du Sud, depuis l’Océanie jusqu’au Brésil, incluant l’Asie et l’Afrique, a réduit le recours au canal de Suez et fait rechercher de nouvelles optimisations d’itinéraires, depuis l’Europe et les Etats-Unis. « Les armateurs font souvent des économies en utilisant des ports de transbordement en situation de carrefour, remarque Stéphane Raison. Le succès de Maurice, avec une attractivité tarifaire en tant que hub de transbordement, nous pouvons nous en rapprocher grâce à des équipements qui augmentent la productivité et qui consolident la fiabilité et des normes de qualité avancées. »

ACQUISITION DE DEUX NOUVEAUX PORTIQUES OPÉRANT JUSQU’À 22 RANGÉES DE CONTENEURS

100 millions d’euros seront investis dans la filière conteneurs, dont 33 millions d’euros dès 2014, pour pouvoir accueillir, de façon courante, des bateaux de 10 000 conteneurs et faire en sorte que le service soit aussi le plus rapide. En décembre 2013, le plus gros porte-conteneurs à accoster au Port-Est, le MSC Susanna, de 336 mètres de long pour 46 mètres de large, d’une capacité de 9 200 EVP (équivalent vingt pieds), préfigure le type de navires qui desserviront Port-Réunion après les travaux d’extension du Port-Est. Il était entré en port allégé, pour charger des conteneurs vides, mais la darse conteneurs, dans le cadre de l’extension du Port-Est, accueillera en 2016 des tirants d’eau de 14,70 mètres et offrira 160 mètres de quais supplémentaires pour un linéaire total de 640 mètres. « Un point très important est l’acquisition de deux nouveaux portiques de catégorie « Super-post-Panamax » pour 19 millions d’euros, adaptés aux navires présentant jusqu’à 22 rangées de conteneurs. Ils nous permettront d’ajouter 50% de productivité en opérant 36 mouvements à l’heure. Un gain financier pour les armateurs, et pour toute l’activité portuaire », se réjouit Stéphane Raison. En 2016, le Grand Port Maritime de La Réunion offrira des conditions optimales pour les navires de nouvelle génération avec un objectif de traitement de 40% de tonnage supplémentaire et de près de 100 000 EVP en transbordement en 2018.

PRÉPARER LE LEADERSHIP DE L’AVITAILLEMENT EN GAZ NATUREL LIQUIDE

Certains grands acteurs internationaux s’intéressent à La Réunion suite aux initiatives de Port-Réunion pour se faire mieux connaître. « Pour notre première opération de communication, nous avons accueilli, en février 2013, une délégation d’Evergreen Line, cinquième armateur mondial, qui recherche des possibilités d’élargir sa desserte de la zone », annonce Stéphane Raison. Une réflexion se met en place pour l’installation d’un poste d’avitaillement en gaz naturel liquide car les normes environnementales vont inciter les armateurs à changer le mode de propulsion des navires. « Une étude va démarrer cette année pour pouvoir développer ce service à partir des années 2020, visant le leadership sur la zone car il y aura une demande d’un autre carburant disponible, en remplacement du fioul lourd. »

La multiplication de très gros porte-conteneurs signifie aussi la recherche de relais pour des transbordements rapides, fiables, normalisés et bien localisés. « En visant seulement 10% du trafic qui dessert une partie de l’Afrique de l’Est, Port-Réunion a une très belle opportunité de croissance », estime le dirigeant du grand port de La Réunion. Quatrième port à conteneurs de France, celui-ci traite 215 000 EVP quand Maurice en gère 1 million et que 2,7 millions EVP transitent actuellement par Durban, en Afrique du Sud.

UN PROGRAMME DE 92 MILLIONS D’EUROS D’INVESTISSEMENTS LANCÉ DÈS 2013

L’application de la réforme portuaire, formulée en 2012 pour l’Outre-mer, s’est traduite en mars 2013 par la mise en place d’un conseil de surveillance du Grand Port Maritime de La Réunion (GPMDLR), organe délibérant et décisionnaire. Il est présidé par Alain Gaudin, un professionnel de longue date de l’économie de la mer, aujourd’hui à la retraite, mais toujours très impliqué. La nouvelle structure de gestion du port a pris la suite de la concession auparavant confiée à la Chambre de commerce et d’industrie. « Cette réforme était unanimement souhaitée, rappelle Alain Gaudin, la création d’une société portuaire apporte le changement attendu en termes de réactivité et d’anticipation. » Son fonctionnement prévoyait la formation d’un conseil de développement, organe consultatif représentant l’ensemble des acteurs professionnels, mis en place en avril 2013 sous la présidence d’Hervé Marodon, et d’un organe exécutif que dirige Stéphane Raison, président du directoire du Grand port maritime de La Réunion dont il a été le préfigurateur après avoir organisé le développement du port de Dunkerque, en France métropolitaine. Le premier grand chantier a concerné le management des ressources humaines avec l’objectif d’unifier les statuts des personnels issus de la CCIR, de l’Armement des Phares et Balises et de l’État. 2013 a été une année charnière avec un calendrier contraint et la charge de définir des défis importants pour cinq années de mandature. « En 2013, nous avons lancé 92 millions d’euros d’investissements pour l’extension du Port-Est et 20 millions dans la création d’une darse de grande plaisance au Port-Ouest, en accord avec le projet « La Ville est Port », conduit par la ville du Port. » Près de 11 millions de travaux ont déjà été réalisés au cours de cette année écoulée.

UN OUTIL POUR LE DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE DU TERRITOIRE

Alors que le trafic 2013 est en baisse de 1,6 %, à 4 millions de tonnes, en raison du ralentissement de l’économie, Port-Réunion affiche l’ambition d’améliorer sa compétitivité et de développer des offres foncières pour l’activité logistique et industrielle. « Le port reçoit 97% des marchandises entrant sur l’île et représente un enjeu économique majeur. C’est en matière d’accessibilité et de délais d’acheminement que nous devons contribuer à la baisse du coût du passage portuaire sur l’île », déclare Stéphane Raison. » Port-Réunion manque d’espace pour développer sa filière conteneurs et des activités logistiques connexes, génératrices d’activités, de valeur ajoutée et d’emplois. « À titre de comparaison, Maurice dispose de 25 hectares de terminal portuaire et d’une zone franche attenante de 52 hectares. De notre côté, nous disposons de 20 hectares de terminal et de très peu d’espace attenant. » Port-Réunion va lancer une réflexion avec les collectivités locales, dont le Département de La Réunion qui est propriétaire de 85 hectares à l’arrière de l’enceinte du Port-Est, sur l’aménagement de cette zone qui devrait avoir vocation à créer des activités économiques et industrielles en rapport avec la proximité du port. Soutenir l’économie locale, c’est aussi accompagner les secteurs de la pêche et de la croisière avec un accueil de navires de croisière de plus grande capacité et des services de stockage à température dirigée pour la pêche. Port-Réunion veut aussi devenir la référence environnementale et sociale dans l’océan Indien et réussir l’interface entre la ville et le port, dans sa dimension d’espace urbain.